Pragmatisme, changement et continuité en Argentine
09/10/2007
- Opinión
Il existe la conviction profonde, tant dans l’opposition qu’au gouvernement, que la candidate officielle et première dame, Cristina Fernandez de Kirchner, gagnera haut-la-main les élections du 28 octobre. (…)
[Avec les sondages favorables], le gouvernement semble avoir adopté la même stratégie que lors des élections de 2005, quand la première dame fut candidate au Sénat pour le Frente para la Victoria (FV, Front pour la Victoire) dans la province de Buenos Aires. Assurée de sa victoire, elle n’accorda à l’époque aucune interview et n’accepta aucun « face à face » avec les autres candidats. Cette fois non plus.
C’est pour cette raison qu’il n’est pas surprenant de voir Cristina Fernandez de Kirchner faire campagne depuis l’Allemagne, les Etats-Unis ou l’Espagne et sans faire connaître un autre agenda qui ne soit pas celui de son mari, l’actuel président Nestor Kirchner. Le silence paraît porter ses fruits : « La meilleure campagne est la gestion du gouvernement », assure le ministre de l’Intérieur, Anibal Fernandez.
Cependant, malgré une situation généralement calme, certaines affaires ont créé ces derniers mois embarras et colère à la Casa Rosada, le palais présidentiel. Il y a d’abord eu les scandales de corruption liés à l’ancienne ministre de l’Economie Felisa Miceli et à un mystérieux homme d’affaire vénézuelien, qui tenta d’introduire dans le pays 800 000 dollars US non déclarés dans une valise. Cette question est particulièrement sensible pour un Kirchner qui a depuis toujours cherché à se distancer de ce qu’on a appelé « la fête menemiste » [1] de la décennie 90. Depuis lors, l’espace médiatique consacré à ces affaires s’est ammoindri. Aujourd’hui, c’est l’inflation, le point le plus faible de l’exécutif, qui a repris cet espace.
Le problème ne réside pas seulement dans le fait que le prix du panier de la ménagère augmente semaine après semaine, mais fondamentalement dans le refus du gouvernement de le reconnaître. Qui plus est, les indices exacts sont inconnus car l’Institut National de Statistiques et des Recensements (INDEC, Instituto Nacional de Estadísticas y Censos) est contrôlé par le Secrétaire du Commerce intérieur de la Nation, Guillermo Moreno. Ce n’est pas un détail car si la crédibilité de l’organisme est affectée, n’importe quelle autre donnée est susceptible d’être remise en question. Par exemple, on peut suspecter les chiffres de la pauvreté, calculée notamment à partir de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC), d’être manipulés.
De toutes manières, cette méfiance croissante n’arrive pas à entamer la conviction qu’il y a eu des réussites vraiment significatives en matière sociale. La plus remarquable d’entre elles est peut-être justement la baisse de la pauvreté qui aujourd’hui se situe, selon l’INDEC, à 23%, un chiffre toujours élevé mais substantiellement inférieur aux 57% de 2002 après la crise de l’année 2001.
Au sujet du chômage, les chiffres montrent une chute de plus de la moitié depuis 2003 (de 21,7% à 8,5%), et le travail informel, qui aujourd’hui en est à 40,4%, a diminué de 20% durant la même période. Cependant, même si l’emploi non déclaré a baissé lentement mais de manière continue ces trois dernières années, les niveaux actuels sont encore supérieurs à ceux des années 1990, quand éclata le drame de la précarisation du travail.
D’un point de vue macro-économique, la gestion de Kirchner fut indiscutablement un succès. Les 8% annuels moyens de croissance économique le prouvent(…)
Avec des taux de croissance dignes de la Chine, la principale critique faite à l’exécutif – et sur laquelle la candidate n’a exprimé aucune volonté de changement – est la répartition inégale des revenus. C’est une question centrale après l’hémorragie de la décennie néolibérale (90), car si les 20% les plus pauvres de la société obtenaient 4,1% des revenus en 2003, ils ne perçoivent actuellement que 4,6%, alors que les réserves internationales accumulées à la Banque centrale atteignent 45 milliards de dollars.
Le 25 mai 2003, quand le président Kirchner entra en fonction, il fit part de ses intentions pour les quatre années à venir : « Dans notre projet, nous accordons une place centrale à l’idée de reconstruire un capitalisme national qui crée des alternatives permettant de relancer la mobilité sociale ascendante ».
Aujourd’hui, avec un discours anti-néolibéral et le Fonds Monétaire International (FMI) comme ennemi rhétorique (qu’il a contraint à une renégociation de la dette externe, se traduisant par une réduction de 65% [2]), le président bénéficie d’une image positive auprès de 50% de la population. De ce fait, aujourd’hui les grandes interrogations dans le monde politique argentin sont au nombre de deux : pourquoi le chef de l’Etat a-t-il décidé de se mettre en retrait en laissant ainsi sa femme au premier plan ? Et la seconde : quel sera l’avenir de Kirchner ?
