Situation de plus en plus préoccupante des fillettes et adolescentes

Protéger les femmes de demain

02/12/2013
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En Haïti, comme ailleurs, les femmes et les filles de toute catégorie sociale sont quotidiennement victimes d’agression. Ce fléau social ne bénéficie pas toujours de l’attention qu’il mérite, malgré les actions des défenseures des droits des femmes.
 
Les cas traités par Kay Fanm pour 2012-2013, dans le Centre d’Accueil et le Centre Revivre de réhabilitation des filles violentées, corroborent encore une fois les observations nationales qui indiquent, de manière constante, que la première forme de violence envers les femmes est constituée par les agressions physiques. En premier lieu on retrouve les bastonnades, qui sont suivies des autres types de sévices corporels souvent très cruels. Les données font aussi ressortir une vulnérabilité accrue des filles.
 
• Les adolescentes subissent toutes les formes de violence physique.
 
• Le viol et le harcèlement sexuel frappent surtout les adolescentes, alors que les tentatives de viols sont surtout perpétrées à l’encontre de fillettes.
 
• Les viols sont surtout individuels et se soldent souvent par des grossesses forcées. Ces viols causent en outre la détérioration de la santé physique et mentale des filles, la mortalité maternelle.
 
La situation des fillettes et adolescentes est de plus en plus préoccupante, comme l’atteste des cas emblématiques enregistrés au mois d’octobre 2013 et concernant des écolières de Port-au-Prince.
 
• Une écolière de 13 ans est victime d’un prédateur sexuel âgé de 48 ans. L’agression a lieu en pleine rue dans le véhicule du prédateur. La police alertée n’applique pas le principe de protection dû aux personnes mineures et permet que la fille soit jetée en pâture au voyeurisme à travers des média peu scrupuleux. Aucune sanction des policiers fautifs, aucun rappel sur les droits humains des enfants et sur le fait que la législation, nationale et internationale, considère qu’il ne peut y avoir de consentement de la part d’une mineure.
 
Au traumatisme du viol s’est ajouté la stigmatisation de l’adolescente issue d’un milieu pauvre, son exclusion de l’école et le refus d’autres établissements scolaires de la recevoir. Encore une fois, c’est la victime qui est blâmée et non l’agresseur.
 
Des adolescents de lycées s’attaquent aux filles de deux autres lycées aux cris de « 14/48 ». Ils entendent, par la bastonnade, ôter aux filles de 14 ans leur soit disant attirance sexuelle pour des hommes de 48 ans.
 
• A l’occasion de troubles dans les rues, des hommes envahissent l’enceinte d’une école et violent une adolescente de 17 ans dans une salle de classe, en toute impunité.
 
Kay Fanm tente, à travers ses interventions, de faire comprendre la nécessité d’aborder avec les élèves des deux sexes la question des violences de genre. Sensibiliser et informer sont essentiels pour permettre aux filles de se protéger des violences, de les dénoncer, de trouver l’assistance nécessaire. C’est aussi indispensable pour apprendre aux garçons et aux filles à refuser les relations fondées sur la violence.
 
Les femmes et les filles haïtiennes ont droit à une vie exempte de violence. Des politiques publiques adéquates doivent être adoptées et mises en œuvre pour renforcer le travail des organisations qui luttent pour éradiquer la violence de genre et permettre aux femmes de demain que sont les filles de jouir pleinement de leurs droits.
 
Kay Fanm saisit l’occasion du 25 novembre pour réitérer la demande de promulgation des lois votées par le Parlement, notamment la loi sur la paternité responsable et la filiation et la loi sur le personnel domestique.
 
Port-au-Prince, le 25 novembre 2013
 
Pour Kay Fanm
Danièle Magloire
Yolette Jeanty
 
 
https://www.alainet.org/es/node/81337?language=es

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