2010: les défis de la société civile suisse
La solidarite active, le meilleur antidote contre la crise
14/01/2010
- Opinión
Les conséquences du dernier sommet sur le changement climatique se font encore sentir. La frustration est toujours perceptible chez les acteurs sociaux qui pariaient sur des avancées réelles pour sauver la planète. Le manque de volonté politique des Etats – en particulier ceux du Nord – contraste avec l’ample prise de conscience citoyenne quant aux problématiques qui affectent la terre et l’humanité. L’année 2009 a constitué une année intense pour la société civile suisse en général, et pour les Organisation Non Gouvernementales (ONG) de coopération avec le sud en particulier. Des thèmes transcendants ont fait leur entrée dans le débat politique suisse et international. Parmi eux : le budget pour la coopération au développement ; la transparence fiscale ; le changement climatique ; l’eau comme bien publique ; la lutte contre la faim dans le monde ; le cycle de Doha de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ; les traités bilatéraux de libre-échange promut avec certains pays du sud.
Douze mois complexes durant lesquels “nous avons obtenus certaines avancées et avons vécus certains échecs”, évalue Pepo Hofstetter, responsable de la communication d’Alliance Sud, en entretient exclusif, anticipant une année 2010 « non moins intense, avec des sujets-clés qui devront être débattus au niveau national et international », selon le porte-parole de la plateforme qui réunit six des principales ONG helvétiques : Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain ; Helvetas, Caritas et l’EPER.
“Le 0.5% pour la coopération”
Le budget suisse pour le développement a à nouveau attiré l’attention principale des organisations non gouvernementales qui, une année auparavant, avaient récoltés plus de 200'000 milles signatures en faveur de destiner le 0,7% du Produit Intérieur Brut (PIB) pour ce domaine. Ce thème s’insère ainsi activement dans un débat au niveau continental, marqué par exemple par la campagne espagnol qui a revendiqué durant la décennie passée cette même demande.
Comme résultat de cette pétition, le parlement suisse a décidé à la fin de l’année 2008 une augmentation progressive du budget de la coopération, afin d’atteindre le 0,5% du PIB en 2015. Ce qui, en termes réels, devrait impliquer un montant additionnel d’un milliard 700 millions de francs annuel durant les cinq prochaines années.
« L’année 2009 se conclut, et nous constatons que les tractationscontinuent entre le parlement et le Conseil Fédéral au sujet de cette augmentation », relève M. Hofstetter. Le Conseil Fédéral, explique le porte-parole d’Alliance Sud, propose de repousser l’augmentation à 0,5%, en argumentant que l’impact de la crise financière actuelle rend nécessaire pour l’Etat de réduire ses dépenses. Cependant, la Commission de Politique Extérieure du parlement, en novembre 2009, s’est prononcée à nouveau en faveur de cette augmentation.
“Cette position constitue un signal très fort et positif en faveur du 0,5%. Et après l’analyse qui se réalisera prochainement dans la commission correspondante du Sénat, ce thème devrait à nouveau être débattu en assemblée plénière du législatif, peut-être durant la première session de l’année », explique M. Hofstetter.
“Cohérence malgré l’échec de Copenhague”
Un autre défi pour nos ONG durant cette année sera « la continuité de la réflexion sur le changement climatique et les moyens pour réduire le réchauffement », anticipe le porte-parole d’Alliance Sud.
Puisque « va débuter en Suisse le débat au sujet d’une loi du CO2 … et qu’il est important que notre pays stimule dès maintenant une politique cohérente qui contribue réellement à la protection globale du climat. »
« Nous devons avancer avec créativité, malgré l’échec total du récent sommet de Copenhague », soutient M. Hofstetter.
Ce dernier rappelle, au nom des 52 organisations helvétiques qui intègrent l’ « Alliance pour une politique climatique responsable » - et dont Alliance Sud est l’un des moteurs – les exigences qui sont faites aux autorités fédérales : une réduction des gaz à effet de serre de 40% par rapport à l’année 1990 d’ici 2020, et de 80% d’ici à 2050, ainsi qu’un montant d’un milliard 700 millions de francs par année pour la période 2013-2017, destinés à favoriser la lutte contre le réchauffement climatique.
Agenda thématique des ONG
Les organisations non gouvernementales helvétiques ont promu durant l’année 2009 « tout un agenda de thèmes sensibles, dont beaucoup desquels resteront présents dans le débat politique national et international en 2010 », explique Pepo Hofstetter.
Parmi eux, « la lutte pour que l’eau soit considérée comme un bien publique de l’humanité », ou une plus grande cohérence dans « la lutte contre la faim dans le monde », en tenant en compte que le récent « Sommet sur la Sécurité Alimentaire » réalisée à Rome en Novembre passé n’a pas apporté de résultats effectifs.
« Malgré que plus de 700 représentants d’organisations de paysans, de peuples autochtones, d’organisations féminines et d’ONG du monde entier ont présenté des revendications et des propositions très concrètes lors d’un événement parallèle dans la même capitale italienne », a-t-il expliqué.
Selon le porte-parole d’Alliance Sud, ces deux thèmes – l’eau et la faim – constituent des axes permanents du Forum Social mondial (FSM), cet espace de réflexion altermondialiste dans lequel d’importants acteurs sociaux et politiques suisses sont présents depuis ses origines.