Les changements
Au sujet de la première inconnue, le politologue Isidor Cheresky affirme que « Kirchner est arrivé au pouvoir accidentellement, avec des ressources politiques, intellectuelles et une expérience limitées. Et maintenant qu’arrive une période de stabilité et qu’il n’est plus possible de gouverner comme avant, parce que nous ne sommes plus « en enfer », comme il s’évertuait à le répéter, il commence à avoir des problèmes. (…) ».
Cristina Fernandez de Kirchner, en plus de représenter un nouveau visage dans la bataille, a proposé des changements tels que la nouvelle « Concertación Plural » (Concertation plurielle), (…) avec [surtout] la candidature au poste de vice-président de Julio Cobos, actuel gouverneur de la province de Mendoza, et qui provient des rangs de l’Union Civique Radicale (UCR, les radicaux), dont il a été exclu il y a quelques semaines.
Autre nouveauté de la candidate « officielle », son nouvel accord, pacte ou dialogue social entre patrons et syndicats avec le gouvernement comme intermédiaire. Au Théâtre argentin de La Plata, la première dame l’a défini ainsi : « Il faut proposer un accord : le dialogue social à l’Argentine. En cette matière, nous avons une riche histoire de chefs d’entreprises, de travailleurs et la ‘patte’ de l’Etat qui (…) garantit les conditions macro-économiques de non-endettement, d’excédent fiscal primaire, d’excédent commercial, de taux de change compétitif, de réserves suffisantes pour éviter tout violent soubresaut. Ces conditions macro-économiques ne peuvent uniquement être celles d’un gouvernement ou d’un président de passage, elles doivent être le patrimoine de tous les Argentins et doivent être institutionnalisées ».
Mais, selon le journaliste de Página/12, Alfredo Zaiat, « l’appel, comme l’a exprimé la candidate, n’invite pas au débat ni à la proposition d’idées mais à parapher un contrat d’adhésion à l’actuelle politique économique. La discussion des prix et des salaires est un point de plus et non pas le principal de cet accord » [3].
Autre argument en faveur de la candidature de la première dame, le triomphe électoral en juin de l’homme d’affaires Mauricio Macri pour le poste de chef de gouvernement de la capitale fédérale [4]. À la Casa Rosada, cet événement a été interprété comme l’exigence d’un changement et l’expression d’un ras-le-bol d’un système politique non représentatif et qui ne génère pas d’enthousiasme.
Mais le gouvernement n’a pas seulement perdu dans la capitale. En quelques mois, il s’est passé la même chose à Santa Fe et à Cordoba, les deux autres grands conglomérats urbains du pays. « Le kirchnerisme perd là-bas parce qu’y établir des réseaux clientélistes de subordination politique est plus complexe. En échange, il va faire raffler la mise dans la province de Buenos Aires (qui avec plus de 10 millions de votants, représente 37% du total des électeurs du pays) où les taux de pauvreté et d’indigence sont énormes », affirme le sociologue Atilio Boron.
Quant à la seconde question, le président Kirchner a répété à plusieurs occasions qu’il ne se retirera pas de la vie politique et a laissé entrevoir qu’il envisageait de réorganiser le système des partis. Boron fait remarquer que « des trois grands partis des dernières décennies il n’en reste pas un sur pieds : le Frepaso, né au début des années 1990 comme l’expression du progressisme (centre gauche) de Buenos Aires et qui arriva au pouvoir aux côtés de l’UCR en 1999, s’est atomisé et désagrégé. L’UCR a cessé d’être une force nationale et n’est aujourd’hui plus qu’une série de forces régionales dans quatre ou cinq provinces sans la moindre chance d’accéder au gouvernement ; et le péronisme [le Parti justicialiste] est une confédération de caudillos avec des identités locales et provinciales. L’objectif de Kirchner est de créer une force partisane sur les bases du péronisme et avec un touche de radicalisme ».
En termes idéologiques, la nouvelle arme politique sur laquelle on spécule semble indiquer une tendance de centre gauche pragmatique. « Nous, nous concilions des intérêts et jamais nous ne les subordonnerons à aucune attitude basée sur l’idéologie », a affirmé le président, de manière catégorique. (…)
Le politologue Vincente Palermo est d’accord sur le fait que cette élection se caractérise par l’absence de grands paradigmes : « Ce n’est n’est pas un phénomène propre à l’Argentine, puisque l’on vit dans un climat croissant et généralisé d’indifférence et d’apathie dans presque toutes les démocraties stables. Je crois que ces sentiments, néanmoins, caractérisent cette élection en particulier. C’est dû à deux raisons : premièrement, le triomphe d’un candidat est quasi certain. Deuxièmement, aucun des autres compétiteurs n’a un fort attrait pour l’électorat. Par conséquent, il s’agit d’une élection pour laquelle il semble y avoir peu d’enjeux et qui s’effectue dans le cadre d’une situation politique, sociale et économique beaucoup moins dramatique que les antérieures ».
