Interrogations sur la nationalité du premier ministre ratifié

09/10/2011
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La ratification de Garry Conille comme premier ministre le 4 octobre, les perspectives de cohabitation au niveau de l’exécutif et la décision du chef de l’État, Michel Martelly, de rétablir l’armée ont alimenté les interventions dans diverses émissions de stations de radio de la capitale durant le week-end écoulé.
 
La question de la nationalité de Conille
 
À l’émission « Intérêt Public », diffusée le dimanche 9 octobre 2011 sur Radio Kiskeya, le sénateur Jean William Jeanty (Nippes / Sud-Ouest) a réitéré sa position pour que « lumière soit faite sur la nationalité du premier ministre ratifié. Ses pièces n’ont pas été correctes, il a passé des années au Canada et nous n’avons pas trouvé la (les) copie (s) du passeport utilisé lors de ses voyages au Canada ».
 
« Nous ne devons pas accepter, comme premier ministre, quelqu’un de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haiti (Cirh) imposé par Bill Clinton. C’est une honte pour le pays… », a déploré le sénateur Jeanty, qui avait voté contre Conille.
 
Participant à l’émission, le sénateur Youri Latortue (Artibonite / Nord), qui avait voté pour, a admis qu’« effectivement, il y a avait des points d’ombre dans le dossier de Garry Conille ». Il a expliqué son vote par la volonté de respecter sa « promesse ».
 
Cependant, le sénateur de l’Artibonite encourage le bureau du sénat à « créer une commission spéciale pour chercher les éclaircissements nécessaires (sur la nationalité de Conille). Il est probable que les 17 sénateurs, qui ont voté en faveur de Garry Conille, reviennent sur leur vote si les suspicions relatives à sa nationalité se confirment ».
 
Ces démarches devraient être entreprises avant même que Conille vienne présenter l’énoncé de sa politique générale dans les deux chambres, pense Latortue.
 
Lors de sa première conférence de presse conjointe avec Martelly le 6 octobre écoulé, Conille a indiqué ne pas disposer de nationalité canadienne et n’avoir jamais renoncé à sa nationalité haïtienne.
 
Conflit de pouvoir en perspective ?
 
Le docteur en droit public et professeur de droit constitutionnel, Monferrier Dorval, a prévenu de l’éventualité d’un « conflit de pouvoir » entre le chef de l’exécutif et le chef du ,s’ils n’établissent pas une « cohabitation ».
 
Il a soutenu ce point de vue dans l’émission "Sa k pase" (Qu’est-ce qui se passe), diffusée le samedi 8 octobre sur Radio Magic 9.
 
« Il faut qu’il y ait une cohabitation entre le président et le premier ministre, car chacun vient d’une tendance politique différente (…) dans le cas contraire, il va y avoir conflit », a-t-il averti.
 
En ce qui concerne Garry Conille, il est absolument responsable « politiquement » devant le Parlement, mais il serait fatal pour lui s’il s’avisait d’être autonome, estime le professeur.
 
Par ailleurs, Monferrier Dorval a pointé du doigt le régime politique actuel (établi par la constitution de 1987), générateur de conflit entre les deux branches de l’exécutif.
 
Avis partagés sur le projet du président Martelly de rétablir l’armée
 
Si le sénateur Youri Latortue appelle à un « consensus entre l’exécutif et le législatif sur le retour des forces armées », son collègue Jean William Jeanty prône, de préférence, une « mobilisation sociale pour contrer le projet » de Martelly.
 
L’ancien major, Gérard Dalvius, lui, croit que la Constitution de 1987 a déjà tracé le cadre légal pour le fonctionnement des Forces Armées.
 
Cependant, Dalvius dénonce la démarche de Martelly de discuter sur la question, d’abord avec la communauté internationale, avant de prendre contact avec les secteurs nationaux à ce sujet.
 
https://www.alainet.org/fr/active/50069
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