Préoccupation et interrogations diverses

22/10/2012
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La remise du Prix Nobel de la Paix à l’Union Européenne génère chez moi une certaine préoccupation et diverses interrogations. Plusieurs des pays qui font partie de l’’Union Européenne sont encore impliqués ou l’ont été récemment dans des processus de guerre ou de conflits dans différentes parties du monde. On ne peut l’ignorer. On ne peut ignorer non plus que les puissances européennes font partie de l’OTAN et, qu’à ce titre, elles ont accompli  des actions armées en Lybie, en Irak et en Afghanistan. Le principal argument du jury Nobel pour l’attribution de ce Prix a été que l’Union Européenne a contribué à la promotion des droits humains. Certes les pays européens ont fait quelques réalisations intéressantes dans ce sens, mais, de là à supposer que ce travail a été représentatif dans la lutte pour la paix dans le monde, c’est difficile. Sur le plan mondial, les choses ne sont pas claires.

Je garde l’espoir que maintenant qu’ils ont reçu le Prix Nobel, les pays de l’Union Européenne vont modifier leur façon d’agir. Il ne faudrait pas qu’il se passe la même chose qu’avec Barak Obama qui, lui aussi, a reçu cette distinction non à cause de ce qu’il avait fait  mais pour ce qu’il n’a pas fait, pour ce qu’il devait faire et que finalement il n’a jamais fait. Depuis la remise de son  le Prix Nobel, Obama a toujours justifié la guerre et non la construction de la paix. Depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, il a toujours agi dans le sens contraire des principes des Nobel. J’espère donc que l’Union Européenne prenne bien en compte ce que représente ce prix et réalise des actions pour apporter la paix dans toutes les régions du monde.

D’un autre côté, on voit bien que l’Union Européenne est non seulement impliquée actuellement dans des processus de guerre dans le monde, mais nous constatons aussi que les conflits internes à l’Europe sont en augmentation. La grave situation économique et sociale qui traverse le continent constitue une menace permanente pour la paix. Et, les gouvernants européens n’ont pas jusqu’ici avancé des propositions et des actions fermes qui permettraient de changer la situation.

D’autre part, le Comité Norvégien du Nobel qui désigne le vainqueur du prix n’est jamais le même ; la composition de ses membres est sans cesse modifiée. Je crois que c’est cela qu’il faudrait changer, car ce dernier Comité nous a surpris et préoccupés avec des désignations polémiques et la reconnaissance de personnes comme Obama ou Al Gore. On devrait au moins créer un certain mécanisme  de consultation préalable pour fixer avec une meilleure clarté les objectifs de l’attribution du prix et rester fidèle au désir d’Alfred Nobel sur la promotion d’un chemin vers la paix.

En même temps, je constate  que c’est assez diffus et abstrait le fait d’attribuer  le prix à une organisation et non à une personne concrète. J’ai quelquefois proposé  comme candidat Evo Moralés, le Président de l’Equateur à cause de son travail en faveur de l’inter culturalité  et de la préservation de l’environnement.  Des personnes comme lui méritent beaucoup plus le Nobel qu’une entité abstraite comme l’Union Européenne.

Mais, malheureusement, parmi les grandes contradictions qui entourent le Prix Nobel, on s’aperçoit par exemple qu’il n’a jamais été attribué à Gandhi (pour ne pas fâcher le Royaume Uni) et qu’en revanche il l’a été à l’ex-secrétaire d’Etat nord-américain, Henry Kissinger. Dans la liste des bénéficiaires du Nobel de la Paix se trouvent plusieurs attributions qui nous préoccupent. Parmi elles, on trouve maintenant celle de l’Union Européenne.

 

*Adolfo Pérez Esquivel – Prix Nobel de la Paix en 1980.

 

https://www.alainet.org/es/node/162058
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