L’Alliance Sud – depuis 2004 – ensemble avec l’ONG de coopération solidaire
E-CHANGER – depuis le tout premier forum en 2001 – organise des délégations à ces événements internationaux. « Le dernier, à Belém de Para en Amazonie brésilienne, en janvier 2009, a été très positif…. Et pour cette année qui commence, nous préparons la prochaine délégation pour l’édition de Dakar (Sénégal), convoquée pour janvier 2011, précise M. Hofstetter.
En ce qui concerne les actuelles négociations à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), « l’Alliance Sud, avec de nombreuses organisations du monde entier, se prononce en faveur de l’arrêt du cycle de Doha, parce qu’un grand nombre des propositions actuellement sur la table ne sont pas favorables aux pays en développement ».
En 2010, le débat sur les traités de libre-échange que la Suisse signe avec certaines nations du Sud restera ouvert. « Bien que cette année n’a pas pu être évité la signature d’un de ces traités avec la Colombie, malgré nos objections au niveau des droits humains, il est positif que le parlement en ait débattu sur le fond et que de nombreux parlementaires aient élevé leur voix en opposition », analyse le porte-parole d’Alliance Sud.
Un autre défi pour les organisations de la société civile en 2010 sera le bilan du respect des Objectifs du Millénaire – visant à réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015 – explique M. Hofstetter. « En septembre 2010 se réalisera un Sommet Mondial et il est important d’évaluer ce que nous avons fait en Suisse et dans chaque pays pour avancer dans l’accomplissement de ces buts », conclut-il.
-Sergio Ferrari
Traduction: Mathieu Glayre
Service de presse E-CHANGER
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L'évasion fiscale, obstacle au développement
Pour de nombreuses organisations et mouvements sociaux helvétiques, un thème constant de préoccupation en 2009 fut celui de "l'évasion fiscale internationale, qui affecte directement les pays pauvres", relève Pepo Hofstetter, responsable de la plateforme "Alliance Sud" (membre du "Réseau international pour la justice fiscale", créé lors des dernières sessions du Forum social mondial, FSM).
Environ 1/3 de la fortune non-déclarée, gérée par la place financière suisse, provient de pays en développement, affirme Hofstetter. Un montant de
Pour de nombreuses organisations et mouvements sociaux helvétiques, un thème constant de préoccupation en 2009 fut celui de "l'évasion fiscale internationale, qui affecte directement les pays pauvres", relève Pepo Hofstetter, responsable de la plateforme "Alliance Sud" (membre du "Réseau international pour la justice fiscale", créé lors des dernières sessions du Forum social mondial, FSM).
Environ 1/3 de la fortune non-déclarée, gérée par la place financière suisse, provient de pays en développement, affirme Hofstetter. Un montant de
360.000 millons de francs qui, s'ils étaient imposés correctement dans leurs pays d'origine, rapporteraient au moins 5.000 millons de francs en ressources fiscales supplémentaires pour le Sud. Soit, plus du double du montant annuel de l'aide suisse au développement".
Pour Alliance Sud et d'autres mouvements oeuvrant en faveur d'une transparence fiscale internationale - comme la Déclaration de Berne ou ATTAC (qui prône l'application de la taxe Tobin aux capitaux financiers internationaux), le rôle joué par la Suisse officielle est contradictoire.
Selon ces mouvements, l'attitude très restrictive de la Suisse par rapport à la fiscalité internationale contredit les engagements pris par ce pays en faveur des "objectifs du millénaire pour le développement". Car, relève l'Organisation des Nations Unies (ONU), ces objectifs ne pourront pas être atteints sans augmentation des rentrées fiscales dans les pays du Sud.
Pour les ONG helvétiques, il faudrait d'avantage de transparence et de coopération internationale sur ce thème: en clair, un échange systématique d'information avec les autorités fiscales étrangères - y compris celles des pays du Sud -; le renforcement de l'organe compétent des Nations Unies et l'élaboration d'un code de bonne conduite internationale, à caractère obligatoire. (Sergio Ferrari / E-CHANGER)
Pour Alliance Sud et d'autres mouvements oeuvrant en faveur d'une transparence fiscale internationale - comme la Déclaration de Berne ou ATTAC (qui prône l'application de la taxe Tobin aux capitaux financiers internationaux), le rôle joué par la Suisse officielle est contradictoire.
Selon ces mouvements, l'attitude très restrictive de la Suisse par rapport à la fiscalité internationale contredit les engagements pris par ce pays en faveur des "objectifs du millénaire pour le développement". Car, relève l'Organisation des Nations Unies (ONU), ces objectifs ne pourront pas être atteints sans augmentation des rentrées fiscales dans les pays du Sud.
Pour les ONG helvétiques, il faudrait d'avantage de transparence et de coopération internationale sur ce thème: en clair, un échange systématique d'information avec les autorités fiscales étrangères - y compris celles des pays du Sud -; le renforcement de l'organe compétent des Nations Unies et l'élaboration d'un code de bonne conduite internationale, à caractère obligatoire. (Sergio Ferrari / E-CHANGER)
https://www.alainet.org/en/node/138817
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