États-Unis/Présidentielles: Hillary Clinton – Décryptage 1/3

Hillary Clinton : La «Reine du Chaos»

14/06/2016
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Opinión
-A +A

La cuvée 2016 de la campagne présidentielle américaine n’augure rien de bon. Que les deux candidats les mieux placés pour briguer les suffrages au scrutin de novembre 2016, le républicain Donald Trump et la démocrate Hillary Clinton, soient tout à la fois, les amis du grand capital, les meilleurs alliés d’Israël et de l’Arabie saoudite, ne présage rien de bon ni pour la paix du Monde, ni pour sa prospérité.

 

Comble du paradoxe, Donald Trump et Hillary Clinton sont les deux plus impopulaires candidats à la course présidentielle. C’est au choix la peste ou le choléra ; Charybde ou Scylla, même si, de prime abord, l’ancienne première dame, l’ancienne secrétaire d’état, l’ancienne sénatrice est créditée d’une expérience internationale. A tort

 

La première dame de l’histoire américaine à bénéficier d’une chance raisonnable de briguer la magistrature suprême des Etats-Unis se targue d’être l’unique personne au Monde à pouvoir rencontrer sans demander de rendez-vous préalable l’ambassadeur d’Israël à Washington. Mais ce qu’elle considère comme un privilège se révèlera dans la perspective de son éventuelle future fonction un indice indiscutable de sa soumission au lobby juif américain.

 

En tant que sénatrice de New York, elle s’est distinguée dans sa campagne pour l’indépendance énergétique des Etats-Unis, avec ce mot d’ordre révélateur: «Le charbon est pour nous, ce que le pétrole est à l’Arabie saoudite». Sur le plan diplomatique, elle a voté en faveur de toutes les interventions américaines : bombardements de la Bosnie (1995), du Kosovo (1999), invasion de l’Afghanistan (2001) et de l’Irak (2003).

 

En tant que secrétaire d’État, elle a cautionné le coup d’état au Honduras contre le président démocratiquement élu Manuel Zelaya, pro Hugo Chavez, dont le pays sous la férule des États-Unis est devenu un narco-état. Elle a joué un rôle de premier plan dans le démantèlement de la Libye et de la Syrie.

 

Bien mieux elle n’hésitera pas à intervenir dans les affaires intérieures de pays amis, notamment en veillant à neutraliser les effets des décisions judiciaires, comme ce fut le cas avec la France dans l’affaire Georges Ibrahim Abdallah. http://w41k.com/107859

 

En fait, Hillary Clinton s’est imposée comme la «Reine du chaos». L’Irak, la Libye et la Syrie se sont retrouvés réduits à un chaos intégral. Tel est le constat sans appel de l’universitaire américain Edward Herman dans un ouvrage sans concession sur le bilan diplomatique de la candidate à l’investiture présidentielle américaine du parti démocrate, intitulé King of Chaos. “If Clinton was Queen of Chaos, Obama is surely King”.

 

Edward Herman, par ailleurs co-auteur avec Noam Chomsky du remarquable ouvrage «The manufacturing Consent» –La Fabrique du consentement-, pointe la responsabilité d’Israël dans le bellicisme américain en direction du Monde arabe, alors qu’en contrepoint l’universitaire américain James Petras met en relief le rôle du lobyy juif américain dans le financement de la campagne de la candidate démocrate. «Israël est le principal rival de l’Iran dans la région. Après avoir poussé, non sans succès, les États-Unis à détruire successivement l’Irak et la Libye, Israël s’est montré extrêmement impatient de les voir infliger le même sort à l’Iran», est-il écrit dans cet ouvrage.

 

À propos de Hillary Clinton et de la Syrie
 
Pour consulter l’intégralité des emails révélés par Wikileaks
 
Extraits du livre d’Edward Herman
 

«Trois États notoirement indépendants [de la sphère d’influence américaine –l’Irak, la Libye et la Syrie– et considérés comme ennemis par Israël et de nombreux pontes et responsables politiques américains, se sont retrouvés intégralement détruits l’un après l’autre et sont maintenant en cours de balkanisation, observe Edward Herman, professeur émérite de finance à la Wharton School, université de Pennsylvanie.

 

«L’un d’entre eux, la Libye, était dirigé par le chef d’État le plus ouvertement engagé à libérer l’Afrique de la domination occidentale, Mouammar Kadhafi. Élu à la présidence de l’Union Africaine en 2009, il allait être renversé et assassiné à peine deux ans plus tard.

 

«Son élimination ouvrait clairement la porte à une implantation instantanée de l’Africom (United States African Command, [qui supervise et commande les opérations militaires US dans les pays du Maghreb et d’Afrique noire]) et aux «partenariats» américano-africains pour «combattre» le terrorisme -c’est-à-dire à un revers phénoménal pour le développement et l’indépendance des pays d’Afrique (Cf. Maximilian Forte, Slouching Toward Sirte, Baraka Books, 2012).

