Problème de l'essence (2e partie), division de l'opposition pour les législatives et pandémie

Venezuela : Coup d'oeil sur la semaine du 3 au 8 août

11/08/2020
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Información
-A +A

En ce 6e coup d'oeil sur la semaine, nous en finirons avec le problème de l'essence au Venezuela en examinant les dernières mesures du Gouvernement bolivarien et les perspectives à ce sujet. Ensuite, nous reviendrons sur les événements politiques en relation avec les élections législatives parmi lesquels se détachent les déclarations des opposants qui appellent à l'abstention. Comme d'habitude, nous suivrons le développement de la pandémie de COVID-19 en territoire vénézuélien, en rendant compte de l'augmentation des cas.

 

Le problème de l'essence (2e partie)

 

Dans la première partie de cet article, nous évoquions le fait que grâce à la rente pétrolière, le Venezuela a pu construire un important réseau routier et subventionner en partie l'importation de véhicules à essence et l'essence elle-même. Nous notions aussi que jusqu'à une date assez avancée du siècle dernier, le Venezuela n'avait pas de raffineries qui lui étaient propres, mais qu'ensuite la technologie et les additifs nécessaires à leurs opérations ont continué à venir de l'étranger, et en particulier des États-Unis. Nous avons aussi noté qu'il a fallu plusieurs décennies pour que le prix des carburants augmente de façon significative bien que dans le débat social et politique tout le monde ait été d'accord pour cet ajustement. Et enfin, que grâce aux mesures coercitives unilatérales que le Gouvernement états-unien applique à Petróleos de Venezuela S.A., on a réussi à supprimer l'assistance technique, la fourniture du matériel et des additifs, c'est pourquoi il existe aujourd'hui une diminution progressive et draconienne de l'offre de carburant dans le pays pour une demande estimée à 90 000 barils de pétrole par jour. Cette réalité a encouragé le marché illégal et la limitation du déplacement des personnes et des marchandises.

 

Fin mai, en même temps qu'il autorisait de nouvelles activités économiques à reprendre dans le cadre de la stratégie de prévention de la COVID-19, le président Maduro annonçait la mise en place d'un double système de prix de l'essence qui consiste à segmenter les stations-service du pays, environ 200 (près de 15 % des 1368 en existence) pour vendre l'essence au prix international, c'est-à-dire à 0,50 $US le litre. Dans les autres, l’essence est vendue au prix subventionné, c'est-à-dire à 0,01 $US le litre (au taux de change moyen de cette semaine). Les transports publics et le transport de marchandises, qui utilisent du gasoil, sont exonérés de tout paiement.

 

À ce même moment sont arrivés plusieurs bateaux avec de l'essence en provenance d'Iran et grâce à l'assistance technique de ce pays et des travailleurs du pétrole, on a commencé à remettre en état les deux principales raffineries du pays (Cardón et el Palito).

 

À ce jour, le gouvernement bolivarien n'a pas encore fait de bilan officiel de la mise en place de ces mesures qui n'ont subi que de petits ajustements mais on a appris qu'il y aurait des annonces cette semaine. Cependant, nous pouvons dire à ce sujet que l'essence importée est épuisée et qu'on n'a pas été informé de nouvelles arrivées que ce soit par l'État ou par la voie privée. Il faut dire que pour éviter le blocus économique, l'une des mesures prises par le gouvernement a été d'autoriser exceptionnellement les entreprises privées à importer du carburant. Les raffineries ont recommencé à fonctionner mais avec des difficultés et leur production semble loin de satisfaire la demande nationale. Le temps d'attente pour obtenir du carburant peut dépasser les 48 heures, ce qui fait que sur le marché illégal, un litre d'essence se vend jusqu'à 2,50 $US dans les zones où le déficit est le plus grave.

 

Aujourd'hui, le défi est non seulement de remettre en marche le complexe de production des carburants à base de pétrole mais aussi de diversifier le modèle énergétique pour garantir la mobilité humaine et des marchandises. Cela implique de reprendre le projet imaginé par Chávez pour faire migrer le parc automobile privé vers le gaz naturel. Le Venezuela a l'une des réserves les plus importantes de gaz naturel du monde et son traitement peut être fait avec des ressources nationales ou des ressources provenant de nos alliés comme la Russie. En plus, c'est l'occasion de renforcer le transport public de masse en tant que priorité sur la base d'autres carburants que les carburants d'origine fossile. Tout cela aura comme valeur ajoutée la diminution des émissions polluantes sur notre planète.

 

Le changement de modèle énergétique va dépendre d'un rapport de forces favorable aux carburants non polluants ,mais jusqu'à présent, ce qui prévaut dans les faits, c'est la structure qui produit et fournit les combustibles à base de pétrole.

 

L'opposition divisée face aux élections législatives

 

La voie vers les élections a fait partie de l'actualité cette semaine, car une série de faits importants se sont succédé : le premier a été la déclaration d'une partie de l'opposition au chavisme disant qu'elle ne participerait pas aux élections. Juan Guaidó, au nom d'un groupe intitulé G4, composé par des militants d'Action Démocratique et des partis Volonté Populaire et Un Nouveau Temps, a dit qu'ils ne participeraient pas aux prochaines élections du 6 décembre de cette année, car ils considèrent qu'ils doivent développer « une nouvelle offensive » sans préciser en quoi elle consiste et ils invoquent le renforcement de la « pression internationale » sur le Venezuela. Immédiatement, le Département d'État des États-Unis a rendu public son soutien à cette décision des partis et des politiciens d'opposition.