En complément, Palermo ajoute que « l’offre politique officielle n’est pas, précisement, celle d’un péronisme qui recommence à séduire comme fut celui de Menem lors de sa campagne en 1999. C’est l’offre d’un gouvernement qui administre son capital et tente de maintenir un équilibre précaire entre les tribus péronistes et le registre dans lequel il doit se placer pour conserver l’appui du vote non péroniste qui est indispensable ».
Continuité
A moins d’une réforme à l’intérieur du ministère de l’Economie (…), il est fort probable que la ligne macro-économique de l’éventuel gouvernement de Cristina Fernandez de Kirchner soit la même que celle de son mari. On stimulera le marché interne et on continuera avec le dollar fort et les retenues sur le soja, le maïs, le blé et la viande, qui sont les fondements du profil néo-développementiste actuel.
Malgré la tendance industrialiste de la gestion de Kirchner, le soja (dont 95% de la production de 47,5 millions de tonnes sont exportés) se trouve au cœur du modèle. (…) Le total [des taxes sur l’exportation du soja, du maïs et du trigo] représente pour l’Etat un revenu annuel de 2,5 milliards de dollars. (…)
Par des facteurs externes comme la croissance constante de la demande impulsée par la Chine et l’Inde et le « boom » naissant des biocombustibles qui a renforcé la demande en maïs aux Etats-Unis, les prix de la plante oléagineuse atteignent des pics historiques qui dépassent les 300 dollars US par tonne pour la prochaine récolte.
Il n’y aura probablement pas non plus de changement au sujet de la privatisation de Yacimientos Petrolíferos Fiscales (YPF, Gisements pétrolifères fiscaux), l’ancienne société publique d’hydrocarbures, aujourd’hui aux mains de l’espagnole Repsol. (…)
Cela a à voir avec un autre point faible de la croissance qui est l’ « internationalisation » de l’économie. Ces derniers jours, un débat, récurrent dans les années 90, s’est réouvert avec la vente de l’entreprise métallurgique Acindar à un groupe indien. C’est que ces dernières années beaucoup d’entreprises emblématiques de la bourgeoisie locale sont passées dans des mains étrangères, comme la brasserie Quilmes, les ciments Loma Negra ou les textiles Grafa y Alpargatas. Ce phénomène qui s’intensifie a été confirmé en 2005 : selon le rapport sur « Les grandes entreprises en Argentine » publié par l’INDEC, 92% des profits obtenus par les 500 plus grandes entreprises du pays correspondaient à des entreprises à capitaux étrangers. Aujourd’hui, malgré la rhétorique officielle qui dit favoriser un « capitalisme national », basé sur l’impulsion d’unre bourgeoisie locale et de la croissance des PME, 72% de ces firmes sont étrangères [5].
L’Argentine vit aujourd’hui un paradoxe. Dans un contexte de croissance, de rupture avec le passé et d’essor de quelque chose de nouveau, personne ne propose, ni ne suggère, ni ne discute un modèle distinct. Cheresky pose le problème avec ses mots : « Nous sommes devant un fait surprenant, et c’est que tous les secteurs politiques, l’opposition et le gouvernement, chacun avec ses propres arguments, pense que nous sommes devant une nouvelle étape. Cela supposerait un quelconque type de débat, une confrontation, mais il n’en est rien. Bien que Cristina se présente come la candidate du changement – lorsque le seul changement significatif est la candidature à la vice-présidence de Cobos – la stratégie la plus claire a été celle de la continuité. Elle gagnera sûrement, mais la majorité a un problème. La relation des citoyens avec la politique a changé de manière permanente. Près de 70% ou 80% disent ne pas appartenir à un parti politique et le problème de la ségrégation n’est pas que les organisations ou les militants ont disparu, mais l’appartenance. Les leaders expriment des projets ou des alternatives politiques, mais le leadership quand il ne s’appuie pas sur une organisation est un problème » et cela, à la Casa Rosada, ils le savent.
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Les journées des 19 et 20 décembre 2001 au cours desquelles une rébellion populaire fit tomber le Président de l’Union Civique Radicale (UCR), Fernando de la Rua, furent l’apogée de la crise dans laquelle était plongée le système politique et économique argentin. « Qu’ils s’en aillent tous, qu’il n’en reste aucun » (« Que se vayan todos, que no quede ni uno solo ») était non seulement le slogan principal de cette mobilisation spontanée, mais aussi l’expression de la ruine d’un système de représentativité qui était jusqu’à cette époque dominé par le bipartisme, avec le Parti justicialiste (péronisme) et l’UCR.
Ainsi, le seul qui put assurer un minimum de « gouvernabilité », grâce à sa machine clientéliste [6] dans la province paupérisée de Buenos Aires, fut l’ancien vice-président de Carlos Menem et gouverneur de Buenos Aires, Eduardo Duhalde. Cette fois, l’histoire se répétait comme farce, pour paraphraser Hegel [7].
« Dans sa recherche laborieuse d’un successeur capable de garantir une continuité à un projet confus qui cherchait à établir de nouvelles règles du jeu sans altérer les structures existantes », comme le signalait avec perspicacité le journaliste Daniel Vila [8], Duhalde paria sur un gouverneur patagonien peu charismatique qui avait lancé sa candidature pour s’installer sur la scène politique avec des vues sur 2007.
