Déclaration de Cuzco
08/08/2006
- Opinión
« Non pas que les Etats nous tendent la main, mais qu’ils lâchent leur emprise sur nous »
VERS LA CONSTRUCTION D’ETATS PLURINATIONAUX ET DE SOCIETES INTERCULTURELLES
Nous, organisations représentantes des Nationalités et des Peuples Quechuas, Kichwas, Aymaras, Mapuches, ainsi que des Cayambis, Saraguros, Guambianos, Koris, Lafquenches, Killakas, Urus, Larecajas, Kallawayas, Chuwis, Chinchaycochas, k´anas et autres peuples indigènes originaires de la région andine, réunis à Cuzco (Pérou), du 15 au 17 juillet 2006, pour le 1er Tantachawi/Congrès fondateur de la Coordination andine des organisations indigènes, tenons à communiquer à nos frères et sœurs de nos communautés, ayllus, markas, cabildos (conseils) et autres formes d’organisations de nos peuples, ainsi qu’aux exploités et opprimés des pays andins et à l’opinion publique internationale, la Déclaration suivante, qui résume le sens de nos débats et les objectifs que nous nous sommes donnés lors de ce 1er Congrès / Tantachawi.
NOUS REJETONS la nouvelle stratégie de colonisation capitaliste et néolibérale, au travers des traités de libre-échange (TLC en espagnol), qui ne servent pas seulement à réguler les échanges commerciaux, mais qui servent surtout à imposer de nouveaux mécanismes de subordination du vieil « Etat Nation », comme par exemple le frein mis aux contrôles sur les abus des entreprises transnationales, sous le prétexte de représenter des « expropriations indirectes » qui seraient dénoncées dans les tribunaux d’arbitrage étrangers, sans contrôle public et en dehors des lois et des sociétés nationales. L’histoire de la spoliation continue donc : après nous avoir imposé des Etats créoles « indépendants » mais qui ont conservé la même société coloniale d’exclusion, et aujourd’hui, cent ans après, bien que ces Etats aient échoué, ils acceptent le contrôle impérial, notamment en ce qui concerne le pillage des ressources naturelles : eau, minerais, hydrocarbures, bois, biodiversité entre autres.
NOUS VOYONS BIEN que cette néo-colonisation révèle la caducité des structures politiques, économiques et sociales desdits Etats Nations, des Etats uni-nationaux et uni-culturels, qui se sont formés et continuent à agir sur la base de l’exclusion de la large diversité des peuples, nations et communautés andines et qui n’ont pu établir, ni défendre les sociétés, les économies et les cultures des pays andins, ni même de leurs propres marchés internes.
NOUS NOUS AFFIRMONS dans notre fierté sociale et culturelle, basée sur nos savoirs, connaissances, valeurs, éthiques, technologies, en harmonie avec la mère nature, l’histoire et nos propres spiritualités, qui s’expriment dans la résistance de pratiques de solidarité, dualité, complémentarité, réciprocité, de contrôle social de tout type d’autorité, comme sources vives d’alternatives pour la reconstitution, sur de nouvelles bases, des pays andins. Chose d’autant plus urgente aujourd’hui que ces Etats sont de moins en moins « nationaux » et « démocratiques », après plus de cent ans de tentatives sous l’influence de groupes de pouvoir alliés du capital transnational et de ses agences.
NOUS AVONS FONDE lors de cette rencontre historique, sous le cri de Túpac Katari « Je reviendrai… et je serai des millions » la COORDINATION ANDINE D’ORGANISATIONS INDIGENES, formée par ECUANURI – Confédération des nationalités et des peuples Kichwas d’Equateur, CONACAMI – Confédération nationale des Communautés du Pérou touchées par l’exploitation minière – CONAMAQ – Conseil national d’Ayllus et de Markas du Qullasuyo de Bolivie, CITEM – Coordination des identités territoriales Mapuche, ONIC – Organisation nationale indigène de Colombie, CCP – Confédération paysanne du Pérou, CNA – Confédération nationale agraire, avec l’adhésion fraternelle d’organisations participantes mentionnées plus bas, et sous les principes ancestraux de Ama Sua (Honnêteté), Ama Llulla (Véracité) Ama Quella (Goût pour le travail), Dualité complémentaire, Réciprocité, Equité et Solidarité.
