Les mouvements sociaux internationaux demandent des gestes plus concrets de solidarité
16/05/2010
- Opinión
Moratoire sur sur les accords économiques signés (Ndlr : en 2009 : Haïti a signé un accord de partenariat économique avec l’Union européenne), annulation totale de la dette externe, respect de la souveraineté nationale d’Haïti : tels sont, entre autres, les souhaits formés, le 16 mai 2010, par les participantes et participants à “Enlazando alternativas” (EA4), au cours de leur assemblée générale (14-18 mai 2010) à Madrid, à la veille du sommet Ue/Amérique latine (auquel Haïti devrait prendre part) le 18 mai en Espagne.
P-au-P, 17 mai 2010 [AlterPresse] --- Les mouvements sociaux internationaux appellent les institutions financières internationales (Ifi) à poser des gestes plus concrets de solidarité avec la république d’Haïti, comme la fin des conditionnalités traditionnellement imposées, dans une déclaration spécifique, adoptée le 16 mai 2010 au cours de leur assemblée générale, à Madrid (du vendredi 14 au mardi 18 mai 2010), et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
“Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti ouvre une nouvelle période de crise dans ce pays (Haïti) durement affecté par une longue crise structurelle, résultat de plus de 500 ans de domination coloniale et néocoloniale, et par la mise en application de 30 années de politiques néolibérales”, relèvent les participantes et participants de “Enlazando alternativas” (EA4).
A la veille du sommet (le 18 mai 2010) de l’Union européenne (Ue) / Amérique latine et Caraïbes (Alc), dans la capitale espagnole, EA4 demande à l’Ue et aux gouvernements de ces États “la régularisation de tous les sans papiers et le respect des droits de tous les immigrés haïtiens dans un geste de réelle solidarité”.
Un moratoire de de trois (3) à cinq (5) ans sur les accords économiques internationaux signés par Haïti devrait être accordé à la république caribéenne.
Les mouvements sociaux internationaux exigent également une “annulation immédiate, totale, inconditionnelle et réelle de la dette externe – illégitime et illégale - réclamée à Haïti, et la mise en place de processus de réparations”.
Il faudrait parvenir à une coopération respectueuse de la souveraineté et de la dignité du Peuple haïtien, au lieu de “l’usage de la force militaire comme solution à la crise”, et garantir le respect de la souveraineté nationale, politique et économique du pays.
La mise en place de la commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (Cirh), décidée lors de la réunion de New York le 31 mars 2010 – et critiquée par de nombreux secteurs à l’intérieur du pays – “organise la mise sous tutelle de la population haïtienne et de ses représentants, créant ainsi un précédent inadmissible”, considèrent les participantes et participants à “Enlazando alternativas”.
Aussi, EA4 plaide-t-elle pour des actions pertinentes visant à assurer les droits des victimes du séisme, plus de 4 mois après le 12 janvier, et à éviter les shows médiatiques (elle cite la rencontre du 31 mars à New York) de la communauté internationale, pendant que les conditions d’existence de la population haïtienne ne sont pas encore en voie d’amélioration.
Depuis la catastrophe, le peuple haïtien affirme quotidiennement son courage et sa résistance par des gestes “exemplaires de solidarité, d’entraide et d’auto-organisation”, salués d’ailleurs par les mouvements sociaux internationaux qui s’étaient réunis dans la capitale ibérique.
“L’utilisation de l’alibi humanitaire, aux seules fins de défendre les intérêts géopolitiques, économiques et militaires étasuniens, avec la complicité de l’Ue, ne vise qu’à promouvoir les intérêts des entreprises multinationales qui veulent transformer Haïti en une zone franche unique, exploitant pleinement sa main d’œuvre bon marché et ses ressources naturelles”, dénonce EA4.
Le mouvement syndical haïtien dénommé “batay ouvriye” (Lutte ouvrière), qui projette d’organiser des actions de protestation à l’occasion du 18 mai 2010 (traditionnellement fête du drapeau et de l’université), pointe du doigt une série de programmes d’implantation prochaine (à une date non encore déterminée) de manufactures et d’autres entreprises de sous-traitance dans l’aire des camps de personnes déplacées après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Les ressortissantes et ressortissants nationaux doivent être les actrices centrales et acteurs centraux dans la définition des options qui déterminent leur avenir, préconisent les participantes et participants à “Enlazando alternativas” (EA4 à Madrid), réitérant leur appui “aux mouvements sociaux et aux organisations paysannes haïtiennes dans leur volonté de mettre en place une réponse alternative à la crise actuelle, qui soit conforme aux besoins fondamentaux du peuple haïtien”.
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