Communauté Andine:

Persistante exclusion des peuples afrodescendants

25/06/2008
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Opinión
-A +A

Il est opportun de dire qu’une nouvelle époque a commencé, où toutes les personnes sont les protagonistes de leur propre processus de développement. Dans la Chartre de Santiago de Cali[1] du Parlement Noir des Amériques et des Caraïbes, cette vision des parlementaires et des organisations sociales est ratifiée – ces dernières comme des acteurs protagonistes et aussi comme des alliées dans la solution démocratique et humanitaire des réalités dures que vivent tant les peuples comme les communautés afrodescendantes.

Précédemment, dans le Forum Social des Amériques à Quito en 2004, on avait articulé une "Déclaration politique des femmes et des hommes des peuples afrodescendants", dans laquelle ils s’engagent à "reprendre, comme élément fondamental de notre intégration et de notre combat, la réparation historique, en assumant que l'esclavage des africains a été et est encore un crime de lèse humanité. En exigeant la réparation émotionnelle et matérielle pour les peuples afrodescendants. En ouvrant la discussion sur les stratégies, les limites et la portée de celle-ci"
[2].

La Déclaration de Vienne et Plan d'Action des Africains et des Descendants d’africains (Conférence de Vienne 2001), énonce que la communauté noire internationale est unie comme telle par un lien historique de "racines et expériences communes", et reconnaît que les inéquités  contre les populations noires africaines et afrodescendantes sont le résultat d'un processus historique complexe ; on assume que la continuité de ces inéquités a à voir avec l'ignorance et la dissimulation des mémoires de l'esclavage, de l'exploitation, de la discrimination et de l'exclusion, produits par "une falsification et une négociation de l'histoire africaine" et une politique d’"impérialisme culturel" qui, parallèlement, rehausse les valeurs et l’histoire de l’Occident.

Selon Agustín Lao - Montes
[3], dans l’histoire de  l’Amérique latine il n’y a jamais eu un discours sur des réparations pour les afrodescendants lié à des propositions concrètes et élaborées et ayant des implications législatives et légales, comme il s'est ainsi produit aux Etats-Unis à partir du siècle XIX. Il ajoute que cette disparité a des racines dans les différences des formes de domination ethnique qui se sont déroulées dans les deux régions américaines et qui expliquent l'urgence récente des réclamations pour des réparations pour les afrodescendants en Amérique latine.

Engagements

La Colombie, le Pérou, l'Équateur et la Bolivie ont adopté les obligations internationales et les processus d'accomplissement de leurs devoirs en matière des droits humains sur les afrodescendants ; cela inclue les recommandations émises par d'autres mécanismes internationaux et des initiatives de Soft Law (Droit Émergent), ainsi que des engagements dans des forums régionaux qui constituent des obligations internationales selon le principe général du droit international de la doctrine des propres actes
[4].

Dans une manière plus précise et vaste, la Déclaration de Durban dans son paragraphe 11 nous indique que :

" Si la mondialisation ouvre de vastes perspectives, à l'heure actuelle ses bienfaits sont très inégalement répartis, de même que les charges qu'elle impose. Nous exprimons donc notre volonté de prévenir et d'atténuer les effets néfastes de la mondialisation, lesquels peuvent aggraver, entre autres, la pauvreté, le sous-développement, la marginalisation, l'exclusion sociale, l'homogénéisation culturelle et les disparités économiques qui peuvent se manifester selon des critères raciaux, au sein des Etats et entre eux, et avoir une incidence néfaste ".