LE 1er CONGRES DE LA COORDINATION ANDINE D’ORGANISATIONS INDIGENES propose l’AGENDA INDIGENE ANDINE suivante, pour qu’il serve de base au débat institutionnel et politique dans nos pays. C’en est assez que d’autres nous « traduisent » ou nous « interprètent », ou que notre « participation » se limite à commenter l’agenda des autres - Banque mondiale, BID, CAN, Etats, ministères, ONG. Ce doit être le contraire : aujourd’hui c’est nous qui les invitons à débattre l’opinion et les propositions de nos peuples.
Territorialité et ressources naturelles
• Déclarer l’intangibilité des territoires des Peuples indigènes
• Non à la privatisation et à la marchandisation de l’eau et de la mère terre
• Articuler des stratégies de lutte pour expulser les transnationales de nos territoires. Un Etat pluri-national et une autre institutionnalité • Refondations en tant qu’Etats pluri-nationaux qui nous incluent, et sur la base des principes d’équilibre en matière d’égalité de conditions, de rotation, de réciprocité et de redistribution.
• Reconstruire les territoires et les institutionnalités des peuples indigènes
• Formation d’assemblées constituantes, avec des représentants des Ayllus, Markas et communautés, et non par le biais des partis ni d’élections traditionnelles Droits collectifs et autodétermination • Souscription, ratification et application de la Convention 169 du BIT, et que chaque Etat présente des rapports au sujet de son application
• Respect de l’autonomie et de nos propres formes d’organisation et de gouvernement, et que cela soit reconnu par un nouveau contrat social
• Vigueur de nos droits collectifs à la culture, identité, santé et éducation, en accord avec nos us et coutumes
• Vigueur du droit à la consultation et consentement pour toute politique et tout projet ayant trait aux ressources naturelles. Reconstitution et intégration des peuples et des nationalités • Vers la confédération des nationalités et des peuples indigènes du Tawantinsuyo et Abya Yala
• Développement de l’éducation bilingue et interculturelle pour parvenir à des modèles de vie d’autosuffisance en matière de consommation et de commerce équitable entre peuples indigènes Participation politique indigène • Participation politique dans des processus nationaux, basée sur le travail des communautés, pour qu’elles en prennent l’initiative et prennent des décisions. NOUS REITERONS que la structure de la COORDINATION ANDINE reprend les principes communautaires et indigènes de contrôle collectif, de rotation, de « commander en obéissant », d’unité dans la diversité, représentée par les délégués et déléguées des organisations de chaque pays membre. NOUS APPELONS les femmes et les hommes, exploités, opprimés et marginalisés, paysans, cocaleros, ribereños, afro-américains, habitants des favelas, ranchos, barriadas, les « informels », étudiants, ouvriers, intellectuels et tous les autres groupes sociaux dans la diversité de formes organisationnelles de la ville et de la campagne, à résister à la sauvagerie capitaliste néolibérale, à NOUS UNIR POUR UNE LIBERATION DE TOUS CONTRE TOUT TYPE D’EXPLOITATION ET D’OPPRESSION, libération pour laquelle cet Agenda indigène est une contribution, que nous vous