C’est ainsi que Kirchner obtint 22% des votes, en ballotage avec Menem, qui avait recueilli 24%. Certain de sa défaite, l’ancien président se désista et Kirchner devint le nouveau chef de l’Etat.
La fragilité et l’hétérogénéité de la structure politique étaient aussi évidentes que la profonde crise institutionnelle que vivait le pays. Le système des partis était détruit et, en plus, le président dut supporter pour un certain temps le surnom de « Chirolita », une allusion à la marionette manipulée par un ventriloque.
Une fois à la Casa Rosada, la première chose que chercha à faire Kirchner fut de se défaire de l’ombre de son prédécesseur. Il essaya debâtir sa structure politique avec tout le « progressisme » (centre gauche) disséminé dans les partis politiques et dans les mouvements sociaux, comme les Mères de la place de Mai et quelques secteurs de travailleurs sans emploi, des piqueteros. Eux, il les séduisit avec des mesures comme en guillotinant l’institution militaire, par les progrès en matière de lutte contre l’impunité des assassins de la dernière dictature militaire et le remplacement des vieux membres de la Cour suprême par des juristes respectés. Le projet, qui ne dura pas, s’appelait Transversalité.
Ensuite, avec le pragmatisme péroniste, sa construction se centra sur la formation d’une structure qui devait lui permettre de maintenir l’initiative dans une conjoncture problématique. Pour cela, il coopta les préfets départementaux « duhalistes » de la province de Buenos Aires et aligna derrière lui les gouverneurs provinciaux et la direction syndicale déligitimée, sur laquelle pesaient des accusations successives de corruption et une distance abyssale avec ses bases.
Ainsi, l’anomie politique qui explosa en 2001 est celle qui continue aujourd’hui. Une preuve est qu’il n’y a pas eu d’élections internes dans aucun parti pour les présidentielles.
NOTES:
[1] [NDLR] Du nom de Carlos Menem, dirigeant péroniste, président de la République de 1989 à 1999. Personnage haut en couleur, ses deux mandats se sont caractérisés par un mélange de truculence populiste et de néolibéralisme agressif. Sa politique de privatisations massives et de démantèlement du secteur public a été marquée par un degré de corruption sans précédent.
[2] [NDLR] Sur cette réduction de la dette publique argentine due à des créanciers privés, lire Frédéric Lévêque, Olivier Bonfond, Argentine : la fin de la crise ?, RISAL, 23 mai 2005 ; Raul Zibechi, L’Argentine après le “default” : reconstruire l’Etat, RISAL, 10 mai 2005.
[3] Página/12, supplément Cash, dimanche 9 septembre 2007
[4] [NDLR] Lire à ce propos Téo Ballvé, Le « Berlusconi » argentin et le triomphe du football, RISAL, 23 octobre 2007.
[5] Selon l’INDEC, en 1993, moins de la moitié des 500 firmes qui vendaient le plus en Argentine étaient tenues par des capitaux étrangers (219). Cette participation n’a cessé de croître : en 2000, les enteprises étrangères étaient 318, en 2004, 335 et actuellement elles sont 360, une grosse majorité.
[6] Dans un entretien à Clarín, supplément Zona, du 26 août 2001, le sociologue Javier Auyero définissait ainsi le clientélisme : « On parle de clientélisme politique comme du simple échange de faveurs pour des votes, choses qui existent. Mais cela ne signifie pas que les valeurs promeuvent automatiquement l’appui politique. Ce qui en réalité motive l’appui sont les réseaux d’échanges, qui sont bien plus complexes qu’une simple distribution de baskets avec la signature d’un gouverneur.
Cela se fait tous les jours, pas uniquement en périodes électorales. Aujourd’hui beaucoup de familles survivent avec ce qu’elles obtiennent par le biais des punteros [Salarié d’un parti pour remplir des missions de contact et de rencontre avec la population avant des élections ou d’autres exigences de l’action politique, ndlr], des Unidades basicas, comités, agences municipales. Par exemple, si dans les hôpitaux il n’y a pas de médicaments, on peut les trouver dans les Unidades basicas. À travers le clientélisme on résout quotidiennement les problèmes que les gens ne peuvent pas résoudre à cause du chomâge et du retrait de l’Etat de sa fonction de bienfaiteur, et pas de sa fonction punitive. On résoudra des problèmes, on remplira des estomacs mais aussi se construisent des relations de domination, de dépendance. Des amours ou loyautés captives s’établissent. C’est curieux qu’avec autant d’études sur le péronisme il n’y en ait pas une sur les Unidades basicas, qui sont les institutions, aux côtés de la société de développement et des syndicats, les plus importantes de la vie populaire. »
[7] [NDLR] Pour Hegel, l’histoire se répète toujours, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.
[8] Acción, seconde quinzaine du mois d’août.
Source : IRC Programa de las Américas (http://www.ircamericas.org/), 10 octobre 2007.
