Aristide responsabilité De la réapparition des Macoutes et du FRAPH
17/02/2004
- Opinión
M. Aristide et le régime Lavalas portent l'entière responsabilité
De la réapparition des Macoutes et du FRAPH sur la scène politique
Haïtienne
Depuis le samedi 14 février 2004, de nouveaux acteurs ont fait leur
apparition officielle sur la scène politique nationale. C'est dans
une douloureuse consternation qu'un large secteur des populations
assiste, impuissant, à cette catastrophe où nous a conduit le
pourrissement de la situation politique ; Un choix délibéré du
régime Lavalas qui ouvre ainsi grand les portes à des représentants
d'un ordre que nous voulions révolu. L'information est publique,
Louis Jodel Chamblin et Guy Phillipe sont en Haïti, avec des troupes
armées, et ont rejoint le Front de Résistance anti-Aristide des
Gonaïves (Artibonite); l'ex « Armée cannibale » ; un gang crée et
armé par le pouvoir Lavalas et proche de celui-ci jusqu'en septembre
2003, où son chef, le repris de justice Amiot Métayer, a été
assassiné.
Ces messieurs, venus en renfort, ne se sont pas gênés pour annoncer
leur intention de « marcher sur Port-au-Prince » ; sans nul doute
pour y prendre le pouvoir. Les informations concordantes, rapportées
par divers correspondants-es de Presse, tant nationaux
qu'internationaux, attestent que les populations des Gonaïves et de
Hinche (Plateau Central) applaudissent les actions de ces hommes
armées. C'est en effet au cri de « Vive l'Armée d'Haïti ! » que les
troupes de Chamblin et de Philippe ont été acclamées après la prise
du contrôle de Hinche ; Ces troupes ont également été acclamées à
leur entrée aux Gonaïves. Les troupes de Chamblain et de Phillippe
sont donc présentes dans des régions stratégiques, au regard de la
configuration géographique du pays.
Louis Jodel Chamblain était le numéro 2 du tristement célèbre groupe
paramilitaire putchiste, en dépit de son appellation trompeuse, le
FRAPH, Front Révolutionnaire pour l'Avancement et le Progrès Haïtien
; Groupe très actif dans la répression durant le Coup d'Etat
militaire de 1991-1994 ; entre autre dans le bidonville de Raboteau
aux Gonaïves. Guy Philippe est un ex militaire formé en Equateur
comme policier. Il avait successivement été commissaire de police, à
Delmas (Port-au-Prince), puis Directeur Départemental de la Police
dans le Nord. Il était soupçonné d'être impliqué dans le trafic de
la drogue. Il avait eu des démêlés avec le pouvoir au sujet de
l'organisation des élections de l'année 2000 et avait été accusé par
celui-ci de fomenter un Coup d'Etat. Après sa révocation, il s'était
réfugié, en 2002, en République Dominicaine où les autorités l'ont
incarcéré puis relaxé, faute de preuve. Depuis lors, le nom de Guy
Philippe a été associé, à différentes reprises, à des opérations
armées effectuées dans le Plateau Central.
C'est tout simplement ahurissant ! Voilà où nous a conduit la
politique de Lavalas qui, depuis sa prise de pouvoir en 1991, a tout
fait pour mettre hors jeu les masses populaires, tant du point de
vue politique, juridique que culturel et juguler les mouvements
sociaux. Voilà les résultats navrants de la guerre sans merci que
livre, depuis 2001, le régime Lavalas aux populations. Les bourreaux
d'hier peuvent se poser en « sauveurs », préoccupés par le respect
des droits et libertés fondamentales. A quand l'arrivée d'Emmanuel
(alias Toto) Constant, cet autre dirigeant du FRAPH ?
