La Papda appelle à une réponse solidaire
- Opinión
La Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) encourage une réponse solidaire face à la menace de déportation massive des migrantes et migrants haïtiens, en situation irrégulière en République Dominicaine.
La menace de déportation devient plus imminente à l’expiration, le mercredi 17 juin 2015, du Plan national de régularisation des étrangers (Pnre).
Déjà, des dizaines de travailleurs, ayant migré en République Dominicaine, ont déjà pris le chemin du retour par peur d’être malmenés par des extrémistes dominicains, quand les activités d’expulsions seront renforcées.
Pour l’instant, ces personnes, qui ne sont pas prises en charge par des organismes étatiques, sont livrés à elles-mêmes, notamment, dans la localité de Tête-à-l’eau (Anse-à-Pitres, Sud-Est).
Dans ce contexte d’incertitude, où des doutes sont exprimés sur les mises en place institutionnelles pour recevoir les personnes en passe d’être déportées en Haïti, la Papda appelle à une réponse collective au problème à l’instar de l’élan de « vivre ensemble » qui s’est manifesté au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010.
« Il faut donner une réponse solidaire (…) et construire des villages de solidarité internationale », suggère Camille Chalmers, secrétaire exécutif de la Papda, estimant que la réponse solidaire devrait passer par un niveau d’implication de la population.
Pas de « stigmatisation, ni de xénophobie (…). Il faut transformer ce phénomène en une opportunité », conseille la Papda, appelant à en profiter pour établir un nouveau modèle de dialogue entre les deux peuples.
La Papda préconise également l’intégration, dans l’économie haïtienne, des savoirs des travailleurs haïtiens qui seront déportés.
Elle invite les gouvernants haïtiens, ainsi que toutes les autres institutions et personnalités de la société civile, à « faciliter des échanges horizontaux en termes d’accueil », à celles et à ceux qui seront expulsés de la République Dominicaine.
Après le tremblement de terre de janvier 2010, 694 mille personnes s’étaient déplacées dans différentes localités du pays, où, elles n’avaient jamais vécu au préalable, rappelle la Papda.
Nécessité de conscientisation et mise en place d’infrastructures et de protection des biens
Les organismes de défense des droits humains doivent faire pression sur le gouvernement, conscientiser la population et faire des propositions, recommande la Papda.
Des villages de solidarité devraient déjà être mis en place, mais, « nous sommes encore très loin » de tout cela.
« Il n’y a aucune volonté politique », non plus, de la part des autorités, fustige-t-elle.
La Papda déplore le fait que les actuels dirigeants ont décidé de négliger l’aspect multilatéral du dossier, avec l’intervention de plusieurs pays de la région, pour le ramener à un niveau bilatéral, à une affaire qui concernerait simplement les dirigeants dominicains et haïtiens, sans pourtant être en mesure de défendre les intérêts des travailleurs haïtiens.
L’organisation demande aux autorités haïtiennes de s’assurer que le patrimoine de celles et ceux qui sont déportés, soit aussi rapatrié avec eux.
Des mécanismes doivent être trouvés pour qu’on puisse verser à ces personnes rapatriées leurs pensions dans le cas de certains anciens travailleurs.
Cette déportation affectera également des milliers de Dominicaines et de Dominicains d’ascendance haïtienne, dénationalisés par l’arrêt TC-168-13, adopté par la Cour constitutionnelle dominicaine en date du 23 septembre 2013.
Cette disposition de septembre 2013 enlève la nationalité dominicaine à toutes celles et tous ceux, nés sur le territoire dominicain, depuis 1929, de parents étrangers, notamment d’ascendance haïtienne.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article18374#.VYgxwlJ1yyc
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