Politique : 5 ans après la chute d’Aristide

02/03/2009
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Opinión
-A +A

Les partisans de l’ex président Jean Bertrand Aristide ont commémoré le week-end écoulé le cinquième anniversaire de la chute de son régime, alors que le pays est engagé dans un processus électoral difficile et que la division affecte profondément l’ancien parti gouvernemental Famille Lavalas.

Cinq années après le départ de l’ex chef d’État, le 29 février 2004, Haïti se trouve encore dans une situation de stabilité politique fragile et des soucis sécuritaires demeurent, en dépit d’une amélioration notable, fruit de l’effort conjugué de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de la Mission de Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH), estiment des analystes.

La question de l’instabilité politique est revenue dans l’actualité dès l’annonce, la semaine dernière, d’une nouvelle mobilisation de la base de Famille Lavalas, qui déclare ne plus vouloir jouer le jeu de la cohabitation. Ce message s’adresse aussi bien à la plateforme Espoir, sous la bannière de laquelle René Préval a remporté les élections présidentielles de 2006, qu’au chef de l’État lui-même.

Le 28 février, les partisans d’Aristide étaient des centaines à occuper les rues de la capitale pour réclamer le « retour physique » de leur leader, réfugié en Afrique du Sud, ainsi que la dissolution du Conseil Électoral Provisoire (CEP), qui a exclu le parti du processus des sénatoriales partielles du 19 avril prochain.

Ces élections, si elles ont lieu, permettront de remplir 12 postes vacants au sénat, qui compte actuellement 18 membres, en raison de la fin du mandat de dix d’entre eux, le décès d’un sénateur et la destitution d’un autre.

L’action des manifestants a obligé la police et la MINUSTAH à prendre des mesures spéciales durant toute la journée pour fermer plusieurs voies au niveau de la région de Delmas, où sont installés les bureaux du CEP.

Un imposant dispositif de sécurité a été déployé pour empêcher les manifestants de parvenir aux abords du CEP, tel qu’ils l’avaient annoncé.

Les responsables des secteurs de base lavalas, notamment René Civil, soutiennent qu’ils ne souhaitaient pas en arriver là, mais que l’attitude de Préval et du CEP les y ont contraints.

Plus de repos, préviennent-ils, tout en pointant du doigt des têtes du secteur, comme l’ancien premier ministre d’Aristide, Yvon Neptune, qualifié de « traitre ».

Neptune est perçu comme dirigeant d’une branche du parti Famille Lavalas, face à une autre conduite par Maryse Narcisse, qui déclare avoir l’aval de Jean Bertrand Aristide.

La division au sein du parti a été mise en évidence lorsque chaque branche a inscrit sa propre liste de candidats aux prochaines sénatoriales.

Neptune avait alors en substance plaidé en faveur de la responsabilisation des acteurs lavalas qui ont géré sur le terrain la difficile situation créée après la chute et le départ d’Aristide.

La division au sein du secteur lavalas est motivée par « la recherche du pouvoir personnel », estime l’essayiste et militante politique Myrtha Gilbert. Selon elle, l’absence d’Aristide d’Haiti depuis cinq ans suscite la volonté de quelques membres de ce mouvement d’en prendre la direction.

Myrtha Gilbert souligne en même temps que la fragmentation de Famille Lavalas peut profiter à d’autres secteurs qui ont ainsi un intérêt à « alimenter la division », dans un contexte de montée de tension à cause de la conjoncture électorale.

Cette évolution politique peut avoir de lourdes conséquences sur l’économie, dont on craint une baisse du taux de croissance. Il pourrait être impossible de maintenir l’objectif de 4% de croissance, selon l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI).

Haïti a connu, en 2008, un taux de croissance de 1.3% très en-deçà des prévisions du début de l’exercice et en-dessous du taux d’accroissement annuel de la population. Les dégâts, causés par la série des ouragans qui ont frappé le pays en août et septembre 2008 sont à la base de cette décélération de croissance, sans compter les effets de la crise financière internationale.

Dans ce contexte, même si on assiste à une amélioration de la sécurité alimentaire durant ce premier trimestre de l’année, la situation risque de s’aggraver au cours du second trimestre, selon l’agronome Gary Mathieu, coordonnateur de la Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire (CNSA).

Actuellement, précise-t-il, 3 millions de personnes souffrent de l’insécurité alimentaire dans le pays, ce qui représente une réduction de 10 pour cent par rapport à l’année précédente. Selon l’agronome, ce chiffre pourrait augmenter à 3.1 millions prochainement, en raison non seulement de faiblesses de la production agricole, mais aussi d’une situation politique tendue.

Au moment où le budget national pour cette année fiscale (octobre 2008-septembre 2009) est encore à l’étude, Mathieu estime que les programmes d’intervention urgente mis en place suite aux situations difficiles connues par le pays en 2008 sont nettement insuffisants.

Source: AlterPresse www.alterpresse.org

https://www.alainet.org/es/node/132579?language=en
Suscribirse a America Latina en Movimiento - RSS