Traduction : Agnès Tillinac, pour le RISAL (http://risal.collectifs.net).
[Avec les sondages favorables], le gouvernement semble avoir adopté la même stratégie que lors des élections de 2005, quand la première dame fut candidate au Sénat pour le Frente para la Victoria (FV, Front pour la Victoire) dans la province de Buenos Aires. Assurée de sa victoire, elle n’accorda à l’époque aucune interview et n’accepta aucun « face à face » avec les autres candidats. Cette fois non plus.
C’est pour cette raison qu’il n’est pas surprenant de voir Cristina Fernandez de Kirchner faire campagne depuis l’Allemagne, les Etats-Unis ou l’Espagne et sans faire connaître un autre agenda qui ne soit pas celui de son mari, l’actuel président Nestor Kirchner. Le silence paraît porter ses fruits : « La meilleure campagne est la gestion du gouvernement », assure le ministre de l’Intérieur, Anibal Fernandez.
Cependant, malgré une situation généralement calme, certaines affaires ont créé ces derniers mois embarras et colère à la Casa Rosada, le palais présidentiel. Il y a d’abord eu les scandales de corruption liés à l’ancienne ministre de l’Economie Felisa Miceli et à un mystérieux homme d’affaire vénézuelien, qui tenta d’introduire dans le pays 800 000 dollars US non déclarés dans une valise. Cette question est particulièrement sensible pour un Kirchner qui a depuis toujours cherché à se distancer de ce qu’on a appelé « la fête menemiste » [1] de la décennie 90. Depuis lors, l’espace médiatique consacré à ces affaires s’est ammoindri. Aujourd’hui, c’est l’inflation, le point le plus faible de l’exécutif, qui a repris cet espace.
Le problème ne réside pas seulement dans le fait que le prix du panier de la ménagère augmente semaine après semaine, mais fondamentalement dans le refus du gouvernement de le reconnaître. Qui plus est, les indices exacts sont inconnus car l’Institut National de Statistiques et des Recensements (INDEC, Instituto Nacional de Estadísticas y Censos) est contrôlé par le Secrétaire du Commerce intérieur de la Nation, Guillermo Moreno. Ce n’est pas un détail car si la crédibilité de l’organisme est affectée, n’importe quelle autre donnée est susceptible d’être remise en question. Par exemple, on peut suspecter les chiffres de la pauvreté, calculée notamment à partir de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC), d’être manipulés.
De toutes manières, cette méfiance croissante n’arrive pas à entamer la conviction qu’il y a eu des réussites vraiment significatives en matière sociale. La plus remarquable d’entre elles est peut-être justement la baisse de la pauvreté qui aujourd’hui se situe, selon l’INDEC, à 23%, un chiffre toujours élevé mais substantiellement inférieur aux 57% de 2002 après la crise de l’année 2001.
Au sujet du chômage, les chiffres montrent une chute de plus de la moitié depuis 2003 (de 21,7% à 8,5%), et le travail informel, qui aujourd’hui en est à 40,4%, a diminué de 20% durant la même période. Cependant, même si l’emploi non déclaré a baissé lentement mais de manière continue ces trois dernières années, les niveaux actuels sont encore supérieurs à ceux des années 1990, quand éclata le drame de la précarisation du travail.
D’un point de vue macro-économique, la gestion de Kirchner fut indiscutablement un succès. Les 8% annuels moyens de croissance économique le prouvent(…)
Avec des taux de croissance dignes de la Chine, la principale critique faite à l’exécutif – et sur laquelle la candidate n’a exprimé aucune volonté de changement – est la répartition inégale des revenus. C’est une question centrale après l’hémorragie de la décennie néolibérale (90), car si les 20% les plus pauvres de la société obtenaient 4,1% des revenus en 2003, ils ne perçoivent actuellement que 4,6%, alors que les réserves internationales accumulées à la Banque centrale atteignent 45 milliards de dollars.
Le 25 mai 2003, quand le président Kirchner entra en fonction, il fit part de ses intentions pour les quatre années à venir : « Dans notre projet, nous accordons une place centrale à l’idée de reconstruire un capitalisme national qui crée des alternatives permettant de relancer la mobilité sociale ascendante ».
Aujourd’hui, avec un discours anti-néolibéral et le Fonds Monétaire International (FMI) comme ennemi rhétorique (qu’il a contraint à une renégociation de la dette externe, se traduisant par une réduction de 65% [2]), le président bénéficie d’une image positive auprès de 50% de la population. De ce fait, aujourd’hui les grandes interrogations dans le monde politique argentin sont au nombre de deux : pourquoi le chef de l’Etat a-t-il décidé de se mettre en retrait en laissant ainsi sa femme au premier plan ? Et la seconde : quel sera l’avenir de Kirchner ?
Les changements
Au sujet de la première inconnue, le politologue Isidor Cheresky affirme que « Kirchner est arrivé au pouvoir accidentellement, avec des ressources politiques, intellectuelles et une expérience limitées. Et maintenant qu’arrive une période de stabilité et qu’il n’est plus possible de gouverner comme avant, parce que nous ne sommes plus « en enfer », comme il s’évertuait à le répéter, il commence à avoir des problèmes. (…) ».
