Entre le marteau et l’enclume
02/03/2012
- Opinión
Le Champs de Mars se vide, les maisons sortent de terre à Zorange. Ces grains de lumière dans la morosité générale qui s’est installée à la faveur de la démission du Premier Ministre, n’arrivent guère à dissiper l’angoisse d’une population inquiète du vide politique venue aspirer les quelques bouffées d’oxygène qui commençaient tant soit peu à donner des couleurs au corps social moribond.
Le Président est lancé depuis le début de semaine dans une nouvelle tournée inaugurale. Il a le goût pour la vitesse et l’ubiquité, il embrasse et brasse les projets qui ont déjà rempli son agenda sur cinq ans. Il est un homme pressé. Mais sans gouvernement, cela s’apparente à de « lenèji kap gaspiye ». L’homme-orchestre doit se faire à l’idée que suivant notre constitution, au sommet d’un pouvoir bicéphale, il faut être à deux pour danser le Tango.
La vraie Démocratie recherchée par ce peuple a son épure tracée quelque part dans la Constitution de 1987, en dépit de ses imperfections avérées. Il faut un nouveau gouvernement ayant le support du parlement et capable dans le cadre d’un projet commun de pays de poser les fondements de la refondation. Sinon, les initiatives les plus louables du Président seront perçues comme écran de fumée destinée à maquiller une « privatisation » par la « bande » des avenues du Pouvoir.
Le Président peut certes compter, dans son entourage, sur une jeune technocratie très branchée sur la « com » ; mais cela est largement insuffisant pour entreprendre les travaux colossaux de refondation de la Nation. Il lui faut une masse critique sur qui s’appuyer, il lui faut l’adhésion intelligente des forces vives du pays, bref conquérir les cœurs et les esprits dans le cadre d’une croisade pour le bien commun.
Or, pour l’heure, la confiance est terriblement entamée et chaque jour amène son lot d’altercations et de polémiques, de chantages et de rumeurs. Un climat sordide qui est loin, pour utiliser un euphémisme onusien, d’être « sûr et stable ».
Les Parlementaires posent de plus en plus de conditions pour commencer à envisager la candidature d’un premier Ministre ; qui donc a cru qu’un tel processus pouvait se faire en six jours et, que nos parlementaires se reposeraient le septième jour ? Quel est l’apprenti sorcier, qui a conseillé au chef de l’Etat d’accepter joyeusement la démission de Conille en plein milieu du « fleuve » des initiatives visant les investissements directs de l’étranger, le tourisme et la décentralisation ?
Le Président doit se défaire du manteau de Nessus et le masque de Narcisse ; obnubilé par les succès accumulés dans sa vie personnelle, il croit en son étoile qui pâlit ces jours-ci d’initiatives politiques par trop controversées. L’heure est grave et réclame de la part de tous les pouvoirs de la tempérance, de la responsabilité, un souci de ce peuple encore « convalescent » d’un terrible séisme. Pris entre le marteau et l’enclume de la « guerre des chefs », nous appelons au civisme de nos hommes d’Etat.
- Roody Edmé est éducateur, éditorialiste
Source: AlterPresse
https://www.alainet.org/es/node/156231
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