Des discours à la réalité des 5 "E"... et s’il s’agissait d’un E = Echec ?

16/05/2014
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Si, pour le gouvernement, le mercredi 14 mai 2014 ramène 3 années de « progrès et de développement » - qu’il fallait, d’ailleurs, venir célébrer dans l’aire du Champ-de-Mars, aux abords des ruines du palais présidentiel, à Port-au-Prince, sous le couvert d’un « concert patriotique » -, la réalité quotidienne semble indiquer un tout autre état de fait, suivant les observations et la compréhension de certaines personnalités abordées par AlterPresse.
 
C’est d’abord Mirlande Hyppolite Manigat, rivale de Michel Martelly aux élections présidentielles de 2010, qui cherche à voir où l’équipe gouvernementale a atterri ses 5 "E".
 
Se voulant objective, la secrétaire générale du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp), ne s’attendait pas à la résolution des problèmes du pays « en 3 ans, même pas en 5 ans ».
 
Elle juge qu’ils « pourraient être posés, abordés et conceptualisés ».
 
Tel n’est pas, cependant, le cas, déplore-t-elle.
 
A la place de tout cela, « nous avons eu droit à un matraquage médiatique », un semblant de communication, regrette la responsable politique.
 
La secrétaire générale du Rndp affirme avoir toujours compris que « Monsieur Martelly n’avait pas un programme » et n’a jamais été « sérieux » dans ses promesses.
 
Une panne de planification
 
Quant aux 5 "E" essentiels de Martelly et de l’équipe gouvernementale qui l’accompagne, ce n’est que du « bluff », dixit Mirlande Manigat.
 
Dans sa quête de l’atterrissage de l’E de l’éducation, Mirlande Manigat invite à faire un voyage inquiétant, qui offre un paysage d’« d’enseignants et d’élèves en grève », pour réclamer de meilleures conditions de travail.
 
Une stagnation du système éducatif avec les mêmes programmes, les mêmes méthodes, où 80% des écoles continuent d’être privées. Tout, sous le regard d’un État qui n’a pas de politique générale ni de nouveau mécanisme de gestion de l’enseignement en Haïti.
 
« Seules, quelques écoles privées offrent une éducation standard », ajoute Marc-Arthur Fils–Aîmé, le directeur du l’Institut culturel Karl Levêque (Ickl).
 
Le Fonds national pour l’éducation (Fne), créé par Martelly, reste une caisse à fonds perdus, suivant les dits de quelques parlementaires.
 
Aucune institution ne peut fournir une explication, ni sur la gestion, ni sur le montant du Fne, cumulé à partir de prélèvement de taxes sur les appels internationaux et sur les transferts d’argent.
 
Rien de concret en environnement
 
Autre fait déploré, c’est la dégradation incessante de l’environnement : la coupe des arbres prend de l’ampleur.
 
Mis à part l’abattage des arbres pour faire du charbon de bois, ils sont dorénavant « beaucoup plus sollicités » pour la fabrication de planches, une source de revenus pour les paysannes et paysans livrés à eux-mêmes.
 
Sur un autre plan, malgré un arrêté présidentiel les interdisant, les matières en plastique, à base de polystyrène, sont toujours en première loge dans divers restaurants.
 
« Aucun plan global ni national de l’environnement n’est présenté jusqu’à date », souligne le directeur de l’Ickl.
 
Même statu quo, en ce qui à trait à l’emploi
 
Pour ses deux ans à la tête du pays, le président Martelly avait claironné la création de 400 mille emplois, sans préciser dans quel secteur ni si cela a été fait à partir de la création de nouveaux domaines de production de richesses.
 
Les seuls boulots journaliers créés, c’est dans le nettoyage des rues ou des voies publiques. Mais ce ne sont que des activités temporaires.
 
« Dans le domaine minier, on assiste à une exploitation sauvage, où des multinationales viennent avec leurs propres ouvriers ».
 
L’ouvrier haïtien ne reçoit que de quoi subsister, d’après l’Ickl.
 
E = Energie, des actions cosmétiques ?
 
Cette absence de plan persiste également dans le domaine de l’Énergie.
 
Toutes les actions conduites « sont superficielles », inefficaces pour répondre aux besoins d’énergie du pays.
 
Pourtant, Haïti a « du vent et de l’eau en train d’être gaspillés ».
 
Certes, le gouvernement s’est investi à placer des lampadaires, alimentés à l’aide de panneaux solaires, en certains endroits (ces lampadaires ne sont pas disponibles dans les lieux de grande fréquentation, comme les marchés publics ou les stations de transports publics, entre autres).
 
Mais c’est une initiative (plutôt cosmétique), qui ne résout en rien le besoin d’énergie des ménages, surtout les plus pauvres, critique l’Ickl.
 
La protection de présumés assassins, de dealers de drogue et de kidnappeurs ?
 
L’anticipation des décisions du pouvoir judiciaire et la centralisation de la justice dans les grandes villes sont toujours les réalités vécues par le peuple.
 
Le prêtre catholique romain Jean Hanssens ne voit pas en quoi le pays a avancé sur la question de l’État de droit, tout en reconnaissant que la situation n’a jamais été meilleure.
 
Il prend en exemple « la détention préventive prolongée », qui demeure encore, malgré les assertions gouvernementales.
 
Ils sont, pour le moment, une quinzaine d’individus emprisonnés pour leur opposition à l’équipe au pouvoir.
 
Ce sont carrément « des prisonniers politiques », retenus pour des raisons politiques, puisque la justice ne paut argumenter d’aucune base légale pour les maintenir en prison, aux yeux de l’opposition à Martelly.
 
Effectivement, deux d’entre eux sont emprisonnés dans le cadre d’un dossier de plainte, déposée contre la famille présidentielle, pour corruption et fraude.
 
Certes, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a été installé, l’effectif de policiers a augmenté.
 
Mais cela ne touche pas les questions de fond, dont celle de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
 
Le prêtre Jean Hanssens, de la commission épiscopale catholique romaine « Justice et paix » (Jilap) juge nécessaire « que le pouvoir judiciaire devienne indépendant pour pouvoir s’organiser et prendre ses propres décisions ».
 
Ce qui n’est pas toujours évident.
 
Les 5 "E" ne se fondent-ils pas plutôt en E = Echec, en trois ans ?
 
Considérant combien les problèmes de la population restent intacts, le Rndp propose l’E de l’Échec à l’équipe gouvernementale.
 
 
https://www.alainet.org/es/node/85711?language=es
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