invitons à analyser et à articuler avec les processus plus larges d’unité dans la diversité. NOUS REJETONS toute forme de politique interventionniste et belliqueuse, de persécution politique par les Etats à l’encontre de leaders et d’autorités indigènes originaires, parce qu’ils élèvent leur voix en faveur des droits des Peuples, et nous dénonçons l’assassinat sélectif des leaders indigènes. Non à la criminalisation des luttes des peuples indigènes et des mouvements sociaux. NOUS PROPOSONS que toutes les instances internationales (multilatérales, Nations unies et autres) cessent de nous rendre invisibles et de nous substituer, et prennent en compte nos droits, et en particulier que la Communauté andine des nations et le MERCOSUR, dans tous leurs processus et décisions, respectent nos Droits collectifs, en nous consultant et avec notre consentement. De la même manière, que l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) respecte nos droits de territorialité, autonomie et patrimoine intellectuel et culturel, et son caractère collectif et trans-générationnel. NOUS RATIFIONS notre soutien et notre participation active dans les processus d’alliances internationales, comme le Forum social des Amérique, le Forum social mondial et le 3e Sommet continental des peuples indigènes qui se tiendra en mars 2007, et pour l’articulation d’Autres mondes possibles alternatifs au système néolibéral globalisant. NOUS REITERONS notre solidarité avec les processus sociaux et les gouvernements progressistes du Venezuela, Cuba et Bolivie, qui cherchent à ouvrir de nouvelles voies alternatives pour les peuples, ainsi que notre exigence de liberté pour les lutteurs sociaux du monde entier. Il est décidé que le 2e Tantachawi/Congrès de la Coordination andine d’organisations indigènes se tiendra à Quito, en Equateur. On nous a coupé les branches, les feuilles... mais pas les racines… et aujourd’hui nous voici de retour ! Par dix fois on nous a frappés… par dix fois nous nous relèverons ! Cuzco, le 17 juillet 2006 Tomás Huanacu Tito
Président du 1er Tantachawi/Congrès • COORDINADORA ANDINA DE ORGANIZACIONES INDÍGENAS
• ECUARUNARI, Confederación de las Nacionalidades y Pueblos Kichwas del Ecuador
• CONACAMI, Confederación Nacional de Comunidades del Perú Afectadas por la Minería
• CONAMAQ, Consejo Nacional de Ayllus y Markas del Qullasuyo de Bolivia.
• CITEM, Coordinación de Identidades Territoriales Mapuche
• ONIC, Organización Nacional Indígena de Colombia
• ONPIA, Organización Nacional de Pueblos Indígenas de Argentina
• Consejo Nacional Aymara de Chile
• CCP – Confederación Campesina del Perú
• CNA- Confederación Nacional Agraria
• CSUTCB – Confederación Sindical Única de Trabajadores y Campesinos de Bolivia
• Federación Nacional de Mujeres BARTOLINA SISA del Qullasuyu.
• Non à la privatisation et à la marchandisation de l’eau et de la mère terre
• Articuler des stratégies de lutte pour expulser les transnationales de nos territoires. Un Etat pluri-national et une autre institutionnalité • Refondations en tant qu’Etats pluri-nationaux qui nous incluent, et sur la base des principes d’équilibre en matière d’égalité de conditions, de rotation, de réciprocité et de redistribution.
