L’Association haïtienne des Economistes plaide en faveur d’un plan quinquennal de développement

01/07/2012
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P-au-P, 2 Juillet 2012 -- Le budget d’Haïti pour l’exercice fiscal 2012-2013 devrait être l’émanation d’un véritable plan global stratégique de développement économique du pays s’étalant sur une période de cinq ans, selon le secrétaire général de l’Association haïtienne des Economistes, Eddy Labossière.

Léconomiste sexprimait le dimanche 1er juillet 2012, à lémission "Pi lwen Pi fon" (Plus loin, plus profond), diffusée sur la radio privée Vision 2000, au lendemain du dépôt du budget 2012-2013 par lexécutif devant le parlement.

Ce budget pour le prochain exercice fiscal a été déposé le vendredi 29 juin 2012 (avant le délai constitutionnel du 30 juin) devant les deux chambres, par la ministre de l’économie et des finances, Marie Carmelle Jean Marie.

Affirmant avoir l’impression que cette loi de finances est disparate et ponctuelle, Labossière fait remarquer que « le premier exercice qu’aurait dû faire le gouvernement au début de son mandat était d’élaborer à travers son ministère de planification un véritable plan de développement quinquennal dont le budget national représenterait des tranches annuelles ».

« Il n’y a pas une pensée qui oriente l’action du gouvernement », critique l’économiste qui pense que le budget ne doit pas être comme un cheveu sur la soupe.

« Un budget est un instrument de politique économique qui traduit la vision prioritaire de développement du gouvernement. C’est quelque chose où il y a plusieurs politiques publiques qui montrent, sur une période donnée, l’itinéraire du gouvernement », explique t-il.

Selon lui, l’élaboration du budget national par le gouvernement doit prendre en compte un plan global stratégique de développement incluant toute la vision, toutes les priorités, et tous les efforts qui seront mis en oeuvre par le pouvoir durant cinq ans.

Il reproche l’exécution de dizaines de budgets qui n’ont pas permis, dans les années passées, d’augmenter la production nationale, d’améliorer la santé et l’éducation.

« En Haïti, il y a un problème de ’doctrine du budget’ qu’on a jamais abordé », indique, pour sa part, l’économiste Gérald Chéry, expliquant que celle-ci permet d’orienter les dépenses budgétaires.

« Quand lEtat haïtien injecte un montant considérable dans le budget, il se trouve parfois confronté à des difficultés pour le dépenser à cause dune carence dacteurs économiques organisés pouvant laider dans ses dépenses », déplore t-il. Cest ce qui entraine très souvent, selon lui, une mauvaise utilisation de cet argent.

La vraie reforme du budget appelle à une réflexion globale pour en déterminer les moyens disponibles et les actions à envisager, suggère Chéry qui intervenait également à l’émission "Pi lwen, Pi fon" de Vision 2000.

« Qu’est- ce qui permet d’élaborer un budget si on n’a pas de vision, un plan de développement pour les cinq ans à venir », s’interroge le professeur à l’université Auguste D’Meza à cette même émission.

« Vous avez un ensemble de chiffres accumulés qui réduisent le budget à un exercice comptable », désapprouve t-il rappelant qu’un budget est aussi un instrument de politique économique.

Il demande à la chambre des députés et au Sénat de faire appel à des ressources pour commencer à travailler sur les nouvelles normes budgétaires relatives à cette politique économique.

Par ailleurs, D’Meza appelle le gouvernement à augmenter les recettes tout en vérifiant que les dépenses soient bien bien choisies et bien exécutées. Il critique divers petits programmes lancés par le gouvernement et les considère comme des dépenses inutiles.

Participant à une émission de débats politiques ’’Ranmanse’’, le samedi 30 juin 2012, sur la station privée Radio Caraïbes FM, la ministre de l’économie et des finances projette d’atteindre 52 milliards de gourdes de recettes pour l’exercice fiscal 2012-2013.

Cette mobilisation de ressources financières internes permettra de couvrir toutes les dépenses de fonctionnement évaluées à 39 millions de gourdes et générer un surplus pour financer les investissements, explique t-elle.

En ce sens, elle annonce un ensemble de mesures administratives qui vont être mises en œuvre par le gouvernement pour y arriver, comme la lutte contre la contrebande par la surveillance douanière, contre la fraude et l’évasion fiscale.

Elle projette de s’assurer au fur et à mesure que toutes les personnes concernées paient des impôts sur le revenu, plus précisément, les employés qui réalisent plus de 60.000 gourdes par an comme salaire, en vue d’élargir l’assiette fiscale.

« C’est pour la première fois que nos propres revenus [concernant le budget] vont dépasser les dons. C’est un gros effort. Cela nous donne plus d’autonomie et plus de responsabilité aussi », fait valoir la ministre qui entend surveiller l’exécution des dépenses afin d’éviter le gaspillage.

http://www.alterpresse.org/spip.php?article13054

 

https://www.alainet.org/es/node/159274?language=es
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