Un menu avec des aliments kilométriques pour Noël
12/12/2013
- Opinión
Noël approche ainsi que les réveillons en famille ou avec des amis… Noël est une fête éminemment gastronomique. A côté des grands classiques culinaires, on trouve de plus en plus de plats comme les langoustes, la salade d’ananas et le foie gras, parmi d’autres. Mais d’où viennent ces aliments ? Combien de kilomètres ont-ils parcouru avant d’atterrir dans nos assiettes ? Comment ont-ils été élaborés ?
Un rapport des Amis de la Terre indique que la distance moyenne que fait un aliment du champ à la table est de plus de 5.000 Km, avec tout ce que cela entraîne pour l’environnement. Si l’on tient compte du fait que certains de ces produits sont de proximité, cela signifie que d’autres viennent vraiment de très loin. Mais ce qui est le plus paradoxal, c’est qu’on peut également trouver une partie importante de ces derniers au niveau local. Pourquoi donc viennent-ils de si loin ? La réponse se trouve dans les bas salaires, la persécution syndicale et la législation environnementale flexible en vigueur dans de nombreux pays du sud et qui offrent des profits importants au secteur agro-alimentaire. Que ce modèle génère des gaz à effet de serre, l’exploitation du travail et une alimentation de qualité médiocre, cela ne semble pas important.
Si on analyse le menu de Noël, on se rend compte qu’un bon nombre des produits que nous consommons a voyagé sur des milliers de Km avant d’arriver chez nous. Les langoustes, que l’on consomme fréquemment à cette période de l’année, constituent un bon exemple. La majorité provient d’Amérique latine ou d’Asie. Outre le long voyage jusqu’à nos tables, leur production a un impact très négatif du point de vue social (des salaires de misère et l’utilisation systématique d’agents chimiques et antibiotiques pour les conserver) et écologique (dévastation des fonds marins par le chalutage en eaux profondes et destruction des forêts de mangroves pour construire des fabriques piscicoles). L’Etat espagnol est le principal importateur de langoustes de l’Union européenne.
Ces derniers temps, les ananas sont devenus un autre classique des fêtes de Noël, mais les trois quart de ceux qui sont commercialisés en Europe proviennent du Costa Rica. Une poignée de plantations et de multinationales monopolisent sa production et imposent des conditions de travail extrêmement précaires. Un rapport de Consumers International indique que les travailleurs de ce secteur souffrent de graves problèmes de santé à cause de l’utilisation massive d’agro-chimiques, et leur droit à l’organisation est quasiment inexistant du fait de la politique anti-syndicale des entreprises.
Même un aliment typique de fin d’année comme le raisin provient majoritairement du Chili. S’il y avait auparavant des variétés locales avec une maturation lente, comme le raisin de Noël, aujourd’hui la majeure partie du raisin consommé lors des fêtes provient de l’autre bout de la planète. Si nous optons pour le melon au jambon, il ne s’agit plus de la variété du melon de Noël, nous achetons des produits qui ont été conservés pendant des mois dans des chambres frigorifiques, où bon nombre de ses propriétés ont été perdues, ou qui viennent de lieux aussi éloignés que l’Amérique du Sud.
Le poulet rôti, farci ou le chapon rôti sont d’autres plats typiques. La consommation de viande, nous dit-on, est indispensable dans ces fêtes. Une chanson populaire catalane le dit ainsi ; « Ara ve Nadal, matarem el gall i a la tia Pepa li donarem un tall » (Noël arrive, on tuera le coq et on donnera un morceau à la tante Pepa). Mon grand-père faisait ainsi chaque 25 décembre, mais au lieu d’un coq il tuait une poule de son poulailler. Aujourd’hui, néanmoins, nous consommons des animaux engraissés avec des aliments transgéniques, qui ont parcouru des milliers de Km, à qui on a injecté préventivement de fortes doses de médicaments et qui sont issus d’élevages intensifs où ils ont été traités sans aucun égard pour leurs droits comme des « choses ». Et ne parlons pas du foie gras, servi comme entrée, ni de comment il s’élabore.
Les aliments kilométriques constituent désormais une partie importante de notre alimentation quotidienne. Une nourriture chargée d’injustice avec les personnes, les animaux et l’environnement. L’alternative réside dans la consommation locale, écologique, sans exploitation animale. Une agriculture paysanne, de proximité, à petite échelle. Optons pour une consommation critique, tant à Noël que les 365 jours de l’année !