• Reconstruire les territoires et les institutionnalités des peuples indigènes
• Formation d’assemblées constituantes, avec des représentants des Ayllus, Markas et communautés, et non par le biais des partis ni d’élections traditionnelles Droits collectifs et autodétermination • Souscription, ratification et application de la Convention 169 du BIT, et que chaque Etat présente des rapports au sujet de son application
• Respect de l’autonomie et de nos propres formes d’organisation et de gouvernement, et que cela soit reconnu par un nouveau contrat social
• Vigueur de nos droits collectifs à la culture, identité, santé et éducation, en accord avec nos us et coutumes
• Vigueur du droit à la consultation et consentement pour toute politique et tout projet ayant trait aux ressources naturelles. Reconstitution et intégration des peuples et des nationalités • Vers la confédération des nationalités et des peuples indigènes du Tawantinsuyo et Abya Yala
• Développement de l’éducation bilingue et interculturelle pour parvenir à des modèles de vie d’autosuffisance en matière de consommation et de commerce équitable entre peuples indigènes Participation politique indigène • Participation politique dans des processus nationaux, basée sur le travail des communautés, pour qu’elles en prennent l’initiative et prennent des décisions. NOUS REITERONS que la structure de la COORDINATION ANDINE reprend les principes communautaires et indigènes de contrôle collectif, de rotation, de « commander en obéissant », d’unité dans la diversité, représentée par les délégués et déléguées des organisations de chaque pays membre. NOUS APPELONS les femmes et les hommes, exploités, opprimés et marginalisés, paysans, cocaleros, ribereños, afro-américains, habitants des favelas, ranchos, barriadas, les « informels », étudiants, ouvriers, intellectuels et tous les autres groupes sociaux dans la diversité de formes organisationnelles de la ville et de la campagne, à résister à la sauvagerie capitaliste néolibérale, à NOUS UNIR POUR UNE LIBERATION DE TOUS CONTRE TOUT TYPE D’EXPLOITATION ET D’OPPRESSION, libération pour laquelle cet Agenda indigène est une contribution, que nous vous invitons à analyser et à articuler avec les processus plus larges d’unité dans la diversité. NOUS REJETONS toute forme de politique interventionniste et belliqueuse, de persécution politique par les Etats à l’encontre de leaders et d’autorités indigènes originaires, parce qu’ils élèvent leur voix en faveur des droits des Peuples, et nous dénonçons l’assassinat sélectif des leaders indigènes. Non à la criminalisation des luttes des peuples indigènes et des mouvements sociaux. NOUS PROPOSONS que toutes les instances internationales (multilatérales, Nations unies et autres) cessent de nous rendre invisibles et de nous substituer, et prennent en compte nos droits, et en particulier que la Communauté andine des nations et le MERCOSUR, dans tous leurs processus et décisions, respectent nos Droits collectifs, en nous consultant et avec notre consentement. De la même manière, que l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) respecte nos droits de territorialité, autonomie et patrimoine intellectuel et culturel, et son caractère collectif et trans-générationnel. NOUS RATIFIONS notre soutien et notre participation active dans les processus d’alliances internationales, comme le Forum social des Amérique, le Forum social mondial et le 3e Sommet continental des peuples indigènes qui se tiendra en mars 2007, et pour l’articulation d’Autres mondes possibles alternatifs au système néolibéral globalisant. NOUS REITERONS notre solidarité avec les processus sociaux et les gouvernements progressistes du Venezuela, Cuba et Bolivie, qui cherchent à ouvrir de nouvelles voies alternatives pour les peuples, ainsi que notre exigence de liberté pour les lutteurs sociaux du monde entier. Il est décidé que le 2e Tantachawi/Congrès de la Coordination andine d’organisations indigènes se tiendra à Quito, en Equateur. On nous a coupé les branches, les feuilles... mais pas les racines… et aujourd’hui nous voici de retour ! Par dix fois on nous a frappés… par dix fois nous nous relèverons ! Cuzco, le 17 juillet 2006 Tomás Huanacu Tito
Président du 1er Tantachawi/Congrès • COORDINADORA ANDINA DE ORGANIZACIONES INDÍGENAS
• ECUARUNARI, Confederación de las Nacionalidades y Pueblos Kichwas del Ecuador
• CONACAMI, Confederación Nacional de Comunidades del Perú Afectadas por la Minería
• CONAMAQ, Consejo Nacional de Ayllus y Markas del Qullasuyo de Bolivia.
• CITEM, Coordinación de Identidades Territoriales Mapuche
• ONIC, Organización Nacional Indígena de Colombia
• ONPIA, Organización Nacional de Pueblos Indígenas de Argentina
• Consejo Nacional Aymara de Chile
• CCP – Confederación Campesina del Perú
• CNA- Confederación Nacional Agraria
• CSUTCB – Confederación Sindical Única de Trabajadores y Campesinos de Bolivia
• Federación Nacional de Mujeres BARTOLINA SISA del Qullasuyu.
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