Brève biographie de Lula
06/10/2002
- Opinión
Luis Inácio Lula da Silva est originaire de Garanhuns
(Pernanbouc) où il naquit le 27 octobre 1945 selon ce qui
est enregistré sur son certificat de baptême. Selon ses
frères aînés, cette date aurait été celle de son baptême
alors que celle de sa naissance serait le 6 octobre. De
fait, en ce mois d'octobre, il aura un double cadeau : on
votera pour qu'il devienne président du Brésil le 6, et le
27 pour qu'il assume la présidence. L'appellation " Lula "
fut ajoutée à son nom en 1982 pour des raisons électorales.
Avant-dernier de 8 enfants de Eurídice Ferreira de Melo,
doña Lindú, et d'Arístides Inácio da Silva, il a passé sa
petite enfance sur les 8 hectares de terre où sa famille
plantait des haricots, du maïs et du manioc pour sa propre
consommation.
Lorsque Lula eut 7 ans, en 1952, la mère et les enfants
partirent treize jours en camion depuis le Nordeste jusqu'à
São Paulo, se partageant une petite ration de farine, de
fromage et de cassonade. Ils allèrent à la rencontre du père
qui travaillait comme arrimeur dans le port de Santos. Élève
du groupe scolaire Marcílio Dias, où il fit ses études
primaires, Lula contribuait au maigre revenu familial en
cirant des chaussures et en vendant des oranges et du
tapioca dans le port de Santos. En 1956, la famille
déménagea pour la capitale São Paulo. Elle vivait dans Vila
Carioca, dans une pièce cuisine à l'arrière d'un bar. À
l'âge de 12 ans il prit son premier emploi, comme aide dans
une teinturerie. Deux années après, il rentra dans une
entreprise de métallurgie et obtint le diplôme de tourneur à
Senai. Lula alla pour la première fois au Syndicat des
ouvriers de la métallurgie de São Bernardo do Campo e
Diadema en 1967, lorsqu'il travaillait dans les industries
Villares. En 1969, il fut élu suppléant du directoire du
syndicat et, en 1972, membre du directoire exécutif. En
1975, il assumera pour la première fois la présidence du
syndicat, élu avec plus de 90 % des votes. Réélu en 1978, il
lança les campagnes sur les salaires, introduisant la lutte
pour un repositionnement des salaires et pour promouvoir de
grandes mobilisations de masse.
La grève de 1979
Février 1979. À Morumbi, Coríntians et Guarany [deux équipes
de football] jouèrent pour le chanpionnat de São Paulo.
Parmi les gens du peuple, Lula, Devanir Ribeiro, Janjão et
Alemão étaient suppoters. La campagne pour les salaires des
ouvriers de la métallurgie de São Bernardo do Campo e
Diadema commençait. Les revendications portaient sur une
augmentation de 34,1 % par rapport à l'indice officiel, pour
repositionner les salaires en fonction des pertes subies. En
voyant la foule dans le stade, Lula eut une idée : convoquer
une assemblée syndicale capable de remplir un stade de
football. Le 13 mars 1979 : 80 000 ouvriers de la
métallurgie en grève occupaient la pelouse et les gradins du
stade de Vila Euclides, à São Bernardo do Campo. Sans micro,
Lula prononça son discours, repris par ceux qui
l'entendaient, comme des ondes successives créées sur l'eau
par le jet d'une pierre. Deux jours après, alors que 170 000
travailleurs étaient déjà en grève dans tout l'ABC [grande
banlieue industrialisée de São Paulo], la grève fut
considérée illégale. Dans la nuit du 22 mars au 23, tandis
que les ouvriers de la métallurgie veillaient dans le
syndicat, à Brasilia le ministre du travail, Murilo Macedo,
discutait avec le gouverneur de São Paulo, Paulo Maluf. Peu
après, les troupes de la police militaire intervinrent
contre le syndicat.
La répression du mouvement fut implacable. Avec Vila
Euclides fermée, les travailleurs tinrent leurs assemblées
dans l'église Matriz de São Bernardo do Campo. Alors qu'il
discutait avec les patrons sur la trêve de quarante-cinq
jours dans le mouvement, Lula exigea et obtint la
réouverture du stade. Le 1er mai de cette année coïncida
avec la période de trêve. 150 000 travailleurs participèrent
à la manifestation dirigée par Lula dans Vila Euclides,
lorsque Vinicius de Moraes chanta « L'ouvrier en bâtiment »
et que se répandit la nouvelle que Sérgio Paranhos Fleury,
chef de l'Escadron de la mort, était mort de façon étrange,
noyé sur la côte de São Paulo. À la fin de la trêve, le 13
mai, un accord raisonnable entre les patrons et le syndicat
fut signé, l'intervention suspendue et la grève terminée.
Cependant, bien que les revendications salariales aient été
réduites, le résultat politique du mouvement conduit par
Lula fut significatif. En mobilisant tout son potentiel
répressif, le gouvernement révéla aux travailleurs son
caractère dictatorial ; la tendance du pouvoir public à se
soumettre aux multinationales devint visible, ainsi que
celle du ministère du travail par rapport à la FIESP
(Fédération et centre des industries de l'État de São Paulo)
; la loi sur la grève resta lettre morte ; le leadership de
Lula et de ses compagnons du directoire gagnait en
représentativité, car, même après l'intervention de l'État
dans le syndicat, ils furent reconnus par le gouvernement et
les patrons comme les seuls interlocuteurs légitimes.