Article publié initialement en catalan sur « etselquemenges.cat », 10/12/2013.
Source :
http://esthervivas.com/presentacio/un-menu-con-alimentos-kilometricos-para-navidad/
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera.
Un rapport des Amis de la Terre indique que la distance moyenne que fait un aliment du champ à la table est de plus de 5.000 Km, avec tout ce que cela entraîne pour l’environnement. Si l’on tient compte du fait que certains de ces produits sont de proximité, cela signifie que d’autres viennent vraiment de très loin. Mais ce qui est le plus paradoxal, c’est qu’on peut également trouver une partie importante de ces derniers au niveau local. Pourquoi donc viennent-ils de si loin ? La réponse se trouve dans les bas salaires, la persécution syndicale et la législation environnementale flexible en vigueur dans de nombreux pays du sud et qui offrent des profits importants au secteur agro-alimentaire. Que ce modèle génère des gaz à effet de serre, l’exploitation du travail et une alimentation de qualité médiocre, cela ne semble pas important.
Si on analyse le menu de Noël, on se rend compte qu’un bon nombre des produits que nous consommons a voyagé sur des milliers de Km avant d’arriver chez nous. Les langoustes, que l’on consomme fréquemment à cette période de l’année, constituent un bon exemple. La majorité provient d’Amérique latine ou d’Asie. Outre le long voyage jusqu’à nos tables, leur production a un impact très négatif du point de vue social (des salaires de misère et l’utilisation systématique d’agents chimiques et antibiotiques pour les conserver) et écologique (dévastation des fonds marins par le chalutage en eaux profondes et destruction des forêts de mangroves pour construire des fabriques piscicoles). L’Etat espagnol est le principal importateur de langoustes de l’Union européenne.
Ces derniers temps, les ananas sont devenus un autre classique des fêtes de Noël, mais les trois quart de ceux qui sont commercialisés en Europe proviennent du Costa Rica. Une poignée de plantations et de multinationales monopolisent sa production et imposent des conditions de travail extrêmement précaires. Un rapport de Consumers International indique que les travailleurs de ce secteur souffrent de graves problèmes de santé à cause de l’utilisation massive d’agro-chimiques, et leur droit à l’organisation est quasiment inexistant du fait de la politique anti-syndicale des entreprises.
Même un aliment typique de fin d’année comme le raisin provient majoritairement du Chili. S’il y avait auparavant des variétés locales avec une maturation lente, comme le raisin de Noël, aujourd’hui la majeure partie du raisin consommé lors des fêtes provient de l’autre bout de la planète. Si nous optons pour le melon au jambon, il ne s’agit plus de la variété du melon de Noël, nous achetons des produits qui ont été conservés pendant des mois dans des chambres frigorifiques, où bon nombre de ses propriétés ont été perdues, ou qui viennent de lieux aussi éloignés que l’Amérique du Sud.
Le poulet rôti, farci ou le chapon rôti sont d’autres plats typiques. La consommation de viande, nous dit-on, est indispensable dans ces fêtes. Une chanson populaire catalane le dit ainsi ; « Ara ve Nadal, matarem el gall i a la tia Pepa li donarem un tall » (Noël arrive, on tuera le coq et on donnera un morceau à la tante Pepa). Mon grand-père faisait ainsi chaque 25 décembre, mais au lieu d’un coq il tuait une poule de son poulailler. Aujourd’hui, néanmoins, nous consommons des animaux engraissés avec des aliments transgéniques, qui ont parcouru des milliers de Km, à qui on a injecté préventivement de fortes doses de médicaments et qui sont issus d’élevages intensifs où ils ont été traités sans aucun égard pour leurs droits comme des « choses ». Et ne parlons pas du foie gras, servi comme entrée, ni de comment il s’élabore.
Les aliments kilométriques constituent désormais une partie importante de notre alimentation quotidienne. Une nourriture chargée d’injustice avec les personnes, les animaux et l’environnement. L’alternative réside dans la consommation locale, écologique, sans exploitation animale. Une agriculture paysanne, de proximité, à petite échelle. Optons pour une consommation critique, tant à Noël que les 365 jours de l’année !
Article publié initialement en catalan sur « etselquemenges.cat », 10/12/2013.
Source :
http://esthervivas.com/presentacio/un-menu-con-alimentos-kilometricos-para-navidad/
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera.
https://www.alainet.org/fr/articulo/81643?language=en
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