Le changement de directeur au FMI

11/07/2007
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Le CADTM réclame des choix radicalement différents pour le FMI et rejette tout directeur général qui poursuivrait l’action actuelle.

A chaque démission à la tête du FMI ou de la Banque mondiale (et elles ont tendance à se multiplier : Köhler en 2004, Wolfowitz en 2007, Rato en 2007), se pose la question de la fameuse règle tacite qui accorde aux Etats-Unis la présidence de la Banque mondiale et à l’Union européenne la direction du FMI.

Aucun texte écrit ne confirme cette règle intolérable qui s’applique pourtant dans les faits depuis la création de ces deux institutions jumelles en 1944. Lors des discussions ayant conduit à la nomination de Robert Zoellick à la tête de la Banque mondiale en mai dernier, il est de notoriété publique que le principe de cette scandaleuse répartition des postes a été reconduit.

C’est ainsi que la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI, présentée par l’Union européenne, a toutes les chances d’être acceptée, même si des noms issus d’autres continents peuvent être avancés pour faire diversion. L’Union européenne a d’ailleurs réagi avec une grande rapidité et proposé un nom à l’unanimité dans un délai record, afin de ne pas prêter le flanc aux critiques sur ce mode de désignation antidémocratique.

Le CADTM tient d’abord à rappeler que le FMI est une institution qui, depuis plus de 60 ans, exige avec la plus grande brutalité que les dirigeants des pays dits « en développement » appliquent des mesures économiques servant l’intérêt des riches créanciers et des très grandes entreprises. Dans ce but, durant les dernières décennies, le FMI a apporté un soutien essentiel à de nombreux régimes dictatoriaux et corrompus, de Pinochet au Chili à Suharto en Indonésie, de Mobutu au Zaïre à Videla en Argentine, et actuellement encore de Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville à Déby au Tchad, et tant d’autres. Depuis la crise de la dette au début des années 1980, le FMI impose aux forceps des programmes d’ajustement structurel aux conséquences dramatiques pour les peuples du Sud : réduction drastique des budgets sociaux et des subventions aux produits de première nécessité, ouverture des marchés et mise en concurrence déloyale des petits producteurs avec les multinationales, production tournée vers l’exportation et abandon du principe de souveraineté alimentaire, privatisations massives, fiscalité aggravant les inégalités...

Voilà pourquoi de nombreux pays refusent désormais la tutelle du FMI, ses remèdes frelatés ne trompant plus les peuples du tiers-monde qui connaissent trop bien les souffrances qu’ils impliquent et se sont saignés aux quatre veines pour rembourser une dette immorale et largement odieuse.

Dans ces conditions, le CADTM réclame avant tout un débat public sur l’architecture financière internationale nécessaire pour apporter des solutions justes et durables aux centaines de millions de personnes qui s’enfoncent dans la misère à cause des orientations économiques décidés par le FMI. Bien sûr, le fait de choisir un directeur du FMI issu d’un pays du Sud ne garantit rien. Mais pour le CADTM, le choix de Dominique Strauss-Kahn, ou de tout autre responsable qui dirigerait un FMI fonctionnant sur les mêmes bases ultralibérales, n’est en aucun cas admissible.

L’urgence pour le CADTM consiste donc en l’abolition de ce FMI qui a largement fait la preuve de son échec en termes de développement humain et en son remplacement par une institution transparente et démocratique, dont la mission serait centrée sur la garantie des droits fondamentaux. La nationalité de son directeur sera alors anecdotique.

https://www.alainet.org/es/node/122226
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