Violences/Elections 2015 : Une catastrophe annoncée ?

25/02/2015
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Opinión
-A +A
P-au-P, 24 févr. 2015 --- Les élections prévues en 2015 apparaissent comme une catastrophe annoncée, craint le coordonnateur national de l’observation à la Commission épiscopale Justice et paix (Jilap) de l’église catholique, Rovelson Apollon.
 
Le pays, après 4 Conseils électoraux, deux premiers ministres et 90% du parlement aux oubliettes, doit organiser des législatives et locales ainsi qu’un scrutin présidentiel. Toutefois le contexte est loin d’être apaisé.
 
Interrogé par rapport à la recrudescence des affrontements entre gangs notamment à Simon et Pelé (Cité militaire voisine de Cité Soleil), Rovelson Apollon, engagé dans l’observation de la violence dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, est sceptique.
 
« Non seulement le paysage politique haïtien n’est pas serein, il y a beaucoup de gens qui sont armés dans le pays », dit-il, ajoutant : « c‘est une catastrophe annoncée ».
 
Belekou (Cité soleil) et Simon Pelé font parler la poudre ces dernières semaines. La Cité Soleil compte 34 quartiers dominés chacun par un chef de gang, signale Apollon.
 
« Ce qui se passe à Cite Soleil particulièrement à Simon Pelé est le fait d’hommes politiques, parce que c’est une zone électorale qui compte 200 mille habitants. De plus, les gens sont dans une situation infra humaine », explique le défenseur de droits humains, soulignant la vulnérabilité des habitants aux manipulations des politiciens.
 
Pourtant ce n’est pas la première fois que ces quartiers s’agitent. En mai 2012, la police était intervenue, arrêtant une quarantaine de personnes.
 
Vladimir Paraison, directeur départemental de la Police nationale d’Haïti (Pnh/Ouest), interrogé sur la radio privée Magik 9 sur ce qui se déroule actuellement dans cette zone, déplore le manque de moyens de la Pnh et les interventions politiques pour libérer des bandits mis derrière les barreaux par les forces de l’ordre.
 
« Haïti ne produit ni arme ni balle… les bandits ne peuvent acheter de munitions si on ne leur en donne pas. Cela signifie qu’il y a des politiciens [derrière tout ca]. Mais c’est grave que tout le monde veuille le pouvoir mais en passant par la violence », relève pour sa part Rovelson Apollon.
 
Selon les chiffres avancés en janvier dernier par le directeur général de la Pnh, Godson Orelus, il y a entre 250 et 260 mille armes qui circulent illégalement en Haïti.
 
La violence armée n’est pas circonscrite dans un quartier particulier même si certains sont plus chauds que d’autres. A Cité militaire le 13 février, deux personnes, dont un agent de sécurité de l’hôpital public Office d’assurance maladies du travail et maternité (Ofatma), sont mortes et 3 autres blessées dans une attaque armée.
 
Dans le sud de Port-au-Prince (Fontamara, Martissant, Grand Ravine, Savane Pistache), les gangs font la loi et opèrent en plein jour en toute impunité.
 
La violence armée semble également s’imposer de plus en plus. Entre octobre et décembre 2014, 249 personnes sont mortes par balles dans la zone métropolitaine de la capitale, dont 4 policiers, selon ce qu’a enregistré Jilap. A Cité Soleil et La Saline les victimes se chiffrent à 40.
 
Rien qu’en janvier 2015, 60 victimes par armes à feu ont été recensées.
 
Parallèlement, le Cep avance résolument vers le lancement des élections. Le décret électoral a été transmis au gouvernement durant le week-end. Une rencontre est prévue jeudi 26 février entre les conseillers électoraux et les représentants de partis politiques.
 
Le climat pour l’organisation des joutes de toutes les envies ne fait pas partie de l’agenda des échanges annoncé.
 
24 février 2015
 
https://www.alainet.org/fr/active/81082
S'abonner à America Latina en Movimiento - RSS