Bilan 2013 :
Au rythme des scandales politico-judiciaires
03/01/2014
- Opinión
L’année 2013 n’a pas été de tout repos. Scandales, soupçons, intrigues ont jalonné ces douze mois, comme un refrain. Un refrain cependant ponctué d’étranges silences.
Des membres de l’Exécutif suspectés de « crime de haute trahison »
L’enquête de deux commissions du Senat et de la chambre des députés en août, conclut à l’implication de l’Exécutif, en particulier du président Joseph Michel Martelly, du premier ministre Laurent Salvador Lamothe et du ministre de la Justice Renel Sanon, dans la mort du juge Jean Serge Joseph.
Le juge instruisait la plainte déposée contre la femme du président Sophia Saint Rémy Martelly et son fils aîné Olivier Martelly pour corruption.
D’après les informations collectées, le juge a eu le jeudi 11 juillet une rencontre au cabinet d’un avocat ami du gouvernement, où il aurait été menacé par le chef de l’État.
Le juge est mort le samedi 13 juillet dans la soirée d’un accident cardio vasculaire à cause des menaces endurées, d’après les commissions parlementaires.
L’étiquette de « criminels de haute trahison » accolée aux principales figures de l’exécutif devrait conduire à la mise en accusation de celles-ci, tel que recommandé par les 2 enquêtes du Parlement, mais en guise de suite c’est le silence.
La famille présidentielle toujours accusée de corruption ?
Avant sa mort, Jean Serge Joseph avait demandé au chef de l’État de permettre la comparution de certains ministres du gouvernement, ce qui n’a jamais été fait.
Et après sa mort, aucun juge n’a officiellement été mis sur l’affaire. Beaucoup se demandent, s’il faudra que ces ministres comparaissent ? Ou s’il faut oublier ce dossier ?
Pour l’instant presque personne n’en parle et on assiste surtout à une chasse de ceux qui ont déposé la plainte, le 16 août 2012.
Mandat et arrestation d’un des accusateurs, l’avocat militant André Michel
Le 25 juillet, un juge du nom de Lamarre Bélizaire, réputé proche du gouvernement, a émis un mandat d’amener contre l’un des accusateurs de la famille présidentielle, André Michel, dans le cadre d’un dossier lié à la mort d’un jeune, Frantzy Duverseau, en octobre 2010.
Énold Florestal, beau-frère du défunt mais aussi accusateur de l’épouse et du fils de Martelly, fait l’objet d’un mandat d’amener.
Après maintes tentatives, André Michel a été arrêté dans la soirée du mardi 22 octobre, suite à une forte intervention de la police effectuant une fouille de routine.
André Michel est présenté au parquet de Port-au-Prince le lendemain, entre-temps la capitale est surchauffée et réclame sa libération.
Suite à son audition, il est rapatrié au bâtonnat avant d’être récupéré par des sénateurs pour être amené au Parlement.
Énold Florestal : prisonnier politique ?
Si l’avocat et militant n’est pas gardé en prison, ce n’est pas le cas pour Énold Florestal qui est arrêté depuis le vendredi 16 août et emprisonné sans qu’un motif clair ne soit communiqué par les responsables de justice.
La police affirme avoir exécuté le mandat émis contre le concerné tandis que d’après le secrétaire d’État à la sécurité publique, Reginald Delva, Énold Florestal est arrêté parce que son nom a été trouvé sur de faux documents appartenant à une proche.
Avant lui, son frère Josué Florestal a été arrêté le vendredi 26 juillet, accusé d’être son complice.
Les deux hommes sont considérés comme des prisonniers politiques du régime de Martelly.
Journalistes et médias critiques dans le collimateur du gouvernement
Le ministère de la justice informe qu’une rencontre s’est déroulée le vendredi 18 novembre sous la gouverne d’un secteur de l’opposition, dans le but de planifier l’assassinat du journaliste présentateur de 2 émissions politiques sur la Radio télévision caraïbes (Rtvc), Jean Monard Metellus.
Aucune arrestation, ni interpellation voire une enquête ne sont réalisées en la circonstance, alors que le ministère a présenté des détails sur les moyens qui seront mobilisés pour le crime.
Sur un autre tableau, le lundi 16 septembre Lilianne Pierre-Paul et la Radio Kiskeya sont sommés de fournir des preuves pour avoir diffusé une information relative à une décision du barreau de Port-au-Prince contre le juge Lamarre Bélizaire.
Tout le monde parle d’une attaque à la liberté d’expression garantie par la constitution du pays, mais l’affaire reste à suivre.
Immunité ou impunité ?
Les députés N’Zounaya Jean Baptiste et Rodriguez Séjour sont inculpés dans le dossier d’une série d’attaques menées contre une patrouille policière dont un membre a eu une altercation avec des individus qui circulaient à bord d’un véhicule pris pour celui du député Rodriguez Séjour.
Jean Hertz Cayo est abattu le jeudi 2 mai dans son véhicule dans l’aire de ‘’Savann pistach’’ Carrefour-Feuilles (secteur sud-est) une juridiction dépendant du député N’Zounaya Jean Baptiste.
Il est tué 42 jours (21 mars-2 mai) après une attaque conduite contre Marcelin Jevousaime, un autre collègue de la même patrouille.
Marcelin Jevousaime a été amené à Cuba où il a été soigné.
Tous deux étaient témoins de l’altercation entre Walky Calixte et des individus à bord du véhicule du député Rodriguez Séjour le mardi 17 avril 2012.
Le même jour Walky Calixte a été assassiné à Martissant (secteur sud), toujours sous la juridiction de N’Zounaya Jean Baptiste.
Un dossier qui reste sans suite car les deux hommes sont protégés par leur immunité parlementaire.
Drogue et fraude : proches du gouvernement en première loge
Evinx Daniel, reconnu pour être un ami proche du président Martelly, est impliqué dans un dossier de drogue qu’il a repêché sur la mer et transporté chez lui au début du mois de septembre, aux Cayes (Sud).
Le commissaire du gouvernement d’alors Jean Marie Salomon est mis en disponibilité avant d’être remplacé.
Un autre ami du président Martelly ainsi que son chauffeur respectivement Jojo Lorquet et Patrick Maitre sont arrêtés dans le cadre d’une affaire en rapport à la mise en œuvre de combines mafieuses consistant à livrer des permis de port d’armes, d’utilisation de gyrophares et de sirènes et à l’accès à des privilèges douaniers.
Le journaliste Ernest Edouard Laventure, dit Moloskòt, serait à la tête de ce réseau.
Aucun suivi n’est jusqu’à présent fait dans le cadre de cette affaire.
Un grand silence ferme également les témoignages notariés d’un certain Shelson Sanon, qui affirme en juillet avoir exécuté des gens pour le compte de l’actuel conseiller politique du chef de l’État, Joseph Lambert.
Le nom dul sénateur du Sud-Est Edwin Zeny est également cité dans les témoignages de Shelson Sanon.
P-au-P, 3 janv. 2014 [AlterPresse]
https://www.alainet.org/fr/active/70340
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