Sur le plan subrégional, le prononcé de l'Atelier Sous-Régional sur "les Droits Humains, le Développement et la Communauté Andine", effectué entre le 3 et le 5 juillet 2002 dans la ville de Lima, recommande par rapport aux afrodescendants qu'on donne à leur condition la même importance qu'à la question indigène, en établissant pour cela une Table de Concertation pour les communautés afrodescendantes, qui coordonnera ses travaux avec la Table de Concertation des Peuples Indigènes. Également, dans la Déclaration des Afrodescendants de la Région Andine dans le cadre de la Réunion du Conseil Présidentiel Andin, on cite la Résolution 1083 du 27 mai 2004 du Parlement Andin, dans laquelle la Table de Travail sur les Droits des Communautés Afrodescendantes est établie, pour faciliter la participation de la société civile afrodescendante de la région, dans le processus d’intégration et de contribution à la pleine vigueur des Droits Économiques, Sociaux et Culturels, consacrés par la Communauté Andine dans la Charte Andine pour la Promotion et la Protection des Droits Humains, souscrite par le Conseil Présidentiel en 2002.

Exclusion persistante

Jusqu’ici, le Conseil Consultatif des Peuples Indigènes de la Communauté Andine a été établi par mandat de la Décision 674, comme instance consultative dans le cadre du Système Andin d'Intégration, qui fortifie la participation indigène dans le processus subrégional d'intégration, et tout de même les demandes des afrodescendants de la région n'ont pas encore reçu d’écho.

Cette réalité à l'intérieur du processus de négociation de la Communauté Andine avec l'Union Européenne résultera dans l'approfondissement des asymétries des Communautés afrodescendantes à l'intérieur des pays andins, et elle aura pour conséquence logique que la partie la plus faible soit aussi la plus défavorisée dans l'Accord d'Association, et en plus la perte de l'occasion d'exiger que l'Union Européenne "demande pardon" tant pour l'imposition du commerce d'esclaves, pour l'esclavage et pour les colonisations comme pour "leurs effets durables pour les descendants africains et pour les africains dans les sphères psychologiques, ainsi qu’ économiques, sociales, politiques et culturelles".

L'invisibilité et l'exclusion des afrodescendants andins ne contribuent pas au renforcement de l'intégration régionale et au développement humain soutenable dans un climat démocratique dans lequel se respectent les droits. Parallèlement, cela peut se transformer en l'approfondissement de la violation des droits humains des afrodescendants de la région andine, exclus du dialogue politique, de la coopération et du commerce. Le défi pour les activistes afrodescendants de l'Amérique latine est de passer des demandes aux exigences ; à la concrétion des stratégies et à l'action.

- Maura Nasly Mosquera est Directeur de la Fondation pour la Formation de Leaders Afrocolombiens, AFROLIDER

 

(Traduction:  ALAI.  Article publié en espagnol dans l'édition No. 431-2 de la revue América Latina en Movimiento: http://alainet.org/publica/431.html)



[1] Dans le premier considérant, elle indique que le Parlement Noir des Amériques et des Caraïbes est le Forum Régional qui réunit des représentants afrodescendants des Amériques et des Caraïbes du plus haut niveau politique, avec le but de contribuer à garantir le développement humain des peuples et des communautés afrodescendantes comme des protagonistes, dans des conditions d’équité et d’égalité, et de la construction des démocraties paritaires et interculturelles.

[2]Almario García, Oscar.  Reparaciones contemporáneas: de la Memoria de la Esclavitud al cuestionamiento de la exclusión social y el racismo. Dans: Afro-reparaciones: Memorias de la Esclavitud y Justicia Reparativa para negros, afrocolombianos y raizales.  Edition Claudia Mosquera Rosero-Labbé et Luiz Claudio Barcelos.  Universidad Nacional de Colombia Colección CES.

[3] Lao – Montes, Agustín.  Sin justicia étnico-racial no hay paz: las afrorreparaciones en perspectiva histórico-mundial. 

[4] Cette doctrine constate qu'il n'est pas admissible qu'un État agisse contre ses propres actes ou qu’il prétende assumer autre position qui est en contradiction franche avec les attitudes qu'il adoptait antérieurement.

https://www.alainet.org/en/node/128497?language=es
Subscribe to America Latina en Movimiento - RSS