Les stéréotypes sur les femmes dans le langage populaire
26/05/2014
- Opinión
Certains proverbes et certaines expressions, utilisés en Haïti, renferment des stéréotypes sur les femmes.
Cependant, la population n’est pas toujours consciente que leur utilisation participe à la pérennisation de l’ordre patriarcal, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Dégradants, encourageant la violence faite aux femmes ou promouvant la supériorité masculine, ces éléments d’un certain langage populaire par ignorance seraient même considérés comme des compliments pour les femmes haïtiennes.
« Ce ne sont pas uniquement des paroles. Elles charrient une conception de la vie, des relations homme-femme, des rôles sexuels. En gros, elles sont l’expression de la situation inégalitaire entre les hommes et femmes, sur la base du sexe dans la société en général », soutient la sociologue Danièle Magloire, membre du conseil de direction de l’organisation féministe Kay Fanm.
« Fanm poto mitan (poutre du milieu) » et « fanm se kajou (la femme est en acajou) » sont deux expressions utilisées, dans la société haïtienne, pour caractériser les femmes qui traduisent, selon les féministes, des stéréotypes renforçant le patriarcat.
Femmes « poto mitan »
« Les femmes sont des « poto mitan », en général dans les foyers. Ce qui signifie qu’elles sont le pion central pour faire fonctionner leurs ménages. « Les designer comme « poto mitan » est une façon subtile et adroite de déresponsabiliser les hommes », argue Magloire.
A première vue, dire des femmes qu’elles sont des « poto mitan » peut s’apparenter à un compliment, vu que « le poto mitan » est le support central d’un édifice et un élément fondamental dans le culte vodou.
Une autre sociologue voit la femme « poto mitan » comme figure de colonialité, la place qu’a occupée la femme noire esclave dans les « places à vivres ».
Femmes « acajou » : encourager la violence
« Comparer les femmes à l’acajou, c’est dire clairement qu’elles peuvent être l’objet de coups, de bastonnades et autres formes de violence, autant de fois que le décident les hommes, puisqu’elles sont, de par nature, réparables. L’expression « fanm se kajou » est donc fondamentalement violente », lance Magloire.
Les meubles, faits en acajou, sont réputés de bonne qualité, solides et résistants. Même s’ils sont abimés, les menuisiers trouvent toujours moyen de les réparer.
Pour Magloire, les deux désignations « fanm poto mitan » et « fanm kajou » sont liées à un désir de déresponsabiliser les hommes dans les familles.
« Laissons les femmes croupir sous le joug de la charge familiale, leur situation changera quand même. Elles sont assez fortes pour ça. Ce sont des êtres de qualité supérieure », ironise la sociologue Magloire, avec un air de révolte.
Plaidoyer pour le changement de certaines lois, programmes pour favoriser le changement de comportement et des mentalités, lutte pour une éducation sans stéréotypes sexuels, pour le respect concret des droits des femmes, sont, entre autres, des actions à mener pour éliminer ces types de stéréotypes dans l’imaginaire collectif haïtien.
https://www.alainet.org/es/node/85857?language=es
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