Message a la generation du bicentenaire de l
14/01/2003
- Opinión
Chaque génération vit la réalité de son contexte
historique : avec ses joies, ses difficultés, ses
contraintes, illusions, déceptions. Chaque génération
doit assumer aussi les responsabilités qui lui
incombent.
La génération des 20 et 30 ans qui correspond à ces
années du Bicentenaire vit dans le désarroi. Victime de
bien des frustrations, elle se sent privée des
opportunités d'emploi, et d'études que toute nation
offre à sa jeunesse. Sans perspective du futur, elle
est portée à fuir ce pays dont les croissantes
difficultés semblent éteindre les espoirs à une vie
meilleure. A cette génération, plus qu'à toute autre
s'impose la responsabilité de lutter pour le
changement.
La chute des Duvalier en 1986 avait crée des espérances
qui n'ont pas été satisfaites. Les régimes surgis dans
la période postérieure ont trahi les aspirations de la
population à l'Etat de droit, au mieux-être et à la
dignité de la nation. Ainsi le sens même de la lutte
pour la démocratie et pour la révolution qui avait
suscité tant de sacrifices de la part des secteurs les
plus avancés a été dénaturée.
Depuis, le peuple n'a connu que des désillusions. Les
militants convaincus ou les simples patriotes qui
rêvaient de changement ont vu leurs efforts se
frustrer. Une clique de voyous, conduits par un maître-
chanteur, a tout fait pour installer un pouvoir absolu,
éliminer les opposants, asservir les institutions et
vider la nation de ses énergies et même de ses rêves.
Le mensonge, le cynisme, l'intimidation et la violence,
servent de base à ce régime personnel et totalitaire ou
trônent dans la corruption et l'impunité, autant de
chefs millionnaires, grands-mangeurs, trafiquants de
drogue, propriétaires de villas et de voitures
luxueuses.
Encore une fois, comme cela a eu lieu de façon tragique
dans notre histoire, « les audacieux », les sans
vergogne ont fermé la bouche aux honnêtes citoyens
répétant avec des paroles vidées de leur sens, des
discours démagogiques et haineux, recourant au
pistolet, à la manchette, à la rigwaz. La terreur
exercée par les chimères a conduit à la nuit noire de
l'épouvante. Le cancer de la suspicion a envahi nos
rues, nos foyers, nos églises, nos relations amicales,
notre sens de la solidarité. Le sauvetage individuel
est apparu comme l'unique voie ou se risquer.
Face à la catastrophe créée par lui-même et son patron,
Ti-René, le président « en ce n'est rien », ne
recommandait-il pas aux citoyens de « najé pou soti » ?
Sortir à la nage vers l'étranger, sortir comme
professionnel à la recherche d'un job, fuir de la
participation citoyenne, de la responsabilité
politique, abandonner le terrain aux tout puissants
maîtres en grossissant les rangs de la marginalité, de
la plainte inutile et du désespoir. Voici ce que
Lavalas offre à la jeunesse, au peuple en général.
A l'occasion de 2004, la nation tourne les yeux vers «
la génération du Bicentenaire » qui est rentrée dans l'
arène contre l'intolérable. Elle en appelle aux jeunes
qui vivent aujourd'hui leur vingtaine et les autres
moins jeunes ou plus jeunes, animés de l'amour de la
patrie, convaincus que ce pays délabré, a besoin de
leur énergie, de leur volonté pour se libérer des tares
de la peur, de la corruption, de la résignation et de
l'arriération. En faisant revivre les traditions
d'intégrité et de patriotisme d'Anténor Firmin, de
Rosalvo Bobo, de Charlemagne Péralte, de Jacques
Roumain, de Jacques Stéphen Alexis, la génération du
Bicentenaire de l'indépendance, inspirée par
l'humanisme et le sens de la solidarité, aidera à la
renaissance d'Haití. Elle contribuera à la construction
d'une véritable nation pour tous les Haïtiens, mus par
les idéaux de justice pour tous, éducation pour tous,
travail pour tous.
L'heure est à la mobilisation et à la concertation. Le
réveil du peuple souffrant, soit la marche du peuple
combattant dans les rues de la capitale et de la
province, débouchera sur le départ d'Aristide.
stimulant tout un processus de conscientisation, de
participation citoyenne, de prise de responsabilité
politique, de prise en charge de l'Etat, du changement
dans le sens du développement économique, de la justice
sociale, de l'épanouissement culturel..
Ceux qui ont initié et livré le combat avant vous et
poursuivons , sans trêve, cette lutte, nous voyons en
vous des continuateurs décidés et de nouveaux
contingents devant assumer la relève. La gravité de
l'étape actuelle de la crise du système interpelle
votre courage, votre imagination créatrice, votre sens
de la persévérance ; et aussi votre capacité critique
vous permettant de comprendre la responsabilité des uns
et des autres dans cette situation haïtienne. pour
vous consacrer de là façon la plus efficace a la noble
tache du changement
L'Organisation du Peuple en Lutte se situe dans la
lignée des haïtiennes et haïtiens conséquents qui,
durant ces deux siècles, ont été guidés par le
patriotisme et ceux qui plus récemment nous ont
précédés dans cette longue marche. Elle est décidée à
mener la bataille pour l'unité et la réconciliation
nationale jusqu'au triomphe de la liberté, du progrès
et de la paix sur notre terre.
Etudiants, étudiantes, jeunes professionnels et
techniciens, l'OPL a besoin de vous dans ses rangs ou à
ses cotés. Elle vous encourage, elle vous exhorte même,
profitant de l'expérience de vos devanciers et évitant
leurs errements, à vous engager davantage, de façon
militante et constructive, a faire avancer la cause
commune, pour la démocratie et le développement En ce
moment décisif, elle vous demande de tout faire pour
soutenir l'élan vers l'unité de tous ceux, partis
politiques, société civile, artistes, intellectuels,
qui se sont engagés déjà dans le combat pour la nation.
Faisons notre la consigne :
Le peuple uni jamais ne sera vaincu.
Port-au-Prince, le 29 décembre 2003.
* Gérard Pierre- Charles Coordonnateur Général de
l'Organisation du Peuple en Lutte Membre du Directoire
de la Convergence Démocratique
https://www.alainet.org/es/node/109091