 

Face à cette position, un autre groupe plus nombreux d’organisations politiques d'opposition a affirmé sa volonté de participer aux élections et lancé un appel à cesser d'appeler à l'abstention. Il faut préciser que pendant de nombreuses années les principaux partis d'opposition à la Révolution bolivarienne ont refusé de faire des élections internes, de sorte que leur direction ne s'est pas renouvelée depuis plus de dix ans. Récemment, plusieurs groupes de militants de ces organisations se sont rendus devant le Tribunal suprême de justice pour demander le droit d’élire leurs dirigeants. En réponse, le Tribunal suprême de justice a nommé des directions provisoires et ordonné de faire des élections. Aujourd'hui, les directions provisoires sont enclines à participer aux élections, tandis que celles qui ont été remplacées continuent à s'aligner sur la position de Juan Guaidó.

 

Par contre, le président Nicolás Maduro, lors d'une visioconférence avec le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) a déclaré : « Nous sommes en train de construire la maquette des candidatures », a fait savoir qu'au PSUV sont inscrits 7 790 960 Vénézuéliens et a demandé de « faire une campagne électorale créative en lien direct avec le peuple ».

 

Le président Maduro a aussi indiqué qu'on cherche « l'union parfaite du Grand Pôle Patriotique Simón Bolívar, à stimuler à partir de la base la direction des secteurs » importants de la Révolution et cela provoque de multiples rencontres avec les organisations. Certains partis (comme le Parti communiste du Venezuela) et certains mouvements à l'intérieur de la Révolution bolivarienne ont rendu publique leur intention de former ce qu'ils appellent l'Alternative Populaire Révolutionnaire, une instance qui coordonnerait en principe la participation aux élections législatives sans accords préalables avec le PSUV ou dans le cadre du Grand Pôle Patriotique.

 

Rafael Simón Jiménez, l'un des cinq recteurs désignés par le Tribunal suprême de justice et qui ont prêté serment devant celui-ci en juin dernier suite à l'illégalité de l'Assemblée nationale, a démissionné cette semaine. Il a dit qu'il voulait exercer pleinement son militantisme politique, sans dire s'il était lié à un parti et il a appelé à combattre ceux qui appellent à l'abstention. En réponse à cette vacance, le Tribunal suprême de justice a désigné un nouveau recteur du nom de Leonardo Morales Poleo et lui a fait prêter serment.

 

En ce qui concerne le calendrier électoral, le Conseil national électoral fait savoir que les Listes électorales permanentes ont été publiées et que 20 700 000 Vénézuéliens y sont inscrits. À présent commence la période pendant laquelle les organisations politiques peuvent présenter les contestations qu'elles jugent pertinentes. De même, du 10 au 19 août, les organisations politiques pourront présenter leur candidature aux élections législatives.

 

La pandémie de COVID-19

 

Au 8 août, on avait diagnostiqué 24 961 personnes malades de la COVID-19 dont 13 356 (54 %) sont déjà guéries. Sur le total des cas actifs, 76 % sont sous observation médicale dans le Système national de santé publique parce qu'ils ne présentent pas de symptômes alors que le reste présentent une sorte d'insuffisance respiratoire (la faible majorité). Le nombre de morts s’établit à 215. La vice-présidente a fait savoir qu’on a fait 52 874 tests par million d'habitants.

 

Regardons maintenant notre pays du point de vue du monde à partir du « Rapport statistique COVID-19 » du Centre vénézuélien d'études sur la Chine en date du 8 août dont nous extrayons quelques données :

 

Le Venezuela est à la 64e place (la semaine dernière, il était à la 74e place) et enregistre 0,12 % des cas diagnostiqués.

 

En ce qui concerne les cas actifs, le Venezuela est à la 34e place (la semaine dernière, il était à la 54e place) et enregistre 0,24 % des cas, plus du double de cas par rapport à la semaine du 30 juillet.

 

En ce qui concerne les décès, le Venezuela est à la 79e place (la semaine dernière, il était à la 82e place), ce qui représente 0,03 % des décès imputables au virus.

 

L'augmentation rapide des cas confirmés peut compromettre la stratégie du Gouvernement bolivarien puisqu'elle se concentre sur les zones à plus forte densité de population comme Caracas ou d'autres villes importantes. Dans ces zones, on envisage éventuellement d'instaurer une plus forte vigilance quant au respect de la quarantaine et des restrictions de déplacement. Aujourd'hui, le Gouvernement bolivarien n'a pas encore exposé les détails de l'assouplissement prévu pour la semaine en cours.

 

8 août 2020

 

Si vous souhaitez commenter ce texte, demander qu'on approfondisse un point ou pour tout autre sujet en relation avec ce texte, veuillez écrire à l'auteur  jesusalbertorondon@gmail.com

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos. Révision Claude Morin

 

URL de cet article : http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/08/venezuela-probleme-de-l-essence-2-partie-division-de-l-opposition-pour-les-legislatives-et-pandemie.html 

 

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/208398
S'abonner à America Latina en Movimiento - RSS