La grève de 41 jours
En 1980, Lula conduisit la grève historique de 41 jours. La
campagne pour les salaires des ouvriers de la métallurgie de
São Bernardo do Campo e Diadema comportait avant tout des
revendications concernant des garanties en matière de droit
du travail, la réduction de la durée du travail à 40 heures
hebdomadaires, le contrôle des chefs par les travailleurs et
le droit pour les dirigeants syndicaux d'entrer dans les
entreprises à n'importe quel moment. Comme les patrons se
montraient intraitables dans les négociations, la grève
commença le 1er avril, quand 140 000 ouvriers de la
métallurgie se croisèrent les bras. La répression du
mouvement fut telle qu'on alla jusqu'à utiliser des
hélicoptères de l'armée qui, munis de mitrailleuses,
survolaient les assemblées de Vila Euclides. Lula persista
en disant que les travailleurs ne se laisseraient pas
intimider. Alors qu'ils chantaient l'hymne national, tous
brandissaient des drapeaux du Brésil distribués par le
syndicat. Le 17 avril, le ministre du travail, Murilo
Macedo, décida la seconde intervention dans le syndicat
présidé par Lula, interdisant les dirigeants, mais sans
obtenir qu'ils se séparent de la direction du mouvement. Le
19, à 6 heures du matin, Lula fut appréhendé dans sa maison
par le DOPS (Département d'ordre public et social), au cours
d'une opération coordonnée par le gouvernement de Paulo
Maluf, et qui impliquait de la prison pour de très nombreux
dirigeants syndicaux dans tout l'ABC, y compris des
syndicalistes et des juristes de São Paulo. Le 1er mai, Lula
eut la joie de savoir, en prison, que 120 000 personnes
s'étaient réunies dans une manifestation à São Bernardo do
Campo. Quelques jours après, grâce à une permission
spéciale, il eut la tristesse d'assister, escorté, à la
messe de funérailles de sa mère. Pour faire pression afin
que les patrons reprennent les négociations, Lula et ses
compagnons de prison firent une grève de la faim pendant 6
jours.
Le 20 mai 1980, Lula obtint sa révocation de la prison
préventive. Libéré, la première chose qu'il fit en arrivant
à la maison fut de faire sortir les oiseaux de la cage...
Jugé par la justice militaire en novembre 1981, il eut une
peine de six ans et six mois de prison. Ultérieurement, le
Tribunal supérieur militaire annula le procès. La grève se
terminal le 11 mai, et le résultat en fut un grand progrès
politique dans l'organisation et dans la conscience de
classe des ouvriers de la métallurgie de l'ABC.
Le Parti des travailleurs
La proposition de créer le Parti des travailleurs est
apparue le jour même de la naissance de Sandro, le fils de
Lula : le 15 juillet 1978. Dans l'hôtel Bahía, à Salvador,
où il participait à un congrès des ouvriers du pétrole, Lula
déclara à la presse que l'heure était venue pour la classe
ouvrière de créer son propre parti politique. Lula découvrit
que la question syndicale est aussi une question politique.
Sur la scène politique nationale, tous les partis
prétendaient être la voix du peuple, alors que le peuple
lui-même ne savait pas comment faire entendre sa voix. En
janvier 1980, plus de quatre-vingts députés se réunirent à
l'hôtel Pampas Palace, à São Bernardo do Campo pour débattre
du projet du PT. Ils n'ont pas voulu faire partie de façon
permanente d'un parti de classe, discipliné, pratiquant la
démocratie interne et doté d'un programme clairement
socialiste.
Lula parcourut le Brésil pour convaincre la classe ouvrière
qu'il était inutile d'attendre qu'un Congrès national,
rempli de patrons, fasse des lois favorables aux salariés.
La première réunion historique du Parti des travailleurs eut
lieu en janvier 1980, paradoxalement dans un ancien fief de
la bourgeoisie de São Paulo, le collège Sion. Des
intellectuels comme Antonio Candido, Mário Predosa et Sérgio
Buarque de Hollanda adhérèrent ultérieurement au projet du
nouveau parti. En 1982, le parti des travailleurs, qui
réunissait déjà 400 000 militants dans tout le Brésil,
promut Lula comme candidat pour le poste de gouverneur de
São Paulo. Malgré l'absence de ressources pour mener la
campagne et les préjugés de classe de l'électorat, Lula
obtint 1 200 000 voix. En 1986, il fut élu à l'Assemblée
nationale constituante avec 652 000 voix, le score le plus
élevé obtenu par un député fédéral dans cette élection. Sur
les 572 «municipe» de São Paulo, il eut des voix dans 568
d'entre eux, surtout dans les régions industrielles. Dans
l'Assemblée constituante, son action en faveur des intérêts
des travailleurs fut considérée comme exemplaire par la
presse spécialisée. Président du parti, réélu depuis sa
fondation en 1980, Lula abandonna ce poste en 1987,
renforçant ainsi le principe de rotation dans la direction
du parti. Depuis lors, il devint président honoraire du PT.
Et il aida à fonder la CUT (Centrale unique des
travailleurs), la CMP (Centrale des mouvements populaires)
et l'Institut de la citoyenneté, dont il est président.
Maintenant, il se prépare à être président du Brésil, et à
accéder au poste le 1er janvier 2003.
Traduction Dial.
https://www.alainet.org/es/node/109185?language=en
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