Appel urgent de la société civile du continent face à la crise humanitaire des migrantes et migrants d’Haïti dans les Amériques
- Opinión
Carthagène des Indes (Colombie), 31 mai 2017 [AlterPresse] --- Réunis à Carthagène des Indes (en Colombie), les jeudi 25 et vendredi 26 mai 2017, des dizaines de représentantes et représentants de la société civile du continent ont lancé un appel urgent aux États et gouvernements des Amériques à surmonter la crise humanitaire et de protection des droits fondamentaux des migrantes et migrants haïtiens, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Ils se sont retrouvés dans le cadre du Forum international de la migration haïtienne dans les Amériques, organisé conjointement par Instituto Pensar-Pontificia Universidad Javeriana et le Conseil pour les droits humains et le déplacement forcé (Codhes), dans le but de construire une compréhension continentale et multilatérale de la migration haïtienne et d’élaborer une stratégie d’action, en faveur de la protection des droits des migrantes et migrants haïtiens.
Ces déléguées/délégués d’organismes de la coopération internationale (dont le chef de mission en Haïti du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr) et le directeur pour l’Amérique du Sud de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), d’universités, d’organisations de droits humains, de migrantes et migrants et de la société civile en général en Haïti, aux États-Unis d’Amérique, au Mexique, en Colombie, en République Dominicaine, au Brésil, au Chili, en Équateur, au Pérou et au Canada, ont fait le point sur la situation, à la fois complexe et préoccupante, des migrantes et migrants haïtiens tout au long du continent.
La migration haïtienne en Amérique Latine a connu une croissance exponentielle à la suite du tremblement de terre dévastateur, qui a affecté ce pays caribéen, le mardi 12 janvier 2010. Des pays, comme le Brésil, le Chili, l’Équateur, le Mexique, le Venezuela… deviennent, alors, la destination de ce nouveau flux, soulignent-ils.
Plus de cent mille Haïtiennes et Haïtiens ont migré, durant les sept dernières années (de l’année 2010 à 2017) en Amérique Latine, principalement au Brésil, au Chili et en Equateur, estiment-ils.
Cependant, depuis plus de deux ans (date où le Brésil, principal pays d’accueil des migrantes et migrants haïtiens en Amérique latine, s’embourbe dans une crise politique majeure), la migration haïtienne erre à travers le continent, du Sud vers le Nord, parcourant plus de dix pays, pour atteindre les États-Unis d’Amérique, à la recherche de meilleures opportunités de vie.
Les participantes et participants au Forum international sur la migration haïtienne dans les Amériques dénoncent également des politiques régressives contre les migrantes et migrants haïtiens, dont « les décisions des gouvernements de fermer leurs frontières aux migrantes et migrants, d’augmenter les obstacles à la régularisation migratoire, de limiter leur séjour dans les pays de destination, de mettre des barrières à l’accès aux services de base et, dans certains cas, de promouvoir des mesures ouvertement discriminatoires ».
Ils invitent les États et gouvernements du continent à réagir face à la grave situation humanitaire et des droits fondamentaux des migrantes et migrants haïtiens.
À travers une Déclaration conjointe, ils articulent des propositions, à court et moyen terme, à l’endroit d’actrices, d’acteurs et de secteurs spécifiques, en vue de faire de la situation des migrantes et migrants haïtiens une des principales priorités du continent.
« Définir Haïti comme une priorité dans l’agenda du Pacte mondial sur les migrations et dans le cadre de tous les engagements que prendront les gouvernements du monde » (selon ce qui a été défini dans la Déclaration de New York de 2016) et « étendre aux migrantes et migrants haïtiens, majoritairement noirs, la protection spéciale, établie dans le cadre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024) des Nations unies », proclamée, en décembre 2014, par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (Onu), dans sa Résolution 68/237, figurent parmi leurs principales recommandations.
Ils convient les Etats d’Amérique à soutenir les mécanismes d’articulation, de coopération et de dialogue, afin de se soucier, de façon intégrale et effective, des personnes en besoin de protection internationale et d’appliquer, d’une manière effective, le droit international en la matière, prenant en compte la ratification et l’application de la Convention relative au statut des apatrides.
