Des semences hybrides de Monsanto symboliquement brûlées à Hinche…

03/06/2010
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Une cérémonie symbolique, appelée “mystique”, de mise à feu d’une petite quantité de semences hybrides (de maïs) de l’entreprise transnationale Monsanto, a clôturé, dans l’après-midi du vendredi 04 juin 2010, sur la place publique Charlemagne Péralte de Hinche (à 128 kilomètres au nord-est de la capitale), une manifestation paysanne contre les possibles conséquences de cet intrant sur l’agriculture nationale, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Délivrées récemment, sous forme de don, au ministère haïtien de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr), les semences de maïs hybride de la transnationale Monsanto - acquises contre argent comptant par des cultivateurs - seraient déjà en cours d’expérimentation dans différents champs agricoles du pays, notamment dans l’Ouest d’Haïti, suivant les informations disponibles.
 
Or, une semence hybride présenterait des limites et laisserait des incidences dévastatrices pour les agriculteurs, surtout dans le ou les sols, sur lesquels elle est utilisée. [1]
 
Voilà pourquoi le Mouvement paysan de Papaye (Mpp, établi depuis 1973 dans cette section communale du chef-lieu du Centre d’Haïti), ainsi que de nombreuses organisations et associations partenaires lancent une campagne de mobilisation pour rejeter la présence des produits de Monsanto en Haïti.
 
“Avec l’implantation de [la transnationale] Monsanto en Haïti, les paysans n’auront plus de contrôle sur leur production agricole”, avertissent les organisateurs de la manifestation du 4 juin, qui demandent au Marndr de fournir des explications claires sur le “cadeau empoisonné fourni par Monsanto pour détruire l’agriculture en Haïti”.
 
A l’appel du Mpp, plusieurs milliers de paysannes et paysans ont marché, ce 4 juin, du centre de formation (Sant Lakay) de Papaye en direction de Hinche (environ 7 km) pour exiger le respect de la souveraineté alimentaire en Haïti.
 
Après l’opération (faite avec précaution) de mise à feu des semences de maïs hybride (les organisateurs ont évité d’inhaler la fumée du brûlis, pour prévenir des effets nocifs sur leur santé), des semences de maïs créole ont été distribuées à toutes les participantes et à tous les participants à la manifestation du vendredi 4 juin, qui ont accueilli avec enthousiasme ces intrants autochtones.
 
Pour initier leur mouvement, les manifestantes et manifestants ont symboliquement semé, sur une ferme expérimentale du Mpp à Papaye, des grains de maïs créole pour signifier leur détermination à consommer des produits créoles à partir de semences autochtones.
 
Tambour, vaccines, instruments à vent en bambou, musique d’ambiance, cris par corne de lambi (variété de fruit de mer tropical) ont accompagné, tout au long du parcours, les manifestantes et manifestants, portant des chapeaux “A bas Monsanto” et “ A bas Préval” et des maillots (de couleur rouge) charriant leurs desiderata contre des semences de maïs hybride ou de semences (organismes) génétiquement modifiées (Ogm).
 
A Hinche, les paysannes et paysans, venus de Papaye, ont été rejoints par de nombreux autres, sortis de Maïssade (à l’ouest de Hinche) ayant emprunté la route passant par la localité de Pandiassou.
 
“Nous participons à ce mouvement pour revendiquer en faveur du développement intégral de nos localités”, confie à AlterPresse une paysanne originaire de Bòk Banik, localité située non loin de Thomassique (à l’est de Hinche).
 
Des policiers nationaux et d’autres de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah) étaient présents le long de la marche, organisée par le mouvement paysan de Papaye.
 
En plus de la solidarité avec le secteur paysan en Haïti, la plupart des délégués, qui ont pris la parole au terme de la manifestation du 4 juin, ont stigmatisé la politique du gouvernement de René Garcia Préval (le président investi le 14 mai 2006) / Joseph Jean Max Bellerive (le Premier ministre du 11 novembre 2009), qu’ils accusent de “collusion avec l’impérialisme” de “vendeur de patrie et de patrimoine national”.
 
Pour ce début de mobilisation en faveur de semences autochtones et contre l’entreprise transnationale Monsanto, le Mouvement paysan de Papaye a reçu le support de la Fondasyon Men Kontre (Fondama, Fondation Mains Unies, regroupement nouvellement créé d’organisations paysannes), du regroupement 4 je kontre (littéralement 2 paires d’yeux se rencontrent), du réseau national haïtien pour la souveraineté et la sécurité alimentaire (Renahssa), de la Plete-forme nationale des organisations paysannes haïtiennes (Planopa), du regroupement Kaba grangou (faire cesser la faim), de Vétérinaires sans frontières (Vsf), de Frères des Hommes, de Développement et paix et d’Action Aid.
 
Ont également pris part à la manifestation des réprésentants du Mouvement paysan national du congrès de Papaye (Mpnkp), de l’Union des Petits Paysans (Tèt Kole), de la Coordination régionale des Organisations du Sud-Est (Cros), de la Coordination régionale des organisations des Nippes (Corenip, Sud-Ouest), du mouvement revendicatif des paysans de l’Artibonite (Morepla), de la Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) ainsi que de Via Campesina (République Dominicaine, Brésil et Etats-Unis d’Amérique), sans oublier des journalistes de divers médias nationaux et internationaux qui ont couvert l’événement.
 
Un documentaire, diffusé par le Mpp dans la soirée du jeudi 3 juin à la salle paroissiale de l’église catholique romaine de Hinche, a exposé les méfaits des produits de Monsanto à travers le monde (y compris l’Amérique latine) et du jeu d’influence dont a bénéficié cette entreprise transnationale auprès de la Food and drug administration (Fda) pour faire homologuer ses produits sur le territoire étasunien.
 
Les responsables de Monsanto ont donné une fin de non recevoir aux réalisateurs du documentaire, qu’ils ont soupconné “d’intérêts inavoués” dans leur recherche. [rc apr 04/06/2010 17:00]
 
[1] Il n’est pas intéressant de ressemer les graines récoltées. En effet, les plantes qui en résulteraient seraient différentes de la variété homogène F1, car il se produit à la deuxième génération une disjonction des caractères (en vertu de la troisième loi de Mendel). Il est donc nécessaire de racheter des semences chaque année car la production de semences F1 n’est pas à la portée de l’agriculteur moyen.
 
En France, la majeure partie des semences autorisées à la vente pour des plantes telles que le maïs, le tournesol et certaines espèces potagères sont des hybrides F1. Les agriculteurs ne peuvent donc plus conserver une partie de leur récolte comme semence d’une année sur l’autre. La généralisation des hybrides, associée à l’établissement d’un catalogue, rend captif le marché des semences.
 
La généralisation de l’emploi des hybrides F1, à l’exclusion d’autres approches, en agriculture intensive est contestée par des mouvements écologistes. Selon eux :
 
• les hybrides proposés à la vente encouragent une forte consommation d’intrants et portent donc une responsabilité dans les crises environnementales récentes ;
 
• leur généralisation et l’abandon consécutif des variétés traditionnelles pourraient se traduire par un appauvrissement à terme de la biodiversité domestique.
 
Source Wikipédia
https://www.alainet.org/fr/active/38772
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