Cristina Fernandez de Kirchner, en plus de représenter un nouveau visage dans la bataille, a proposé des changements tels que la nouvelle « Concertación Plural » (Concertation plurielle), (…) avec [surtout] la candidature au poste de vice-président de Julio Cobos, actuel gouverneur de la province de Mendoza, et qui provient des rangs de l’Union Civique Radicale (UCR, les radicaux), dont il a été exclu il y a quelques semaines.
Autre nouveauté de la candidate « officielle », son nouvel accord, pacte ou dialogue social entre patrons et syndicats avec le gouvernement comme intermédiaire. Au Théâtre argentin de La Plata, la première dame l’a défini ainsi : « Il faut proposer un accord : le dialogue social à l’Argentine. En cette matière, nous avons une riche histoire de chefs d’entreprises, de travailleurs et la ‘patte’ de l’Etat qui (…) garantit les conditions macro-économiques de non-endettement, d’excédent fiscal primaire, d’excédent commercial, de taux de change compétitif, de réserves suffisantes pour éviter tout violent soubresaut. Ces conditions macro-économiques ne peuvent uniquement être celles d’un gouvernement ou d’un président de passage, elles doivent être le patrimoine de tous les Argentins et doivent être institutionnalisées ».
Mais, selon le journaliste de Página/12, Alfredo Zaiat, « l’appel, comme l’a exprimé la candidate, n’invite pas au débat ni à la proposition d’idées mais à parapher un contrat d’adhésion à l’actuelle politique économique. La discussion des prix et des salaires est un point de plus et non pas le principal de cet accord » [3].
Autre argument en faveur de la candidature de la première dame, le triomphe électoral en juin de l’homme d’affaires Mauricio Macri pour le poste de chef de gouvernement de la capitale fédérale [4]. À la Casa Rosada, cet événement a été interprété comme l’exigence d’un changement et l’expression d’un ras-le-bol d’un système politique non représentatif et qui ne génère pas d’enthousiasme.
Mais le gouvernement n’a pas seulement perdu dans la capitale. En quelques mois, il s’est passé la même chose à Santa Fe et à Cordoba, les deux autres grands conglomérats urbains du pays. « Le kirchnerisme perd là-bas parce qu’y établir des réseaux clientélistes de subordination politique est plus complexe. En échange, il va faire raffler la mise dans la province de Buenos Aires (qui avec plus de 10 millions de votants, représente 37% du total des électeurs du pays) où les taux de pauvreté et d’indigence sont énormes », affirme le sociologue Atilio Boron.
Quant à la seconde question, le président Kirchner a répété à plusieurs occasions qu’il ne se retirera pas de la vie politique et a laissé entrevoir qu’il envisageait de réorganiser le système des partis. Boron fait remarquer que « des trois grands partis des dernières décennies il n’en reste pas un sur pieds : le Frepaso, né au début des années 1990 comme l’expression du progressisme (centre gauche) de Buenos Aires et qui arriva au pouvoir aux côtés de l’UCR en 1999, s’est atomisé et désagrégé. L’UCR a cessé d’être une force nationale et n’est aujourd’hui plus qu’une série de forces régionales dans quatre ou cinq provinces sans la moindre chance d’accéder au gouvernement ; et le péronisme [le Parti justicialiste] est une confédération de caudillos avec des identités locales et provinciales. L’objectif de Kirchner est de créer une force partisane sur les bases du péronisme et avec un touche de radicalisme ».
En termes idéologiques, la nouvelle arme politique sur laquelle on spécule semble indiquer une tendance de centre gauche pragmatique. « Nous, nous concilions des intérêts et jamais nous ne les subordonnerons à aucune attitude basée sur l’idéologie », a affirmé le président, de manière catégorique. (…)
Le politologue Vincente Palermo est d’accord sur le fait que cette élection se caractérise par l’absence de grands paradigmes : « Ce n’est n’est pas un phénomène propre à l’Argentine, puisque l’on vit dans un climat croissant et généralisé d’indifférence et d’apathie dans presque toutes les démocraties stables. Je crois que ces sentiments, néanmoins, caractérisent cette élection en particulier. C’est dû à deux raisons : premièrement, le triomphe d’un candidat est quasi certain. Deuxièmement, aucun des autres compétiteurs n’a un fort attrait pour l’électorat. Par conséquent, il s’agit d’une élection pour laquelle il semble y avoir peu d’enjeux et qui s’effectue dans le cadre d’une situation politique, sociale et économique beaucoup moins dramatique que les antérieures ».
En complément, Palermo ajoute que « l’offre politique officielle n’est pas, précisement, celle d’un péronisme qui recommence à séduire comme fut celui de Menem lors de sa campagne en 1999. C’est l’offre d’un gouvernement qui administre son capital et tente de maintenir un équilibre précaire entre les tribus péronistes et le registre dans lequel il doit se placer pour conserver l’appui du vote non péroniste qui est indispensable ».
