Les élections législatives partielles, municipales et locales sont-elles encore possibles en 2014 ?

28/04/2014
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P-au-P, 29 avril 2014 [AlterPresse] --- Des pressions américaines et de nouvelles dissensions entre le sénat et l’exécutif font craindre des difficultés pour respecter la date du 26 octobre 2014, annoncée pour les élections législatives partielles, municipales et locales, observe l’agence en ligne AlterPresse.
 
A 180 jours de cette date, les protagonistes politiques haïtiens se positionnent sur de minces possibilités d’organisation de ces joutes et la quasi-conviction qu’elles ne pourraient pas se tenir, eu égard à la conjoncture politique et à la technicité électorale.
 
Il faudrait au moins 6 mois pour organiser des élections en Haïti, de l’avis d’experts.
 
Le président Joseph Michel Martelly a, lui-même, souligné, dans un message public, l’importance de finir avec la question des amendements de la loi électorale, d’ici la fin de ce mois d’avril 2014, pour être dans les délais.
 
« Je ne vois pas la possibilité d’avoir des élections dans le pays d’ici le 26 octobre 2014 », affirme à AlterPresse, le député Accluche Louis-Jeune, membre du directoire du parti « Organisation du peuple en lutte (Opl) ».
 
Christian Rousseau, dirigeant du parti de gauche Action pour construire une Haïti organisée (Akao, en Créole), considère qu’ « avec la volonté politique, la date est secondaire. Malheureusement, il n’y a pas cette volonté ».
 
Pour un membre de la commission de suivi des accords du 14 mars 2014, « des éléments indiquent que la situation est corsée, qu’il y a des obstacles ».
 
La coordonnatrice du comité exécutif de Fanmi Lavalas, Dre. Maryse Narcisse, explique à AlterPresse que sa « position sur les élections n’a pas changé. Nous voulons des élections, libres, honnêtes, démocratiques et inclusives, selon le vœu de la Constitution ».
 
Les pressions internationales
 
Les menaces de couper l’aide à Haïti, si les élections ne sont pas organisées cette année 2014, sont vues par le député Louis-Jeune comme un « faux-semblant ».
 
« La position de l’internationale n’est pas, en réalité, en faveur d’Haïti. Ils défendent leur image. Si les élections ne sont pas organisées, cela signifierait que les Nations Unies – actuellement présentes au pays – ont échoué. Les élections américaines de novembre sont aussi des enjeux des prises de position. Les démocrates ne veulent pas être critiqués par les républicains dans le dossier d’Haïti », explique le député.
 
Montrer que nous pouvons nous prendre en main et trouver des ressources pour permettre au pays de fonctionner en toute autonomie sont les « véritables réponses » à donner à la « prétendue » communauté internationale.
 
Les Etats-Unis d’Amérique ont donné le ton en rappelant, dans un communiqué, combien l’aide à Haïti est conditionnée par l’organisation des élections.
 
« Aucun des fonds convenus dans ce projet de loi ne pourra être disponible pour assistance au gouvernement central d’Haïti jusqu’à ce que le Secrétaire d’Etat (des Etats-Unis d’Amérique) certifie aux commissions de finances (du Congrès américain) qu’Haïti est en train d’adopter les mesures pour l’organisation d’élections parlementaires libres et honnêtes, en vue de former un nouveau Parlement haïtien » lit-on dans le texte de l’ambassade étasunienne.
 
La congresswoman, Ileana Ros-Lehtinen, présidente du Sous-Comité chargé des questions relatives au Moyen-Orient et à l’Afrique du Nord, va jusqu’à déclarer qu’ « il est temps que le sénat haïtien agisse et vote la loi électorale en conformité à l’esprit de l’Accord d’El Rancho, afin de fixer une date pour les élections », tout en déclarant qu’exécutif et chambre des députés ont « respecté leur engagement ».
 
L’organisation des Etats Américains (Oea), pour sa part, exige la conclusion d’accords entre les protagonistes, aux fins d’établir un calendrier électoral pour aboutir aux élections.
 
Sénat vs pouvoir exécutif : quelle issue ?
 
Alors que Martelly menace d’appliquer l’article 12 de l’accord El Rancho qui donne au Conseil électoral provisoire (Cep) – jusqu’ici non-constitué – un pouvoir discrétionnaire de mettre des articles de la loi électorale en veilleuse, le sénat écrit officiellement à Martelly pour proposer la formation du Cep, selon l’esprit de l’article 289 de la Constitution.
 
« Le sénat de la République n’a aucune option ni velléité de constituer un espace de blocage de la gouvernance d’Etat, encore moins de la tenue d’élections dans le pays », écrit le président du sénat, Dieusseul Simon Desras au président Martelly.
 
Akao et le député Louis-Jeune appuient la position du sénat sur la constitution du Cep.
 
« Malgré ses limites, le positionnement du sénat ne doit pas être minimisé », estime un membre de la commission de suivi de l’accord du 14 mars 2014.
 
« Par consensus et dialogue, il faut aboutir à une position profitable aux protagonistes et à la Nation. Il faut prendre un temps nécessaire, utile, fiable et acceptable pour toutes les parties afin de dialoguer ».
 
AKao, qui n’a « jamais exigé la table rase », mais qui « ne donne pas de chèque en blanc non plus », préconise un accord politique pour que les institutions puissent fonctionner au-delà de leurs mandatures, en attendant des élections crédibles, et éviter que l’exécutif soit bénéficiaire de ses erreurs en gouvernant par décret dès 2015.
 
29 avril 2014
 
https://www.alainet.org/es/node/85156?language=es
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