« Les bonnes paroles ne freinent pas les violations des droits humains »
13/06/2011
- Opinión
A l’occasion du 7 juin – 300 jours (soit dix mois) après l’entrée en fonction du nouveau président colombien Juan Manuel Santos, de nombreuses organisations européennes ont haussé le ton, pour exiger des gouvernements du continent une pression plus conséquente et active sur Bogotá. Cette dénonciation repose sur le constat que les violations des droits humains et l’impunité quasi-totale persistent dans ce pays sud-américain.
« Les bonnes paroles ne freinent pas la violation des droits humains en Colombie », souligne ce document signé, entre autres par le Bureau international des droits humains-Action Colombie (OIDHACO), dont le siège se trouve à Bruxelles ; le Forum « Femmes et développement (Norvège) ; Pain pour le monde (Allemagne) ; le réseau italien « Colombie Vive », la DKA autrichienne, ainsi que 90 associations et partis dans l’Etat espagnol.
De juillet 2010 à avril 2011, 206 agressions individuelles contre des défenseur-e-s des droits humains – y compris 34 assassinats – ont été dénombrées, relève le document. 15 dirigeants paysans qui réclamaient le droit à la terre pour leurs communautés ont subi le même sort.
« Le drame du déplacement forcé continue… Durant le premier trimestre 2010, on à enregistré au Ministère de l’action sociale, 36.000 personnes comme victimes » de ce produit flagrant du conflit, soulignent les organisations européennes.
Elles soulignent le caractère étroit des avancées réelles, de la part du nouveau gouvernement, quant aux droits humains : on enregistre 29 nouveaux cas d’exécutions extra-judiciaires par les forces militaires ; environ 230 cas d’agressions contre des syndicalistes (dont 24 assassinats) ; 122 cas d’assassinats commis contre des dirigeants indigènes.
Le mandat constitutionnel relatif à la consultation préalable des peuples indigènes et des communautés afro-colombiennes n’est pas respecté.
« Nous partageons le contenu du document ‘300 jours de Juan Manuel Santos’. Par rapport au précédent gouvernement de Álvaro Uribe, le changement réel se limite au ton employé envers l’opposition politique, en feignant un dialogue constructif avec les organisations de la société civile », relève Stephan Suhner, coordinateur du Groupe de travail Suisse-Colombie, lors d’un entretien avec Le Courrier.
Malgré des expressions de bonne volonté de la part des nouvelles autorités – comme les lois sur les victimes ou sur la terre -, de nombreuses mesures (prises ou en cours d’application) sont insuffisantes.
Quant au thème prioritaire de la terre, « on parle de restituer 2 millions d’hectares aux paysans déplacés… Mais le total des terres volées dans le cadre du conflit interne est de 6 millions d’hectares. Que se passe-t-il avec les 4 millions restants ? », s’interroge Suhner.
L’expert suisse souligne que « dans le secteur minier – l’une des locomotives de cette nouvelle administration – et plus spécifiquement par rapport aux effets sur l’environnement, on ne voit aucune volonté de concertation avec les populations et les communautés directement affectées ».
Enfin, Suhner reconnaît certaines avancées en matière internationale, comme la résolution de la crise entre la Colombie et le Venezuela: « Je pense toutefois que ces pas positifs relèvent plutôt d’un calcul politique pour améliorer la réputation de la Colombie. Ainsi , la meilleure image du pays à l’extérieur facilitera la signature des traités de libre-commerce en suspens et plus généralement les investissements étrangers ».
L’OIDHACO (Bureau international des droits humains-Action Colombie) a transmis à l’Union européenne (UE) trois revendications centrales. L’Union europeénne doit exiger de la part de Bogotá : de véritables avancées, « car les chiffres concernant les violations des droits humains n’ont pas baissé sous le gouvernement de Juan Manuel Santos, ils ont augmenté ». Aussi, reconnaître publiquement l’existence de groupes para-militaires dans 32 départements du pays. Et, en plus, un engagement, de la part de Santos, dans la lutte contre l’impunité régnant dans ce pays, « qui avoisine 97 % des cas dénoncés », selon l’OIDHACO.
En effet, sur plus de 50.000 démobilisés présumés dans le cadre du processus ouvert par la loi 975, la Cour suprême de justice n’a prononcé qu’une seule condamnation ferme.
L’ONG espagnole Intermón-OXFAM dénonce le fait que, de 2001 à 2009, 490.000 femmes ont été victimes de violences sexuelles. Dans le cadre de la loi 975 « Justice et paix » (promulguée en 2005), les para-militaires ont confessé un total de 70.780 délits. De ce total, seuls 69 cas se réfèrent explicitement aux violences sexuelles. Jusqu’ici, aucune sentence n’a été prononcée contre ce type de crime, dénonce ce document.
Traduction : H.P.Renk, collaboration E-CHANGER
https://www.alainet.org/fr/active/47311
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