Les populations haïtiennes, les femmes en particulier, portent
encore sur leurs corps et dans leurs esprits, les douloureuses
marques de la violence terrible qui a caractérisé le Coup d'Etat
militaire de 1991-1994. Des marques auxquelles s'ajoutent les
multiples et incessantes violations des droits des
citoyens/citoyennes, subséquentes à l'institutionnalisation du
mercenariat depuis le retour de Jean-Bertrand Aristide au pouvoir en
2001, après des élections contestées où environ 5% de l'électorat
avait pris part. Les revendications exprimées, depuis 1986,
attestent pourtant clairement des aspirations populaires :
Dechouke/dessoucher l'Etat autoritaire, pour que les droits
politiques et sociaux soient enfin reconnus à tous et à toutes, sans
exclusion ; pour que la participation soit résolument inscrite dans
les pratiques de gestion de la cité. Le pouvoir Lavalas a non
seulement été incapable de répondre à ces exigences, mieux il les a
dénaturées, perverties.
Depuis la remise en cause des élections de 2000, un mouvement de
contestation du régime Lavalas a progressivement émergé ; Un
mouvement qui a pris de l'ampleur en 2002, qui a encore grandi en
2003 et qui, depuis, traverse toutes les couches de la société, dans
tous les milieux. Ce mouvement revendicatif recouvre les partis
politiques de l'opposition, les différentes organisations
citoyennes, le Mouvement Estudiantin, le Mouvement des Femmes, le
Mouvement Syndical, le Mouvement Paysan (avec les 2 grandes
formations que sont le MPP/Mouvement Paysan de Papaye et Tèt Kole Ti
Paysan/Union des Petits-es Paysan-nes), etc. Ce mouvement est
essentiellement d'essence pacifique. Ayant pris acte du mercenarisme
et de la nature tyrannique du régime Lavalas, ce mouvement a
collectivement décrété le Gouvernement Lavalas hors la loi et
cherche, à travers différents moyens pacifiques, à obtenir sa
destitution.
Le Gouvernement Lavalas cherche à tirer avantage de la situation qui
se présente aux Gonaïves et à Hinche. Il tente de faire l'amalgame
entre cette opposition armée, originellement constituée par ses ex
partisans des Gonaïves, et l'opposition pacifique. Ce faisant,
Lavalas voudrait pouvoir récuser la légitimité du mouvement de
contestation et, subséquemment, le mettre hors jeu. De part sa
nature et compte tenu des revendications qu'il exprime, le mouvement
de contestation pacifique ne saurait être associé aux actions du
Front de Résistance anti-Aristide (ex « Armée cannibale ») et encore
moins à celle du FRAPH. Quel que soit le contexte ou le prétexte qui
conduit des mercenaires, des oppresseurs à également réclamer le
départ d'Aristide, il ne saurait être question de faire l'impasse
sur leurs responsabilités dans les graves torts causés aux
populations, au pays lui même. Les mercenaires, les oppresseurs
doivent répondre de leurs crimes, imprescriptibles, par devant la
nation.
Les Communautés Internationales disposent de toutes les informations
nécessaires pour être dûment édifiées sur les tenants et
aboutissants de la situation politique haïtienne. Si, comme elles
le déclarent, elles souhaitent réellement soutenir le peuple
haïtien, il leur incombe de l'aider à mettre en place les
mécanismes nécessaires en vue d'appréhender et de juger les hors la
loi, les oppresseurs, quels qu'ils soient.
La CONAP réaffirme son attachement indéfectible aux principes
démocratiques, et sa foi dans le caractère universel et
indivisible des Droits de la Personne. Ce faisant, la CONAP rejette
toute impunité, pour quel que soit le statut du/de la violateur-e
des droits. Hier, les populations haïtiennes étaient face aux
tontons macoutes et aux « attachés » (paramilitaires), aujourd'hui
elles sont confrontées aux gangs armés, aux « chimères »
(sicaires) ; un autre visage du même phénomène. Il nous faut,
collectivement, continuer à dire NON à toutes les pratiques
politiques inacceptables, pour que justement, demain, nous soyons en
mesure d'édifier un Etat de Droit résolument « chouke » (enraciné)
dans les principes de justice, d'équité et de respect absolu de la
vie.
Non aux usurpateurs de pouvoir de tout acabit !
Port-au-Prince, le 17 février 2004
Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des Femmes
(CONAP)
Pour la CONAP
Enfofanm, Fanm Yo La, Kay Fanm, SOFA
https://www.alainet.org/es/node/109428?language=en
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