Le dialogue national en question ?

20/01/2014
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On parle beaucoup, ces jours-ci, au sommet de l’État et de certains cercles religieux, de dialogue national. La thématique n’est pas nouvelle, elle a même été une constante ces dernières années.
 
Mais toute la question est de savoir comment aller au-delà du slogan et des bonnes intentions affichées ?
 
Certes, la séance apaisée de la dernière assemblée nationale a semblé dénoter, de la part de nos mandarins politiques, une certaine compréhension du profond besoin de paix et de stabilité dans ce pays.
 
Toute chose qui, à l’inverse, ne peut pas s’obtenir, si se poursuit, au sommet de nos institutions, la tendance à ne pas écouter les critiques constructives, les alertes des organisations qui observent les ratés de la reconstruction.
 
Un certain autisme politique, caractéristique de nos gouvernants depuis des lustres, explique le fait que, chez nous, l’histoire « danse » toujours sur un volcan.
 
Mais ce dialogue national, qu’on appelle, avec raison, sur tous les tons, doit se dérouler dans des conditions optimales.
 
Il ne doit pas être un marché de dupes. Une occasion de faire rendre gorge à l’adversaire politique.
 
Il ne doit surtout pas être un moyen de gagner du temps, au détriment des intérêts supérieurs de cette nation exsangue et fatiguée de ce babel médiatico-politique.
 
Une note de certaines organisations de la société civile a innové positivement en ce sens, en suggérant fortement que soient abordées des questions fondamentales, en rapport à l’exclusion économique et sociale, la problématique des relations haïtiano-dominicaines, entre autres sujets fondamentaux en relation avec notre présent et avenir de peuple.
 
Aussi, sur un plan méthodologique, les initiateurs du dialogue doivent-ils penser a des plates-formes de rencontres quasi permanentes, compte tenu de l’ampleur des contentieux socio-historiques qui doivent être vidés dans un esprit ouvert, sans faux compromis, sans engagements superficiels.
 
La question électorale pourrait être une porte d’entrée de ce dialogue social permanent.
 
Les élections ayant toujours été un sujet sensible, porteur de grande polarisation, se rencontrer - pour bien établir les règles du jeu et surtout procéder à un « désarmement » des esprits - serait donc une petite victoire sur nos habituelles parties de poker menteur.
 
Une manière raisonnable d’aborder cette nouvelle année, avec ses espoirs et incertitudes, de traverser ses turbulences électorales, avec le sentiment que tous les acteurs joueront franc jeu.
 
Souhaitons que les ferventes prières des uns et les vœux patriotiques des autres, à l’aube de cette nouvelle année, trouveront grâce aux yeux et à l’entendement des clercs.
 
Encore que tout cela réclame une mobilisation et une vigilance de tous les instants, de la part de groupes organisés capables de faire pencher la balance dans le sens des intérêts communs.
 
En refusant, surtout, que nos revendications justes et légitimes ne soient point manipulées, dans un sens ou dans un autre, par des manœuvriers, habiles dans l’art de détourner et de récupérer les aspirations populaires au service d’intérêts égoïstes et séculaires.
 
La paix est une aspiration profonde de notre société, les luttes à courte vue, les soulèvements conjoncturels, les crises politiques « épileptiques » sont futiles et ruineuses, puisque les résultats espérés ne sauraient point venir de ces affrontements sans grandeur.
 
Mais l’immobilisme politique et la persistance des exclusions de toutes sortes constituent autant de « failles » contenant les germes de catastrophes futures.
 
- Roody Edmé est enseignant, éditorialiste
 
Source: AlterPresse
 
https://www.alainet.org/es/node/82537
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