Aucune migrante / aucun migrant ne sont illégaux Il est du devoir des États de protéger les droits des migrantes et migrants, rappellent-ils au monde entier.
En ce sens, il convient de poursuivre les bonnes pratiques migratoires (dont celles promues par le Brésil, qui a régularisé plus de 80,000 Haïtiennes et Haïtiens), observées en Amérique du Sud, de les renforcer et de promouvoir leur extension dans le continent.
Il est nécessaire d’octroyer, de manière urgente, aux migrantes et migrants haïtiens, vivant aux États-Unis d’Amérique, un Statut de protection temporaire (Tps) d’une plus grande durée, accompagné de solutions, à moyen et à long terme, qui ne conduisent : ni à l’expulsion, ni au retour involontaire des 60,000 migrantes et migrants haïtiens en situation de vide juridique.
Les participantes et participants au Forum international sur la migration haïtienne dans les Amériques invitent le nouveau gouvernement d’Haïti à jouer un rôle proactif dans la protection des droits de ses citoyennes et citoyens, à les soutenir à travers ses représentations consulaires et à faciliter leur documentation, en vue d’une migration digne et respectueuse des droits humains.
Par ailleurs, ils manifestent également leur soutien au processus de paix en Colombie, tout en invitant le gouvernement colombien à devenir un exemple dans la région, comme pays protecteur des migrantes et migrants, des réfugiées et réfugiés.
Recommandations spécifiques, issues du forum des 25 et 26 mai 2017 à Carthagène des Indes
Les participantes et participants au Forum international sur la migration haïtienne dans les Amériques appellent :
a. le monde universitaire, à mener des recherches sur l’histoire d’Haïti en vue de contribuer à déconstruire les stéréotypes, qui existent sur ce pays en Amérique Latine ;
b. les médias, à connaître, à rendre plus visible la situation des migrantes et migrants haïtiens, et à en faire une priorité dans leur agenda d’information. Ce qui permettra de mettre en place des alliances journalistiques binationales et internationales ;
c. les organisations internationales, qui sont et seront des agents fondamentaux pour la promotion et matérialisation des droits humains, à s’occuper de la protection des droits des migrantes / migrants et des réfugiées / réfugiés haïtiens ;
d. Les organismes supra-étatiques, dont l’Organisation des États américains (Oea), à assurer le renforcement du cadre juridique interaméricain, la formation d’agents locaux et l’augmentation des budgets, garantissant la protection effective des migrantes et migrants haïtiens dans le continent, tout en considérant les particularités de ce flux.
Les participantes et participants au Forum international sur la migration haïtienne dans les Amériques lancent un appel urgent, en faveur d’une réponse effective aux besoins des migrantes et migrants d’autres nationalités du continent américain, de manière spécifique aux migrantes et migrants vénézuéliens et cubains, selon une approche de droits et des pratiques de fraternité et de solidarité.
Après la réunion de Carthagène, les entités réunies, dont le Réseau jésuite des migrants (Rjm), le Réseau dominico-haïtien d’échanges Jacques Viau (République Dominicaine), Catholic legal services de l’Archidiocèse de Miami (États-Unis d’Amérique), l’Université Antonio Ruiz de Montoya (Pérou), Instituto Pensar-Pontificia Universidad Javeriana (Colombie), l’Université de Dayton (États-Unis d’Amérique), le Conseil pour les droits humains et le déplacement forcé /Codhes (Colombie) et le Comité citoyen pour la défense des naturalisés et des afromexicains (Mexique), ont pris l’engagement d’œuvrer à la construction d’un plan d’action commun et d’un réseau continental de plaidoyer et de suivi des actions des États, en matière migratoire, selon une approche fondée sur les droits humains. [wel rc apr 31/05/2017 10:00]
- Pour plus d’informations : foromigracionhaitiana@gmail.com
31 mai 2017
http://www.alterpresse.org/spip.php?article21682#.WTA66jr_qFY
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