La réalité des femmes dans les partis politiques

26/05/2014
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En dépit de nombreuses luttes, menées par les féministes en faveur de la participation politique des femmes, les partis politiques demeurent des espaces, dans lesquels les femmes ont de grandes difficultés à occuper des postes de direction.
 
Le machisme n’épargnerait donc pas les structures politiques, observe l’agence en ligne AlterPresse.
 
Marie Claude Dorcé, responsable de la commission anti-sexiste du parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl) confie à AlterPresse que le comité exécutif de 13 membres du parti ne compte aucune femme.
 
« Au congrès de 2011, pourtant 2 femmes ont été candidates », précise Dorcé.
 
Il semble que, dans ce parti, la tendance n’est pas nouvelle, puisque le comité précédent a compté une seule femme sur ses 9 membres.
 
« La situation n’est pas totalement différente dans les comités départementaux », poursuit-elle.
 
Le parti Fusion des sociaux-démocrates, dirigé par l’ancienne sénatrice Edmonde Supplice Beauzile, ne compte « aucune coordonnatrice dans les 10 départements géographiques et les 12 régions politiques ».
 
« On n’a que quelques coordonnatrices communales », affirme Supplice Beauzile.
 
Le parti Action pour une Haïti organisée (Akao, en Créole) n’a qu’une seule femme à sa direction politique de 15 membres, informe Christian Rousseau, l’un de ses porte-parole.
 
Quelles explications ?
 
« Les partis politiques sont des structures patriarcales, donc contrôlées par des hommes. Cela se reflète d’ailleurs dans l’organisation même du parti », signale Dorcé, se référant à certaines théories féministes.
 
De son côté, Supplice Beauzile élargit son explication à la société, en général, qui « met des obstacles sur le chemin de la participation politique des femmes ».
 
« Dans plusieurs des cas, ce n’est pas la structure du parti qui est responsable de la non-expression féminine », poursuit-elle.
 
Tout en affirmant que l’une des priorités de son parti est de « favoriser l’accès des femmes à une véritable égalité », Rousseau soutient qu’il ne faut pas voir la question du genre de manière isolée.
 
« A Akao, nous lions cette lutte à la lutte globale contre le système d’exploitation », fait-il remarquer.
 
Participation politique féminine et idéologie
 
La participation des femmes ainsi que des jeunes constitue un des piliers de la social-démocratie, dont se réclame le parti Fusion, déclare l’ancienne sénatrice de la république.
 
« Nous voulons tirer profit des richesses de la lutte des femmes. Mais il est clair que nous ne serons proches que d’un mouvement féministe se revendiquant clairement d’une orientation socialiste », affirme fermement Rousseau de Akao.
 
Dorcé soulève la tension historique entre l’idéologie de gauche et le féminisme, mais concède que la gauche serait davantage rattachée à la lutte des femmes.
 
« Mais, ce n’est pas donné ».
 
Le problème de l’inégalité des sexes, qui a libre cours dans la société haïtienne, persiste aussi dans les partis politiques.
 
C’est donc une lutte quotidienne dans les partis, confirme Supplice Beauzile de la Fusion.
 
« Il ne suffit pas de se fier aux discours, politiquement corrects, des chefs de partis sur la participation politique des femmes. Il faut qu’un travail soit fait avec les militantes et militants de base, là où ça joue en défaveur des femmes », préconise Dorcé de l’Opl.
 
L’exclusion d’une majorité ne peut nullement favoriser le développement, selon Supplice Beauzile qui souligne combien les femmes représentent environ 52% de la population haïtienne.
 
Avant tout, il importe que les femmes soient présentes dans les partis politiques.
 
Il faut bien qu’elles les intègrent pour lutter en faveur de cette participation politique.
 
« En politique, on ne fait pas de cadeau », dit Marie Claude Dorcé.
 
 
https://www.alainet.org/es/node/85859?language=es
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