Le casse tête de l’identification
Quid des conditions de la tenue des prochaines élections
07/09/2010
- Opinión
Les conditions ne sont pas réunies pour la tenue des élections en novembre prochain, selon Jean Claude Bajeux, directeur du Centre œcuménique de défense des droits humains (Cedh).
Prenant la parole lors d’une conférence de presse le mardi 7 septembre, Bajeux a émis des doutes sur la possibilité de véritables élections sans parvenir à régler le problème de l’identification qui parait se compliquer suite au séisme du 12 janvier, qui a fait 300.000 morts et 1,5 millions de personnes déplacées.
« Même si on voudrait avoir des élections pour le 28 novembre je ne vois pas comment (ce sera possible) avec 1 million de personnes dans les camps, et 220 000 personnes qui sont mortes et qu’il faut identifier pour [établir] la liste électorale ».
Bajeux souligne que les élections représentent « un système objectif où, on a vainement pensé à le faire, tous les votants sont identifiés. »
Le directeur du Cedh ne cache pas ses critiques à l’encontre du président de la République, René Préval, l’accusant de « conspiration contre la Constitution ».
Bajeux affirme se sentir de plus « insulté » par la décision de l’Organisation de Etats Américains (Oea) de dépêcher 200 observateurs pour les élections du 28 novembre.
Pour lui, « ce ne sont pas les observateurs qui vont faire qu’il y ait de bonnes élections, c’est le courage et la compétence des personnes qui composent d’abord le Conseil électoral provisoire (Cep) et ensuite toute l’administration électorale. L’administration ne doit pas être une administration liée à un gouvernement », relève-t-il.
Le casse tête de l’identification
« On peut dire qu’il est difficile pour l’Etat d’épurer la liste électorale parce qu’il y a un certain nombre de documents [actes de décès notamment] qui n’existent pas » reconnait Jean-François Alexis, responsable de la communication au sein de l’Office national d’identification.
L’office national d’identification (Oni) attendrait jusqu’à présent un document légal du ministère de la justice l’habilitant à établir la liste des personnes décédées, sans quoi il est impossible pour l’Oni de mettre à jour sa base de données.
Déjà avant le tremblement de terre la plupart des décès n’étaient pas certifiés par un acte légal. Cette situation s’est aggravée avec le tremblement de terre, des centaines de milliers de victimes ayant été jetées dans des fosses communes sans être identifiées.
Selon l’Oni la population en âge de voter est de 4 millions, avec 58% de femmes et 42% d’hommes. Entre 2007 et 2010 seulement 928 000 personnes ont pu être identifiées par cette institution qui a livré jusqu’ici 800 000 cartes d’identification nationale.
L’Oni qui opère sur tout le territoire à partir de 141 bureaux refuse de parler de lenteur dans le processus, cependant son bureau central à Port-au-Prince est littéralement assiégé. A un peu moins de 3 mois des élections, la foule est dense devant ce bureau et les files d’attente interminables.
« Quand la police opère des contrôles dans la rue elle exige à force de coups de matraque de fournir la carte d’identification nationale. Alors qu’est-ce que je suis sensé faire ? Je fais des aller-retour ici depuis 15 jours pour récupérer la mienne », raconte un homme coincé dans une longue file d’attente depuis l’aube.
La plupart des plaintes émises par les personnes interrogées devant le bureau central de l’Oni vont dans le même sens : l’attente est effroyable, il faut parfois patienter une demi-journée sous un soleil de plomb.
L’administration elle-même montre des signes de faiblesse et pour récupérer leur carte d’identification nationale certains disent qu’ils sont ballotés d’un bureau à un autre.
Entre 2005 et 2007 le processus d’identification relevait du CEP qui avait alors enregistré 3,5 millions de personnes. Toutes n’ont pas pu récupérer leur carte d’identification nationale. Ainsi 100 000 cartes ont été remises à l’Oni qui a commencé à les distribuer fin 2008.
Mais seulement 48 000 ont pu être livrées, selon Jean-François Alexis. Les autres n’ont pas été réclamées, entre autres, pour cause de décès.
https://www.alainet.org/es/node/143997?language=es
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