Haiti / MINUSTAH : Quel bilan aujourd'hui ?
03/03/2005
- Opinión
Plus de 8 mois après la mise en place de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) l'essentiel de son mandat reste à accomplir, au vu de la situation qui prévaut dans le pays.
Le désarmement et l'établissement d'un climat sécuritaire en vue de la réalisation de compétitions électorales pour sortir de la période transitoire, constituent deux points essentiels du mandat de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH).
Prenant toute la mesure de la tâche qui l'attendait, le chef de la composante militaire de la MINUSTAH, Augusto Heleno Ribeiro, reconnaissait le 25 juin 2004 que la mission la plus difficile de cette force serait de réussir le processus de désarmement.
Pour sa part, le Premier ministre Gérard Latortue déclarait à la même date que Haïti comptait grandement sur la MINUSTAH pour l'établissement d'un climat sûr et stable propice à la tenue d'élections démocratiques prévues en 2005. Le chef du gouvernement disait aussi espérer l'assistance de cette mission dans la formation continue des agents de la Police haïtienne et le désarmement.
Les deux hommes s'exprimaient à l'occasion d'une cérémonie de transfert d'autorité entre la Force multinationale intérimaire (MIF), sous commandement américain, et la MINUSTAH, sous commandement brésilien.
Huit mois après, le désarmement et la restauration d'un environnement sûr et stable favorables à la réalisation de compétions électorales crédibles demeurent les principaux défis que doivent relever la nouvelle force ONUsienne en Haïti et le gouvernement de transition.
L'intensité des actes de violence, surtout dans certains quartiers volatiles, a certes diminué. Mais les foyers demeurent et sporadiquement on assiste à des flambées.
Une étude réalisée récemment par le Groupe de crise international, une organisation faisant la promotion de la paix et des réservoirs de pensée, a estimé à trois cent mille le nombre d'armes illégales circulant à Haïti. « Elles sont pour la plupart en possession des anciens militaires et des gangs urbains ».
Pour sa part, la Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR) a, dans un rapport publié le 3 février dernier, imputé la violence sévissant à Port-au-Prince à divers groupes tels que : des partisans lavalas et policiers révoqués de l'institution policière, des anciens militaires et des partisans de l'ancienne opposition à Jean Bertrand Aristide, des membres du Front de résistance, une formation regroupant d'anciens insurgés à Aristide, des membres d'une ancienne organisation paramilitaire dénommée FRAPH et des gangs armés.
Le document fait état de la participation de policiers limogés à l'opération Bagdad lancée le 30 septembre 2004 par les partisans armés de l'ancien président en vue d'exiger son retour au pouvoir.
Le rapport relève par ailleurs le fait que les militaires démobilisés refusent de déposer les armes et alimente l'insécurité et la violence dans diverses localités du nord, de l'ouest et du centre du pays.
La population civile est comme prise en otage par ces différents groupes armés. Une situation qui risque de compromettre l'organisation des élections prévues à la fin de l'année.
La MINUSTAH est la sixième mission internationale à être déployée en Haïti en l'espace d'une décennie. Elle succède à la MINUHA, la MANUH, la MINUH, la MIPONUH et la MICA.
Presque toutes ces missions ont eu pour mandat de « sécuriser et stabiliser Haïti ». La MINUSTAH peut-elle réussir là où les précédentes missions avaient échoué ?
https://www.alainet.org/es/node/111755?language=es
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