Nouvelle publication:

« En défense de Julian Assange »

02/12/2019
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Le livre In defense of Julian Assange (1) publié récemment en anglais par OR Books, apporte de nouveaux éclaircissements au débat en cours au sujet de ce journaliste-éditeur et de l’entité médiatique qu’il a fondée, Wikileaks. Édité par Tariq Ali et Margaret Kunstler, le livre explore différentes facettes du travail d’Assange et ses contributions à la révélation d’informations essentielles d’intérêt public que les gouvernements impliqués ont essayé de cacher. Le livre expose l’offensive médiatique pour discréditer Assange et examine les implications du sac de nœuds légal qu’il a affronté au Royaume Uni, en Suède et aux États-Unis.

 

Profondément préoccupés, plusieurs des auteurs.res apportent leur témoignage sur l’état actuel d’isolement du journaliste dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres ; d’autres racontent des aspects de son séjour antérieur durant 7 années dans l’ambassade d’Équateur et son expulsion en avril. Le 23 septembre dernier, s’est terminée sa sentence de 6 mois pour violation de la liberté sous caution au Royaume Uni, mais il reste toujours détenu dans l’attente d’une décision des tribunaux britanniques sur la demande d’extradition déposée par les États-Unis, une audience qui aura lieu en février 2020.

 

Les accusations qu’affrontera Assange aux États-Unis, qui pourraient signifier la prison à perpétuité, se voient comme une grande menace pour la liberté de la presse. Ainsi l’affirme James Goodale -l’avocat qui a défendu le New York Times dans le dossier des Documents du Pentagone-, cité sur la quatrième de couverture du livre : « L’accusation contre Assange pour ‘conspiration’ est la plus dangereuse que je me rappelle par rapport au Premier Amendement, dans toutes mes années en tant que représentant d’organisations médiatiques ». Plusieurs auteurs dénoncent cette menace qui signifierait que tout journaliste de n’importe quel pays qui réalise une enquête sur des sujets de sécurité pourrait être inculpé par le système judiciaire états-unien pour avoir cherché des informations que le gouvernement états-unien ne souhaite pas être révélées.

 

Un thème récurrent dans le livre est la violation des procédures judiciaires qu’Assange doit continuer à affronter. Il y a des preuves de manipulation dans l’enquête suédoise sur les agressions sexuelles qui a commencé en 2010 (peu après que Wikileaks publie les documents de la guerre des États-Unis en Afghanistan et en Irak, révélés par Chelsea Manning), et en particulier que le Royaume Uni a incité les autorités suédoises à continuer l’enquête malgré le manque de preuves et qu’elles ne considèrent pas le cas comme « une simple demande d’extradition de plus ».

 

De plus, comme l’affirment les éditeurs dans leur introduction, « si nous vivions dans un monde respectueux des lois, l’accusation contre Assange de ne pas avoir assisté à une audience de liberté sous caution (un délit mineur) aurait terminé par une amende ou une peine de prison brève, suivie par une mise en liberté et le retour à son Australie natale ». Mais, ajoutent-ils, tant le Royaume Uni que l’Australie sont soumis aux exigences des États-Unis, et les États-Unis ont eu besoin de faire un exemple, donner un avertissement pour que personne ne suive le chemin pris par Wikileaks.

 

Diffamation

 

Un des thèmes centraux du livre est la campagne de diffamation dirigée explicitement contre Julian Assange dans tout le spectre politique et médiatique. L’introduction souligne que « l’accusation d’espionnage de la part des États-Unis contre Assange montre qu’il a été victime d’opérations psychologiques -rumeurs, désinformations et fausses informations- conçues pour détruire sa réputation et diffamer son caractère ». L’une d’elles fut la campagne de discrédit au début de cette année dans la presse équatorienne et mondiale, faisant allusion à de supposées « sales habitudes », conçue pour minimiser les réactions de rejet à sa détention.

 

Alors qu’Assange et ses avocats ont constamment maintenu que la principale raison pour laquelle il a cherché refuge à l’ambassade de l’Équateur était d’éviter l’extradition pour espionnage, les médias ont insisté sur le contraire, en diminuant l’importance de la menace états-unienne. Cependant, le fait que les accusations des États-Unis aient été présentées immédiatement après son expulsion de l’ambassade prouve que ces craintes étaient bien fondées.

 

Dans les différentes sections du livre, Caitlin Johnstone répond une à une aux accusations que font souvent les critiques d’Assange et cite des faits concrets pour discréditer une série de mythes et de mensonges diffusés par les médias.

 

Les fondements philosophiques de Wikileaks

 

Une section de la publication explore les implications plus amples en termes d’Internet, de censure et de journalisme scientifique. Dans ce chapitre, Slavoj Zizek demande « Pourquoi maintenant ? » Sa réponse est Cambridge Analytica, « un nom qui représente tout ce qu’est Assange, tout ce pourquoi il lutte : les liens entre les grandes corporations privées et les agences gouvernementales ». Cet auteur explique que le plus grand succès du nouveau complexe cognitif-militaire, qui souvent remplace l’utilisation de l’oppression directe, est la compréhension que « Les individus sont beaucoup mieux contrôlés et ‘incités’ à prendre la direction voulue quand ils continuent à se sentir agents libres et autonomes de leur propre vie ».  Ceux qui sont au pouvoir essaient de minimiser le scandale de Cambridge Analytica comme un ‘usage indu’ ; Assange a exposé ces relations de ‘l’État profond’ et donc il faut le faire taire.

 

D’autres thèmes abordés et documentés sont le débat autour des réussites et des erreurs de la publication par Wikileaks de documents sans en avoir retiré les données sensibles : les implications de la publication des courriers électroniques de Clinton et son impact sur le résultat des élections présidentielles états-uniennes, ou la soi-disant connexion entre Assange et la Russie. D’autres contributions se sont centrées sur le legs d’Assange et Wikileaks.

 

La publication se termine par le texte des 18 chefs d’accusation formulés contre Assange par le système de justice états-unien qui pourraient signifier jusqu’à 175 années de prison.

 

C’est précisément pour cette raison que nous sommes à un moment critique pour la construction d’un soutien à Assange et pour empêcher son renvoi vers l’administration états-unienne, non seulement pour protéger ses droits humains et son intégrité physique et mentale, mais aussi pour défendre la liberté d’expression et le journalisme d’investigation au niveau mondial. C’est pour cela que cette publication est conçue, comme l’indique son titre, comme une contribution à la défense d’Assange. Ce défi est d’une nouvelle urgence, car le lancement du livre a coïncidé avec la publication par 60 médecins d’une lettre dans laquelle ils dénoncent que le journaliste pourrait mourir en prison s’il ne recevait pas immédiatement un traitement médical adéquat. D’autre part, 40 écrivains ont contribué au contenu du livre, parmi eux Noam Chomsky, Daniel Ellsberg, John Pilger, Vivienne Westwood, Pamela Anderson et l’auteure de cet article.

 

ALAI AMLATINA, 29 novembre 2019

 

(Traduction Jac Forton)

 

- Sally Burch, une des auteures du livre Défense de Julian Assange, est une journaliste britannico-équatorienne et la directrice exécutive de ALAI.

 

 

(1) Tariq Ali, Margaret Kunstler (éd.), 2019. In Defense of Julian Assange, OR Books, New York.

https://www.orbooks.com/catalog/in-defense-of-Julian-Assange/

 

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/203582
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