Des partis politiques en désaccord sur les premières propositions issues des discussions
30/01/2014
- Opinión
Les partis politiques, engagés dans le processus de dialogue lancé par la Conférence épiscopale (catholique romaine) d’Haïti (Ceh) sont divisés sur les premières propositions qui ont émergé des assises débutées le lundi 27 janvier 2014, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
La proposition de créer un gouvernement de consensus ou d’ouverture a suscité encore des remous.
A travers les propositions de ces types de gouvernement, les acteurs cherchent à arriver à un changement pouvant créer les conditions de réalisation de bonnes élections dans le pays, indique le cardinal Chibly Langlois au terme de la rencontre du mardi 28 janvier.
Ce dialogue sur la gouvernance constitue « un grand pas dans la recherche de propositions, permettant de parvenir à un accord avec l’exécutif », aux yeux de Langlois.
Toutefois, de nombreuses voix présagent déjà une issue regrettable à ces discussions entre ces acteurs politiques.
Les avis divergents des acteurs politiques
Les partis politiques proches de l’administration politique actuelle (du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Laurent Salvador Lamothe) prônent la formation d’un gouvernement d’ouverture (ce qui est qualifié de « partage de gâteaux », dans les milieux politiques), alors que les partis de l’opposition plaident en faveur d’un gouvernement de consensus.
En marge du dialogue, le sénateur Jean William Jeanty (Nippes / Sud-Ouest) se dit contre tout gouvernement d’ouverture qui représente une affaire d’amis, privilégiant les partis pro-gouvernementaux dans certains postes au gouvernement.
« Le gouvernement d’ouverture est un partage de gâteaux », critique t-il, avançant que le pouvoir en place a déjà effectué ce type de remaniement qui n’a rien apporté au pays.
Ce dialogue national, en cours, ne devrait pas être confondu avec une conférence nationale proprement dite. C’est plutôt un dialogue politique, engagé dans la recherche de solution aux problèmes urgents qui empêchent l’organisation d’élections minimales et acceptables, concède-t-il.
Le parti « Confiance », de l’ex-sénateur Rudy Hériveaux, et le regroupement Consortium des partis exigent la formation d’un gouvernement d’ouverture, alors que l’Organisation du peuple en Lutte (Opl), la Fusion des sociaux démocrates et « Kontra Pèp la » exigent la formation d’un gouvernement de consensus.
Kid, défavorable au gouvernement de consensus ou d’ouverture
Pour sa part, le responsable de la konfederasyon inite demokratik (Kid), Evans Paul, rejette catégoriquement les deux propositions.
Paul dit souhaiter un dialogue axé sur le structurel, et non sur des intérêts particuliers.
« Si je suis membre du gouvernement, je ne pourrai pas faire le bilan du gouvernement. C’est une question stratégique », avance t-il, pour justifier sa prise de position.
Critiques et pressions
N’ayant pas attendu la fin de la rencontre pour partir, la dirigeante du parti Fanmi Lavalas, Dre. Maryse Narcisse, a juste remis, à sa sortie, aux journalistes une note de presse contenant les trente dérives de l’administration Martelly/ Lamothe au pouvoir que son parti a relevées.
Elle s’est gardée de tout commentaire sur le dialogue national.
Parmi ces dérives figurent, entre autres, la falsification de l’amendement de la Constitution du 29 mars 1987, les persécutions politiques, l’impunité pour les « bandits légaux », notamment les kidnappeurs comme l’industriel Clifford Brandt, et le gaspillage des fonds publics dans des programmes-bidons.
Entre-temps, le parlement envisage de se retirer du dialogue, au cas où les membres élus de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) ne seraient pas officiellement nommés (par une publication dans le journal officiel de la république, Le Moniteur), avertit le président du sénat, Dieuseul Simon Desras, après la deuxième journée du dialogue.
Souhaitant la publication des noms des 10 membres élus de la Cscca, Desras estime que ce dialogue devrait permettre à Martelly d’établir la confiance et de prendre toutes les dispositions pour trouver un consensus nécessaire à la stabilité.
Mopod toujours absent
Ont pris part, à la deuxième journée de ces assises de janvier 2014, plus d’une quarantaine de partis politiques, dont l’organisation politique Fanmi Lavalas de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, des représentants du pouvoir législatif, de l’exécutif et de la société civile.
La première rencontre de ces assises s’était déroulée, le lundi 27 janvier 2014, en l’absence du parti Lavalas qui était réticent.
Le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) - regroupant une dizaine de partis, dont le Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp) de Mirlande Hyppolite Manigat, ancienne rivale de Martelly à la présidentielle de mars 2011 - continue de briller par son absence.
Par ailleurs, contrairement aux règles qui leur sont imposées comme la confidentialité et le non usage de pression externe pour influencer les débats, plusieurs des participantes et participants aux assises ont vite réagi dans la presse aux propositions formulées.
https://www.alainet.org/es/node/82780
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