« Le Forum social mondial est bien vivant »

25/02/2012
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Malgré les critiques externes et les pronostics sceptiques de certains de ses adversaires, le mouvement altermondialiste poursuit son chemin. En vue, la prochaine session du Forum social mondial se tiendra en 2013 au Maghreb. Préalablement, en passant par le principal rendez de la société civile planétaire dans un vaste rassemblement : le « Sommet des peuples » en juin 2012 à Rio de Janeiro (Brésil), parallèlement à la rencontre mondiale des Nations Unies « Rio+20 »
 
Point de relance de ces convocations citoyennes a été le récent Forum social thématique de Porto Alegre (Rio Grande do Sul, Brésil) qui a réuni plus de 40.000 participants durant la dernière semaine du mois de janvier, alors qu’en même se tenait à Davos (Suisse) le Forum économique mondial.
 
Un processus vital
 
« Le Forum social mondial (FSM) reste vivant », souligne l’architecte brésilien Francisco « Chico » Whitaker, l’un des co-fondateurs du FSM. En 2006, Chico Whitaker avait reçu le prix Nobel alternatif pour son engagement actif dans l’altermondialisme.
 
Whitaker estime que la récente réunion de Porto Alegre – « bien que thématique et local, elle a dénombré 600 activités autogérées » - est un signe de « vitalité ». S’il est certains que certaines initiatives (Forum social européen, Forum social des Amériques) « se sont affaiblies ces dernières années, elles continuent de s’étendre dans d’autres endroits du monde comme l’Amérique du Nord et le Maghreb ».
 
Les différentes sessions et le processus même du Forum social mondial, estime Whitaker, montrent que certains objectifs initiaux se réalisent, bien qu’ils doivent s’intensifier pour être pleinement atteints.
 
Parmi les processus en marche et en croissance, c’est « l’expansion du message d’espoir qu’un autre monde est possible ». Ou « l’objectif ambitieux de l’abandon de certaines pratiques modelées par plus de 100 ans d’actions politiques verticales… d’une partie de la gauche traditionnelle qui plaide pour le changement mais accepte l’autoritarisme ». Tout cela implique un changement de culture politique qui ne peut se faire d’un jour à l’autre.
 
Néanmoins, relève le prix Nobel alternatif, « le premier objectif du FSM, la lutte pour le dépassement du néolibéralisme, est très loin d’être victorieux ». Malgré l’étape dramatique marquée par « les risques croissants que court l’humanité en raison de l’actuel modèle productif dominant qui tend à rendre impossible la vie sur la planète Terre ».
 
Sommes-nous le 99 % ?
 
« Malheureusement, aujourd’hui nous ne sommes pas 99 % face à 1 %. Certes, ceux qui ont le courage de s’exprimer. Peut-être 1 % de la population mondiale dresse sa voix contre le 1 % qui contrôle et exploite le reste du monde ».
 
Un regard historique pour fonder cette analyse : « 15 millions de personnes se sont mobilisées en février 2003 contre la guerre et l’invasion de l’Iraq, l’une des mobilisations planétaires les plus grandes de l’histoire humaine. Soit 0,25 % de la population planétaire. Et le meilleur FSM a réuni 150.000 participant-e-s. Un chiffre énorme, mais limité… »
 
« Nous sommes beaucoup, mais il nous manque d’être encore plus nombreux », insiste le co-fondateur du FSM. A moyen terme, le principal défi du mouvement altermondialiste est : « comment nous adresser, comment communiquer avec le 98 % de la société planétaire qui ne prend pas parti ? ».
 
Une partie de cette société universelle essaie de survivre et n’a pas la force, y compris physique, de protester. Une autre partie est contente du progrès technologique offert par le système et de ses paradigmes. Un autre secteur est insatisfait ou préoccupé par le manque de justice sociale et l’agression à l’environnement… « Notre principal défi concerne la communication avec ce dernier secteur, l’amplifier, le renforcer ».
 
Innover en matière de communication et de méthodologies
 
Pour élargir l’influence de l’altermondialisme, il est essentiel de « redéfinir la méthodologie de travail et la forme de communication utilisée par le mouvement altermondialiste en général et les forums sociaux en particulier ».
 
Pour « parler au reste de la société », dit Whitaker, « nous devons commencer à utiliser de manière beaucoup plus systématique les outils de communication horizontale libre existants, plutôt que de nous angoisser sur la difficulté de rompre le blocage des grands médias de masse ». Utiliser de manière plus intense et plus large d’autres moyens moins employés jusqu’ici comme le cinéma, la radio, le théâtre, la musique, la peinture, les publications en général…
 
Une nouvelle forme de communication qui va de pair avec la révision méthodologique des forums eux-mêmes « pour être plus innovateurs et créatifs et pouvoir faire connaître de manière plus large et étendue nos idées et nos valeurs. En confirmant notre conviction qu’un autre monde est non seulement possible, mais nécessaire et urgent », souligne Whitaker.
 
L’innovation implique y compris de réviser l’histoire récente du processus. « Si, à sa fondation, des organisations brésiliennes et françaises ont constitué le binôme des ‘facilitateurs’ ou ‘animateurs’ du FSM…, peut-être le moment est venu de chercher d’autres tandems.
 
Pourquoi pas un nouveau binôme Maghreb-Canada ?, « se demande Whitaker. Le Maghreb est une zone d’expansion du FSM et au côté des différentes versions des indignés. Le Canada est un pays où se tiennent plusieurs forums sociaux avec succès, au côté du centre des ‘occupy’ et compte déjà un forum social national avec une grande base sociale.
 
Sergio Ferrari
Traduit de l'espagnol: Hans-Peter Renk,
Service de presse E-CHANGER
 
https://www.alainet.org/es/node/156104
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