L’Afrique se rassemble au Kenya… via le Forum social mondial
18/01/2007
- Opinión
Nairobi, Kenya
L’un des principaux défis de la 7e session du Forum social mondial (FSM) – qui débutera le samedi 20 janvier 2007 à Nairobi – sera sa capacité à rassembler les acteurs sociaux les plus variés et les plus multiples à l’échelle africaine. Un pas considérable, vu l’histoire de cet espace altermondialiste planétaire né en 2001 et jusqu’ici en constante croissance.
L’objectif de « s’africaniser » est le point no 1 de l’agenda kényan du Forum. Après 4 sessions à Porto Alegre et l’intermède de Mumbai en 2004, qui a permis d’ancrer cette intiative en Inde, parmi les secteurs les plus marginalisés.
La tentative d’enracinement en Afrique implique non seulement un pas décisif dans l’existence même du FSM, mais aussi une opportunité incomparable pour un continent, condamné aujourd’hui à une totale maginalisation.
Auto-convocation africaine
« Le FSM peut devenir une réelle option d’avenir pour les peuples africains », affirme avec conviction Agrippine, une jeune Rwandaise exilée depuis 11 ans au Kenya.
Responsable d’un « cybercafé » au NARAP (un centre de l’Eglise catholique pour les éfugiés, à Nairobi), Agrippine ne cache pas sa satisfaction d’être présente au FSM comme interprète volontaire anglais-français.
Le plus important, précise-t-elle à propos de cette rencontre, c’est que « les citoyens de nombreux pays se rencontrent et pensent ensemble leur propre destin ».
Un argument partagé par Gaston Mulongoy, avocat congolais et animateur de la FDH (Fédération des droits humains) à Lumumbashi (République démocratique du Congo), arrivé à Nairobi pour participer au FSM. Sa venue, trois jours avant le début de la session, s’explique par son rôle d’animateur et de participant à un séminaire consacré à l’extraction minière et pétrolière dans l’Afrique orientale.
« La réalité de ma région est dramatique. Bien que nous ayons 50 % des réserves mondiales de cobalt et 10 % de celles de cuivre, les gens sont chaque jours plus pauvres ».
Pour sortir de cette situation, quasi sans solution, il est «essentiel que les Africains se mettent d’accord, d’abord entre eux, et aussi avec les milieux, dans le Nord, qui par conviction et par solidarité, sont prêts à devenir nos alliés dans la lutte pour défendre nos ressources naturelles.
En ce sens, précise Mulongoy, le FSM « est un espace irremplaçable pour chercher des solutions communes ». Il est impossible d’imaginer une solution réelle, par exemple en matière de ressources naturelles, « si les acteurs sociaux du Sud et du Nord n’agissent pas en synergie».
Cette conviction ne réduit pourtant pas le cadre des « énigmes » qui entourent cette 7e session. L’avocat-activiste social congolais les énumère avec précision : « Il faut assurer que la réunion de Nairobi soit la plus massive et la plus populaire possible ; d’autre part, nous devons profiter des expériences et des méthodologies de cette réunion pour les reproduire et les multiplier dans nos pays respectifs ».
Les participants congolais seront peu nombreux, explique Mulongoy. « Le voyage par terre est pratiquement impossible et le prix du billet d’avion s’élève à 700 dollars US ». D’où le rôle « multiplicateur que devront jouer tous ceux qui auront pu se rendre à Nairobi ».
Des interrogations ouvertes
Le FSM de la capitale kenyane réussira vraiment à se massifier, permettant ainsi son enracinement dans un point stratégique du troisième continent où il se réunit ? La question est ouverte et les réponses sont imprévisibles.
L’essentiel, affirme le professeur Peter Wanyande, c’est que « le FSM ne se réduise pas à un groupe d’intellectuels ou à la direction de quelques organisations non-gouvernementales ». Wanyande est convaincu de l’impact positif du Forum, si celui-ci parvient à se massifier.
Malgré l’optimisme croissant des organisateurs – qui parlent d’une possible participation de dizaines de milliers de personnes -, les paramètres ne sont pourtant pas clairement mesurables : ces jours-ci, ni les médias ni les murs de la capitale ne parlent de ce rassemblement.
« Au niveau du Parlement ou des organisations sociales, en dehors de Nairobi, on n’a pas parlé beaucoup du FSM », avoue Adelina Mwau. Cette dirigeante féministe du district méridional de Makueni, qui est l’une des 18 députées (sur plus de 280 sièges) au Parlement national, a confirmé sa participé au rassemblement du Stade national de Kasarani.