Continuité
A moins d’une réforme à l’intérieur du ministère de l’Economie (…), il est fort probable que la ligne macro-économique de l’éventuel gouvernement de Cristina Fernandez de Kirchner soit la même que celle de son mari. On stimulera le marché interne et on continuera avec le dollar fort et les retenues sur le soja, le maïs, le blé et la viande, qui sont les fondements du profil néo-développementiste actuel.
Malgré la tendance industrialiste de la gestion de Kirchner, le soja (dont 95% de la production de 47,5 millions de tonnes sont exportés) se trouve au cœur du modèle. (…) Le total [des taxes sur l’exportation du soja, du maïs et du trigo] représente pour l’Etat un revenu annuel de 2,5 milliards de dollars. (…)
Par des facteurs externes comme la croissance constante de la demande impulsée par la Chine et l’Inde et le « boom » naissant des biocombustibles qui a renforcé la demande en maïs aux Etats-Unis, les prix de la plante oléagineuse atteignent des pics historiques qui dépassent les 300 dollars US par tonne pour la prochaine récolte.
Il n’y aura probablement pas non plus de changement au sujet de la privatisation de Yacimientos Petrolíferos Fiscales (YPF, Gisements pétrolifères fiscaux), l’ancienne société publique d’hydrocarbures, aujourd’hui aux mains de l’espagnole Repsol. (…)
Cela a à voir avec un autre point faible de la croissance qui est l’ « internationalisation » de l’économie. Ces derniers jours, un débat, récurrent dans les années 90, s’est réouvert avec la vente de l’entreprise métallurgique Acindar à un groupe indien. C’est que ces dernières années beaucoup d’entreprises emblématiques de la bourgeoisie locale sont passées dans des mains étrangères, comme la brasserie Quilmes, les ciments Loma Negra ou les textiles Grafa y Alpargatas. Ce phénomène qui s’intensifie a été confirmé en 2005 : selon le rapport sur « Les grandes entreprises en Argentine » publié par l’INDEC, 92% des profits obtenus par les 500 plus grandes entreprises du pays correspondaient à des entreprises à capitaux étrangers. Aujourd’hui, malgré la rhétorique officielle qui dit favoriser un « capitalisme national », basé sur l’impulsion d’unre bourgeoisie locale et de la croissance des PME, 72% de ces firmes sont étrangères [5].
L’Argentine vit aujourd’hui un paradoxe. Dans un contexte de croissance, de rupture avec le passé et d’essor de quelque chose de nouveau, personne ne propose, ni ne suggère, ni ne discute un modèle distinct. Cheresky pose le problème avec ses mots : « Nous sommes devant un fait surprenant, et c’est que tous les secteurs politiques, l’opposition et le gouvernement, chacun avec ses propres arguments, pense que nous sommes devant une nouvelle étape. Cela supposerait un quelconque type de débat, une confrontation, mais il n’en est rien. Bien que Cristina se présente come la candidate du changement – lorsque le seul changement significatif est la candidature à la vice-présidence de Cobos – la stratégie la plus claire a été celle de la continuité. Elle gagnera sûrement, mais la majorité a un problème. La relation des citoyens avec la politique a changé de manière permanente. Près de 70% ou 80% disent ne pas appartenir à un parti politique et le problème de la ségrégation n’est pas que les organisations ou les militants ont disparu, mais l’appartenance. Les leaders expriment des projets ou des alternatives politiques, mais le leadership quand il ne s’appuie pas sur une organisation est un problème » et cela, à la Casa Rosada, ils le savent.
******
Les journées des 19 et 20 décembre 2001 au cours desquelles une rébellion populaire fit tomber le Président de l’Union Civique Radicale (UCR), Fernando de la Rua, furent l’apogée de la crise dans laquelle était plongée le système politique et économique argentin. « Qu’ils s’en aillent tous, qu’il n’en reste aucun » (« Que se vayan todos, que no quede ni uno solo ») était non seulement le slogan principal de cette mobilisation spontanée, mais aussi l’expression de la ruine d’un système de représentativité qui était jusqu’à cette époque dominé par le bipartisme, avec le Parti justicialiste (péronisme) et l’UCR.
Ainsi, le seul qui put assurer un minimum de « gouvernabilité », grâce à sa machine clientéliste [6] dans la province paupérisée de Buenos Aires, fut l’ancien vice-président de Carlos Menem et gouverneur de Buenos Aires, Eduardo Duhalde. Cette fois, l’histoire se répétait comme farce, pour paraphraser Hegel [7].
« Dans sa recherche laborieuse d’un successeur capable de garantir une continuité à un projet confus qui cherchait à établir de nouvelles règles du jeu sans altérer les structures existantes », comme le signalait avec perspicacité le journaliste Daniel Vila [8], Duhalde paria sur un gouverneur patagonien peu charismatique qui avait lancé sa candidature pour s’installer sur la scène politique avec des vues sur 2007.
