Dénonciation d’une administration politique anti-vodou

Quand les vodouisants crient leur colère contre Martelly

22/08/2012
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Un appel à la « mobilisation générale contre les attitudes anti-vodou, contre les agissements criminels contre les vodouisants ».
 
Le 17 octobre 2012, sera organisée une marche dans le Nord du pays sous le thème « Desalin kriye lonè, Vodouyizan reponn Ayibobo (Dessalines crie honneur, les vodouisantes et vodouisantes répondent Ayibobo) ».
 
 
P-au-P, 22 août 2012--- Mouchoirs, bouteilles sacrées, lampes, costumes de culte, dans une salle d’hôtel à Port-au-Prince, décorée à l’image d’un péristyle... la confédération nationale des vodouisantes et vodouisants alerte l’opinion sur « l’état de dégradation des rapports entre le pouvoir et les vodouisants », dans une conférence de presse, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
 
Entouré de membres du secteur Vodou, dont Georges Evonie Auguste et Carole Demesmin, l’Ati national (chef suprême du vodou), Max Gesner Beauvoir, dénonce aussi « les dérives constatées dans les attitudes et discours de certains leaders chrétiens vis-à-vis de leurs compatriotes vodouisants ».
 
Ce sont les détracteurs de la « religion de résistance haïtienne » qui ont commis ces actes aux fins d’en faire endosser la responsabilité au Vodou relégué au stade « de pratique superstitieuse à détruire » depuis l’abrogation de l’article 297 de la constitution, affirme Beauvoir sur le cas d’enfants mutilés il y a quelques semaines en Haïti.
 
« Nous avons mené notre propre enquête sur le cas de Marbial. Aujourd’hui nous pouvons affirmer haut et fort que cette personne n’est, ni de près ni de loin, un vodouisant » plaide-t-il.
 
Le vodou est le culte de la vie. Lors des initiations d’un prêtre vodou, « il lui est confié des secrets de la médecine naturelle », selon l’Ati National.
 
La confédération nationale des vodouisantes et vodouisants dénonce aussi un complot du pouvoir étatique contre cette religion de tout « haïtien vraiment haïtien, mais pas des vagabonds atterris par mégarde sur le sol de Dessalines ».
 
Tant sur la table de conférence que dans la salle, où on n’arrivait même pas à résister à la chaleur, le niveau de révolte des vodouisantes et vodouisants était tel qu’ils ont entonné des chansons lançant des flèches contre le pouvoir, l’église catholique romaine et les protestants.
 
Du coup, ils ont dit « n’avoir plus besoin de l’appui de ce gouvernement anti-vodou ».
 
« Le vodou va prendre son destin en mains. Nous allons nous occuper de nous-mêmes. Pour commencer, nous réclamons nos lieux de pèlerinage : Saut d’Eau, Boutilliers (de Bambou Ti), Saint Dominique (du nom de Toussaint l’Ouverture François Dominique, mais non du saint Catholique ». s’insurge l’Ati National.
 
Evonie Auguste, appelle, pour sa part, à la « mobilisation générale contre les attitudes anti-vodou, contre les agissements criminels contre les vodouisants ».
 
En ce sens, une marche sera organisée dans le Nord du pays sous le thème « Desalin kriye lonè, Vodouyizan reponn Ayibobo (Dessalines crie honneur et les vodouisants et vodouisantes répondent Ayibobo) », le 17 octobre 2012.
 
Comme s’ils étaient chevauchés par leurs loas (divinités du panthéon vodou, qui sont au nombre de 401), d’un seul élan, les adeptes du vodou, présents dans la salle, ont lancé un retentissant cri « liberté ou la mort ».
 
« Liberté ou la mort » est la première devise de la république d’Haïti.
 
Cette devise a été inscrite sur le drapeau noir et rouge vertical, adopté sous le gouvernement de Jean Jacques Dessalines. Ce n’est qu’après l’assassinat de l’empereur, le 17 octobre 1806, que Alexandre Pétion, reconnu pour sa sensibilité française, a opté pour « liberté, égalité, fraternité ».
 
La conférence de presse, du 22 août 2012, du secteur Vodou montre davantage que l’administration de Martelly ne fait pas bon ménage avec cette religion.
 
Depuis son investiture, le 14 mai 2011, le Chef de l’ État a visité des cultes reformés, assisté à des cérémonies catholiques romaines, reçu le titre de grand protecteur de l’Ordre de la franc-maçonnerie haïtienne (dont l’actuel Grand Maître Yves Benoit Jean Marie, comme un des représentants du judiciaire, est membre du nouvel organisme électoral déclaré "permanent").
 
Aucun temple vodou n’a été visité par Martelly, rappelle Beauvoir.
 
Est-ce pour signifier un mépris du vodou que, le mardi 14 août 2012, des policiers nationaux, venus de Port-au-Prince, ont procédé à l’arrestation du houngan Jean Raymond, surnommé Zaza, gardien du Bois-Caiman ?, se demande le chef suprême du Vodou en Haïti.
 
Raymond a été arrêté sous le chef d’accusation officielle de "association de malfaiteurs", sans autres précisions, selon les informations rapportées à AlterPresse par Max Beauvoir.
 
Après un périple, de la prison de la plaine du Nord, en passant par celle de baryè boutèy (Cap-Haïtien), le vodouisant Jean Raymond croupit au pénitencier national à Port-au-Prince.
 
L’arrestation du houngan Jean Raymond, à la date symbolique du mardi 14 août 2012, traduit, de nouveau, le peu de cas fait au vodou par l’actuelle administration politique, interprète Beauvoir, sans vouloir dédouaner l’accusé Raymond.
 
A l’occasion du 22 août 2012, 221e anniversaire du soulèvement général des esclaves, en 1791, contre l’ordre esclavagiste - suite au congrès politique de Bois Caïman (Nord), dans la nuit du 13 au 14 août 1791, les vodouisantes et vodouisants jurent « de ne pas se laisser marcher sur les pieds, ni par le pouvoir, ni par les autres religions ».
 
 
https://www.alainet.org/es/node/160491
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