 

«La subversion est planétaire et de longue date (pour une documentation massive et implacable, voir: Inside the Company de Philip Agee ou, Killing Hope de William Blum). L’agression du Nicaragua par Ronald Reagan, celle de la Yougoslavie et de l’Irak par Bill Clinton, celle du Panama puis de l’Irak par George Bush I, les guerres d’Afghanistan et d’Irak de George Bush II et sa «guerre (de propagande) contre le terrorisme», ou les guerres de Barack Obama contre la Libye, l’Afghanistan, l’Irak parmi bien d’autres, témoignent d’un continuum exponentiel impressionnant.

 

Israël est le principal rival de l’Iran dans la région. Après avoir poussé, non sans succès, les USA à détruire successivement l’Irak et la Libye, Israël s’est montré extrêmement impatient de les voir infliger le même sort à l’Iran.

 

Les dirigeants israéliens ont levé toutes les barrières possibles pour permettre à une vaste coalition de pontes, d’intellectuels et de politiciens US, de groupes de pression et de lobbies, de peser en faveur d’une campagne militaire US contre l’Iran (Cf. James Petras, “The Centerpiece of US Foreign Policy Struggle,” Dissident Voice, 12 août 2015).

 

Hillary Clinton et Donald Trump se sont affrontés à propos d’Israël, le 21 Mars 2016, à l’occasion du congrès annuel de l’AIPAC (American Israel public affairs committee), un puissant groupe de pression juif américain.

 

«Oui, nous avons besoin de constance, pas d’un président qui dit qu’il est neutre le lundi, pro-Israël le mardi et on ne sait pas quoi d’autre le mercredi parce que tout est négociable». «La sécurité d’Israël n’est pas négociable», a déclaré la candidate démocrate.

 

Donald Trump a riposté devant le même auditoire de 15.000 personnes, jugeant le mandat de l’ancienne secrétaire d’État (2009-2013) du président Barack Obama comme ayant été une «catastrophe complète» à la tête de la diplomatie. «Quand je serai président, il en sera fini des jours où l’on traitait Israël comme un citoyen de seconde zone», a promis le milliardaire.

 

La question des relations entre Washington et l’État hébreu est un enjeu de taille, dans la course à la Maison Blanche. Les États-Unis comptent, selon diverses estimations, entre cinq et six millions de juifs. Cet électorat, que l’on dit souvent acquis aux libéraux, est un atout de taille pour tout prétendant à la présidence américaine

 

L’Arabie saoudite et Le Maroc
 

Les monarchies arabes jouent la montre tant en Syrie qu’au Sahara occidental dans l’attente de la fin du mandat, jugé «calamiteux» pour eux, du Président Barack Obama et l’arrivée souhaitée de leurs vœux ardents de Hillary Clinton, une ancienne connaissance des cours royales arabes.

 

L’Arabie pense être gagnante sur les deux tableaux quel que soit le vainqueur de la compétition. Le républicain Donald Trump a en effet promis de démanteler l’accord international sur le nucléaire iranien, à la grande satisfaction du Royaume, et sa rivale démocrate a, elle, soutenu sans réserve l’expédition punitive de la dynastie wahabite contre le Yémen. Mais les promesses n’engagent que ceux qui les croient et tout flatteur vit aux dépens de ceux qui ‘écoutent.

 

Au delà du Yémen, Hillary Clinton, artisan de la destruction de la Libye au profit des néo-islamistes djihadistes, passe pour avoir été sensible au lobbying du Maroc à propos du Sahara Occidental.

 

Le Maroc vient de subir deux camouflets retentissants sur le Sahara occidental (la décision de la Cour de Justice Européenne (CJUE) annulant le 10 décembre 2015 un accord entre le Maroc et l’Union européenne, tranchant en faveur des indépendantistes, mettant en question, par ricochet, la question de la souveraineté du Maroc sur ce territoire. Une tendance confirmée par la visite du Secrétaire général de l’ONU Ba Ki Moon au Sahara.

 

Selon le site Intercept, généralement bien informé, un lobbyiste proche de Hillary Clinton aurait perçu 25.000 dollars du Maroc en guise de retributions de ses prestations dans ce domaine, soit le tiers de son budget annuel de fonctionnement de son cabinet conseil. https://theintercept.com/2015/04/22/inside-morocco-clinton-influence campaign/

 

Quant aux pétromonarchies du Golfe, le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis figurent parmi les générateurs donateurs de la Fondation Clinton. Selon la presse américaine, le Qatar a ainsi versé en 2014, entre 1 et 5 millions de dollars et les Saoudiens une somme évaluée entre 10 millions et 25 millions de dollars depuis la création de cette fondation en 1997, sans doute en signe de gratitude pour le chaos instauré en Libye par Hillary, sa contribution à la destruction de la Syrie ainsi que son soutien continu aux agressions israéliennes contre Gaza.

 

http://www.madaniya.info/2016/06/10/etats-unis-presidentielles-hillary-c...

 

https://www.alainet.org/es/node/178128?language=en
Suscribirse a America Latina en Movimiento - RSS