C’est ainsi que Kirchner obtint 22% des votes, en ballotage avec Menem, qui avait recueilli 24%. Certain de sa défaite, l’ancien président se désista et Kirchner devint le nouveau chef de l’Etat.
La fragilité et l’hétérogénéité de la structure politique étaient aussi évidentes que la profonde crise institutionnelle que vivait le pays. Le système des partis était détruit et, en plus, le président dut supporter pour un certain temps le surnom de « Chirolita », une allusion à la marionette manipulée par un ventriloque.
Une fois à la Casa Rosada, la première chose que chercha à faire Kirchner fut de se défaire de l’ombre de son prédécesseur. Il essaya debâtir sa structure politique avec tout le « progressisme » (centre gauche) disséminé dans les partis politiques et dans les mouvements sociaux, comme les Mères de la place de Mai et quelques secteurs de travailleurs sans emploi, des piqueteros. Eux, il les séduisit avec des mesures comme en guillotinant l’institution militaire, par les progrès en matière de lutte contre l’impunité des assassins de la dernière dictature militaire et le remplacement des vieux membres de la Cour suprême par des juristes respectés. Le projet, qui ne dura pas, s’appelait Transversalité.
Ensuite, avec le pragmatisme péroniste, sa construction se centra sur la formation d’une structure qui devait lui permettre de maintenir l’initiative dans une conjoncture problématique. Pour cela, il coopta les préfets départementaux « duhalistes » de la province de Buenos Aires et aligna derrière lui les gouverneurs provinciaux et la direction syndicale déligitimée, sur laquelle pesaient des accusations successives de corruption et une distance abyssale avec ses bases.
Ainsi, l’anomie politique qui explosa en 2001 est celle qui continue aujourd’hui. Une preuve est qu’il n’y a pas eu d’élections internes dans aucun parti pour les présidentielles.
NOTES:
[1] [NDLR] Du nom de Carlos Menem, dirigeant péroniste, président de la République de 1989 à 1999. Personnage haut en couleur, ses deux mandats se sont caractérisés par un mélange de truculence populiste et de néolibéralisme agressif. Sa politique de privatisations massives et de démantèlement du secteur public a été marquée par un degré de corruption sans précédent.
[2] [NDLR] Sur cette réduction de la dette publique argentine due à des créanciers privés, lire Frédéric Lévêque, Olivier Bonfond, Argentine : la fin de la crise ?, RISAL, 23 mai 2005 ; Raul Zibechi, L’Argentine après le “default” : reconstruire l’Etat, RISAL, 10 mai 2005.
[3] Página/12, supplément Cash, dimanche 9 septembre 2007
[4] [NDLR] Lire à ce propos Téo Ballvé, Le « Berlusconi » argentin et le triomphe du football, RISAL, 23 octobre 2007.
[5] Selon l’INDEC, en 1993, moins de la moitié des 500 firmes qui vendaient le plus en Argentine étaient tenues par des capitaux étrangers (219). Cette participation n’a cessé de croître : en 2000, les enteprises étrangères étaient 318, en 2004, 335 et actuellement elles sont 360, une grosse majorité.
[6] Dans un entretien à Clarín, supplément Zona, du 26 août 2001, le sociologue Javier Auyero définissait ainsi le clientélisme : « On parle de clientélisme politique comme du simple échange de faveurs pour des votes, choses qui existent. Mais cela ne signifie pas que les valeurs promeuvent automatiquement l’appui politique. Ce qui en réalité motive l’appui sont les réseaux d’échanges, qui sont bien plus complexes qu’une simple distribution de baskets avec la signature d’un gouverneur.
Cela se fait tous les jours, pas uniquement en périodes électorales. Aujourd’hui beaucoup de familles survivent avec ce qu’elles obtiennent par le biais des punteros [Salarié d’un parti pour remplir des missions de contact et de rencontre avec la population avant des élections ou d’autres exigences de l’action politique, ndlr], des Unidades basicas, comités, agences municipales. Par exemple, si dans les hôpitaux il n’y a pas de médicaments, on peut les trouver dans les Unidades basicas. À travers le clientélisme on résout quotidiennement les problèmes que les gens ne peuvent pas résoudre à cause du chomâge et du retrait de l’Etat de sa fonction de bienfaiteur, et pas de sa fonction punitive. On résoudra des problèmes, on remplira des estomacs mais aussi se construisent des relations de domination, de dépendance. Des amours ou loyautés captives s’établissent. C’est curieux qu’avec autant d’études sur le péronisme il n’y en ait pas une sur les Unidades basicas, qui sont les institutions, aux côtés de la société de développement et des syndicats, les plus importantes de la vie populaire. »
[7] [NDLR] Pour Hegel, l’histoire se répète toujours, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.
[8] Acción, seconde quinzaine du mois d’août.
Source : IRC Programa de las Américas (http://www.ircamericas.org/), 10 octobre 2007.
Traduction : Agnès Tillinac, pour le RISAL (http://risal.collectifs.net).
https://www.alainet.org/en/node/123936
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