Résistance des peuples originaires face au saccage et à la répression

07/11/2005
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« Le monde est immense et nous est étranger ». (Ciro Alegria) - (poète péruvien du XXième siècle). Buenos Aires, septembre 2005 Atahualpa Yupanqui, ce chanteur des choses de chez nous, dans une de ses chansons les plus connues, dit avec sa guitare : « Les peines sont pour nous, les petites vaches appartiennent à d'autres ». Il indique ainsi clairement qu'elle est la réalité que vivent les Peuples Originaires, victimes de gouvernants sans scrupules et d'entreprises seulement guidées par leurs intérêts économiques. Ces entreprises détruisent le milieu ambiant et blessent ainsi la Terre Mère, tout en s'appropriant les richesses dont les peuples indigènes auraient tant besoin pour vivre et se développer. Dans tout le continent latino-américain, c'est avec la complicité des gouvernements que les entreprises transnationales continuent à saccager les terres des peuples originaires tout en expulsant les communautés avec l'aide de la répression policière et de l'armée. C'est le drame que vivent ces peuples depuis quelques centaines d'années et non pas seulement durant la période des conquistadors. Les gouvernants, les grands propriétaires et leurs complices actuels, sous le prétexte qu'ils ne possèdent pas les titres de propriété qui pourraient justifier leur présence sur ces terres qu'ils occupent depuis des générations, les expulsent et les condamnent à l'indigence, sans manifester aucun respect pour les terres sacrées des communautés où reposent tous leurs ancêtres. Cette Terre pourtant les voit naître et les voit mourir, les enlace avec tendresse dans ses entrailles et les protège comme des semences pour les voir renaître dans les nouvelles générations. En Argentine, les Peuples Originaires commencent à prendre conscience de leur situation et ils sont en train de s'organiser dans la résistance sociale, culturelle et juridique. Ils demandent aux autorités de respecter la Constitution Nationale et son article 75, mais aussi la Convention 169 de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) dont les textes concernent les Droits des Peuple Indigènes et Tribaux. Malheureusement, en Argentine, il n'existe pas de politique claire pour défendre l'habitat et les droits des Peuples Originaires, pour protéger le milieu ambiant et pour éviter la destruction des écosystèmes. On crée ainsi des dommages irréparables en provoquant des inondations à cause des monocultures, comme par exemple celle du soja transgénique pour laquelle on utiise des produits agro-chimiques qui détruisent le cycle biologique. A ces méfaits, il faut ajouter ceux des entreprises minières pour l'exploitation de l'or dans des mines à ciel ouvert avec des terrassements qui déplacent des millions de tonnes de terre et l'usage du mercure et du cyanure qui provoque la contamination des nappes d'eau phréatiques et du milieu ambiant, transformant ainsi en désert de grandes extensions de terre.. De même, les entreprises pétrolières, avec leur politique d'exploitation sans contrôle, extraient le pétrole en provoquant de nombreus dommages à la terre et en expulsant les communautés indigènes. Les gouvernements provinciaux, comme ceux de Salta, de Formosa, de Jujuy, de Misiones et des provinces de Patagonie, on pourrait presque dire de tout le pays, continuent de violer les droits des peuples originaires, droits à leur identité, à leur cultures et à leurs valeurs. Sans pitié, ils les soumettent au saccage de leurs terres. Dans ce pays, il y a des citoyens de première classe et d'autres de deuxième classe, mais on ne veut pas considérer les indigènes comme citoyens et sujets de droit. Dans la province de Misiones, le gouvernement a pris leurs terres pour les offrir à la chaîne d'hotels Hilton, en violant ainsi les normes légales avec la plus totale et absolue impunité. De la même manière, le gouverneur de Salta a expulsé des indigènes pour donner leurs terres aux entreprises étrangères nord-américaines qui plantent du soja transgénique. En Patagonie, les grands propriétaires terriens se sont emparés, grâce à la complicité des gouvernements locaux, des terres qui appartenaient aux communautés du Peuple Mapuche. Les Mapuches ont été expulsés et n'ont aucun recours devant la justice toujours très complaisante qui dépend toujours du pouvoir politique. A la récente rencontre des Peuples Originaires qui a eu lieu au Centre des Conventions de Posadas , dans la province de Misiones, les frères et les sours des différents peuples indigènes ont indiqué avec force et précision quels étaient leurs droits. Ils ont réclamé au gouvernement de remplir ses obligations envers leurs peuples. Les fonctionnaires du gouvernement fédéral, le Vice-Ministre du Développement Social ainsi que le président de l'INAÏ (Institut National des Affaires Indigènes) se sont retirés de cette rencontre, au lieu de rester pour débattre des idées et des propositions. Ceci a bien mis en évidence le manque de respect et de responsabilité vis-à-vis des peuples originaires et a logiquement provoqué leurs protestations . La situation actuelle a tendance à empirer. La faim, la dénutrition et l'augmentation de la mortalité infantile dans les communautés rendent insoutenable la situation qu'ils vivent actuellement. Les fonctionnaires et les politiques en place extorquent leurs votes avec quelques paquets de nourriture qui sont des aumônes utilisées pour les diviser et les faire s'affronter entre communautés. Les indigènes sont bannis de leurs propres terres. Le Parlement, jusqu'à présent tarde à appliquer les sanctions prévues par la loi pour empêcher la vente des terres des communautés. Pourtant, il s'agit là d'un devoir du gouvernement national. De même, les gouvernements provinciaux devraient veiller à faire respecter les droits des Peuples Originaires. Les frères et les sours indigènes ne veulent pas d'aumônes. Ils réclament seulement le respect de leurs droits violés par l'Etat et les grands propriétaires. Cela devient nécessaire de dénoncer, tant au niveau national qu'au niveau international, tous ceux qui sont responsables du dépouillement auquel ils se trouvent soumis. Il existe pourtant des lueurs d'espérance et de résistance, car les divers peuples indigènes sont en train de s'unir et de mettre leurs besoins en commun pour que « le monde ne soit plus pour eux immense et étranger ». Ils luttent pour récupérer leurs droits, leurs valeurs et leur identité. Pour rendre réalisable ce que proposent les « Conseils des Anciens », ils veulent transmettre aux nouvelles générations la mémoire de leur peuple et le besoin de savoir mettre en pratique ce proverbe : « Si tu ne sais pas où tu vas, retourne en arrière pour savoir d'où tu viens ». Résister, c'est vivre comme des hommes et des femmes libres. Traduction Gély Francis
https://www.alainet.org/en/node/113433
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