La loi antiterroriste et le terrorisme d’État

29/03/2005
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Après la chute du mur de Berlin, nous étions nombreux à penser que le monde entrait dans une étape de collaboration et de renforcement des démocraties. Nous nous sommes trompés et nous devons assumer la situation. Toutes ces espérances se sont écroulées à cause d’intérêts politiques, économiques, militaires et idéologiques. Les États-Unis se sont transformés en un empire qui cherche à imposer le totalitarisme globalisé. Pour y arriver, il a besoin de contrôler les gouvernements et de soumettre les organismes internationaux comme les Nations Unies, le Fond monétaire international et la Banque mondiale entre autres. L’arrivée de Georges Bush au gouvernement et les attaques terroristes par des groupes fondamentalistes contre les tours jumelles le 11 septembre 2001 ont permis à son gouvernement d’amorcer l’imposition de politiques de guerres préventives pour justifier l’injustifiable. Les guerres contre l’Afghanistan et l’Irak marquent avec force cette détermination du gouvernement des Etats-Unis qui exerce le terrorisme d’État, les tortures et les violations systématiques des droits humains avec une totale et absolue impunité, ceci en ignorant tous les Accords, Protocoles, Conventions internationales, la Cour pénale internationale et en exigeant d’autres pays l’immunité pour ses troupes afin de perpétrer tout type de violations sans être jugés par les tribunaux des pays où ils pourraient commettre ces délits. Dans le cadre de cet état de choses, le gouvernement des États-Unis cherche à imposer des lois antiterroristes à la mesure de ses intérêts, pour le contrôle des organisations et groupes qu’il considère ennemis. Il fait pression sur les gouvernements d’autres pays pour faire approuver celles-ci ainsi que des lois de contrôle social, de sorte que tous ceux qui ne sont pas d’accord avec ses politiques soient considérés comme terroristes, déclarés ou clandestins, qualifiant ceux qui le sont et ceux qui peuvent le devenir. Hugo Chávez au Venezuela, Evo Morales en Bolivie, Fidel Castro à Cuba, (pays qui a subi plus de 45 ans d’embargo), la Corée du Nord entrent dans ces catégories. On accuse la résistance en Afghanistan et en Irak d’être terroriste alors que ces pays sont envahis par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et ses alliés qui se livrent à toutes sortes d’atrocités. Le gouvernement Bush omet, passe sous silence, le terrorisme d’État qu’il applique à d’autres pays et il justifie l’impunité juridique. Il est important de rappeler l’application du terrorisme d’État de la part des Etats-Unis : l’invasion, les bombardements et assassinats de la population civile au Panama; dix ans d’attaques et de guerre de basse intensité contre le Nicaragua ainsi que des bombardements et minages des ports de ce pays par la CIA; les invasions d’Haïti, la détention et l’expulsion du président Bertrand Aristide, les dictatures militaires qu’ils ont appuyées en Amérique latine, la grande complicité et l’appui donné au dictateur Augusto Pinochet par le secrétaire d’État d’alors, Henry Kissinger. Aussi, la Russie, avec son président Poutine, applique la répression et le terrorisme d’État contre les ex-colonies de l’Union soviétique; par l’invasion du Tibet, la Chine a provoqué un génocide et un ethnocide qui perdurent jusqu’à présent avec la complicité silencieuse des grandes puissances et des Nations Unies. La loi antiterroriste en Argentine, qui se trouve au Parlement pour approbation, ne définit pas le délit de terrorisme à la demande expresse du gouvernement des Etats-Unis. Elle vise seulement le terrorisme de groupes qui agissent dans la clandestinité comme les guérillas, mais évite toute mention de ce terrorisme d’État dont nous avons souffert dans le pays et sur tout le continent latino-américain sous les dictatures militaires. Les juristes et spécialistes internationaux ont affirmé qu’il est nécessaire de définir et de préciser la notion de terrorisme et d’éviter que des indéterminations et la caractérisation du délit ne permettent des interprétations arbitraires de la part des gouvernements. Il est nécessaire d’empêcher que cette loi soit utilisée pour réprimer les protestations sociales et l’opposition politique. Il est fondamental que la Chambre des députés et la Commission des Droits humains examinent avec attention la portée de la loi et évitent de tomber dans la manipulation et les pressions sur le gouvernement national pour imposer une loi qui, au lieu de résoudre un problème grave qui guette la société, ne serve qu’à dissimuler intentionnellement la pratique de la répression des protestations sociales et ne justifie le contrôle social. Ce serait un retour aux politiques aberrantes que nous avons déjà vécues dans le pays et sur tout le continent. Il faut nous rappeler et mettre en évidence le terrorisme d’État vécu en Argentine et en Amérique latine. C’est une longue liste de la tragédie de l’humanité et des peuples. En Argentine, cette politique a coûté la vie à 30 000 disparus, au Guatemala il y a eu plus de 200 000 morts et disparus, au Salvador 70 000 morts. Comment oublier la souffrance et la vie de ces peuples ? Nous exigeons du gouvernement et des législateurs qu’ils agissent avec responsabilité historique et ne cèdent pas aux pressions et à la facilité hypocrite qui ont coûté si cher au peuple argentin. Retenons comme exemple les lois sur l’impunité dont nous subissons les conséquences jusqu’à présent.
https://www.alainet.org/fr/articulo/111692
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