Le FSM atterrit en Afrique et le compte à rebours n’est pas encore terminé. Ce samedi 20 janvier, après le décompte, s’ouvrira pour 5 jours le rassemblement social international le plus important organisé dans ce continent. Un effort gigantesque et nécessaire. Le temps et l’avenir du FSM diront si cet effort a été suffisant…
- Sergio Ferrari
Trad. de l’espagnol : H.P. Renk
Collaboration E-CHANGER
L’un des principaux défis de la 7e session du Forum social mondial (FSM) – qui débutera le samedi 20 janvier 2007 à Nairobi – sera sa capacité à rassembler les acteurs sociaux les plus variés et les plus multiples à l’échelle africaine. Un pas considérable, vu l’histoire de cet espace altermondialiste planétaire né en 2001 et jusqu’ici en constante croissance.
L’objectif de « s’africaniser » est le point no 1 de l’agenda kényan du Forum. Après 4 sessions à Porto Alegre et l’intermède de Mumbai en 2004, qui a permis d’ancrer cette intiative en Inde, parmi les secteurs les plus marginalisés.
La tentative d’enracinement en Afrique implique non seulement un pas décisif dans l’existence même du FSM, mais aussi une opportunité incomparable pour un continent, condamné aujourd’hui à une totale maginalisation.
Auto-convocation africaine
« Le FSM peut devenir une réelle option d’avenir pour les peuples africains », affirme avec conviction Agrippine, une jeune Rwandaise exilée depuis 11 ans au Kenya.
Responsable d’un « cybercafé » au NARAP (un centre de l’Eglise catholique pour les éfugiés, à Nairobi), Agrippine ne cache pas sa satisfaction d’être présente au FSM comme interprète volontaire anglais-français.
Le plus important, précise-t-elle à propos de cette rencontre, c’est que « les citoyens de nombreux pays se rencontrent et pensent ensemble leur propre destin ».
Un argument partagé par Gaston Mulongoy, avocat congolais et animateur de la FDH (Fédération des droits humains) à Lumumbashi (République démocratique du Congo), arrivé à Nairobi pour participer au FSM. Sa venue, trois jours avant le début de la session, s’explique par son rôle d’animateur et de participant à un séminaire consacré à l’extraction minière et pétrolière dans l’Afrique orientale.
« La réalité de ma région est dramatique. Bien que nous ayons 50 % des réserves mondiales de cobalt et 10 % de celles de cuivre, les gens sont chaque jours plus pauvres ».
Pour sortir de cette situation, quasi sans solution, il est «essentiel que les Africains se mettent d’accord, d’abord entre eux, et aussi avec les milieux, dans le Nord, qui par conviction et par solidarité, sont prêts à devenir nos alliés dans la lutte pour défendre nos ressources naturelles.
En ce sens, précise Mulongoy, le FSM « est un espace irremplaçable pour chercher des solutions communes ». Il est impossible d’imaginer une solution réelle, par exemple en matière de ressources naturelles, « si les acteurs sociaux du Sud et du Nord n’agissent pas en synergie».
Cette conviction ne réduit pourtant pas le cadre des « énigmes » qui entourent cette 7e session. L’avocat-activiste social congolais les énumère avec précision : « Il faut assurer que la réunion de Nairobi soit la plus massive et la plus populaire possible ; d’autre part, nous devons profiter des expériences et des méthodologies de cette réunion pour les reproduire et les multiplier dans nos pays respectifs ».
Les participants congolais seront peu nombreux, explique Mulongoy. « Le voyage par terre est pratiquement impossible et le prix du billet d’avion s’élève à 700 dollars US ». D’où le rôle « multiplicateur que devront jouer tous ceux qui auront pu se rendre à Nairobi ».
Des interrogations ouvertes
Le FSM de la capitale kenyane réussira vraiment à se massifier, permettant ainsi son enracinement dans un point stratégique du troisième continent où il se réunit ? La question est ouverte et les réponses sont imprévisibles.
L’essentiel, affirme le professeur Peter Wanyande, c’est que « le FSM ne se réduise pas à un groupe d’intellectuels ou à la direction de quelques organisations non-gouvernementales ». Wanyande est convaincu de l’impact positif du Forum, si celui-ci parvient à se massifier.
Malgré l’optimisme croissant des organisateurs – qui parlent d’une possible participation de dizaines de milliers de personnes -, les paramètres ne sont pourtant pas clairement mesurables : ces jours-ci, ni les médias ni les murs de la capitale ne parlent de ce rassemblement.
« Au niveau du Parlement ou des organisations sociales, en dehors de Nairobi, on n’a pas parlé beaucoup du FSM », avoue Adelina Mwau. Cette dirigeante féministe du district méridional de Makueni, qui est l’une des 18 députées (sur plus de 280 sièges) au Parlement national, a confirmé sa participé au rassemblement du Stade national de Kasarani.
Le FSM atterrit en Afrique et le compte à rebours n’est pas encore terminé. Ce samedi 20 janvier, après le décompte, s’ouvrira pour 5 jours le rassemblement social international le plus important organisé dans ce continent. Un effort gigantesque et nécessaire. Le temps et l’avenir du FSM diront si cet effort a été suffisant…
- Sergio Ferrari
Trad. de l’espagnol : H.P. Renk
Collaboration E-CHANGER
https://www.alainet.org/fr/articulo/118880?language=en
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