Constitution : Foulée aux pieds durant 25 ans

02/04/2012
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En ce 29 mars, qui marque le 25e anniversaire de l’adoption de la Constitution haïtienne, la 22e de l’histoire du pays, personnages politiques et constituants soulignent son symbolisme, lèvent le voile sur ses faiblesses, dans une série d’interviews accordés à AlterPresse.
 
« Elle a été malmenée, violée et elle n’a pas constitué un barrage efficace à toutes les turpitudes de la vie politique nationale », résume Mirlande Hyppolite Manigat, femme politique et constituante.
 
Depuis le 29 mars 1987, la loi mère a souvent constitué un instrument pour les hommes au pouvoir dans la réalisation de leurs intérêts particuliers, juge pour sa part Antonal Mortimé, secrétaire général de la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh).
 
« Les dirigeants politiques ont toujours voulu se mettre au dessus de la Constitution, soit en créant des institutions parallèles à celles reconnues par la loi mère soit en traitant celle-ci en parent pauvre », explique Mortimé qui souligne la non-application en général de la Constitutiion.
 
Le fait est que les politiques, à l’image du prédécesseur de Michel Martelly, René Preval, ont accusé cette Constitution d’être responsables entre autres des crises politiques qu’a connues Haïti. « La constitution de 1987 est une grande source d’instabilité pour l’avenir du pays », a déclaré le 17 octobre 2007, René Préval, au moment où il initiait l’idée d’un amendement constitutionnel.
 
L’ amendement qui a eu lieu à la va-vite au début du mois de mai 2011 et il mine actuellement le terrain politique haïtien. Publiée par Préval et rentrée par Martelly, la version amendée contient des « irrégularités », selon des parlementaires en fonction.
 
« Je ne pense pas que ça soit la constitution qui soit responsable des problèmes du pays, des problèmes de la gouvernance. Ce sont les hommes », soutient Evans Paul qui était parmi ceux qui avaient décidé de boycotter le vote de la constitution de 1987.
 
Il dit constater « une volonté presque systématique de nier la constitution ou bien de l’utiliser selon les caprices des dirigeants ».
 
C’est au final une « Constitution tiraillée », estime Paul qui croit qu’on « ne peut pas placer sur le compte de la Constitution le problème de nos mauvaises gouvernances ». Le document a toujours été « mal utilisé », et ceci a conduit à « une très mauvaise gestion », souligne Evans Paul.
 
Cependant, si la Constitution a consacré des conquêtes démocratiques, il contient toutefois des failles, admettent ces personnalites interrogeés par AlterPresse.
 
Des procédures d’amendement, de mise en place d’un Conseil électoral permanent, de gestion administrative des collectivités territoriales compliquées, la déconcentration des services publiques et le coût des paiements de toutes les institutions prévues par celle-ci, sont parmi ses limites.
 
« On aurait pu faire mieux », reconnait Georges Michel membre de l’assemblée constituante de 1987. Mais, la constitution restera « antidictatoriale, libérale, guide et garant des libertés publiques », toujours selon Michel.
 
Entre temps s’il faut l’amender cela devrait se faire après un débat et selon un consensus national, estiment Evans Paul et Antonal Mortimé. Ces derniers sont d’avis que beaucoup de choses ont changé au cours de ces 25 ans.
 
Mais à la place d’un amendement raté il est préférable de souhaiter « longue vie à la Constitution de 1987 », selon Georges Michel.
 
 
https://www.alainet.org/es/node/156976?language=es
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